INTERNATIONAL - Quitter le Nord pour le voisin du Sud, c'est le choix qu'ont fait des dizaines de milliers de Coréens depuis la séparation des deux sœurs, il y a plus de 60 ans. Mais aujourd'hui, un phénomène voit le jour: l'envie du retour. Nouvelle propagande nord-coréenne? Pas du tout, l'enquête provient du très sérieux quotidien britannique
The Guardian, sur
son site internet. Marginal, certes, le besoin de franchir à nouveau la frontière fait son chemin chez les transfuges nord-coréens, parfois installés en Corée du Sud depuis plus d'une décennie.
Et pourtant, fuir le Nord avait déjà été un calvaire rendu nécessaire. Oppressés, menacés ou dans le dénuement le plus total, de nombreux Nord-Coréens ont préféré s'engager dans un long exil via le fleuve Anmok, qui sert de frontière entre la Corée du Nord et le géant chinois, puis l'Asie du Sud-Est pour enfin arriver, plusieurs mois plus tard, dans les bas fonds de Séoul (Sud). Là, le chemin est loin d'être terminé: il faut convaincre les autorités que l'on n'est pas un espion, passer trois mois à l'institut Hanawon pour s'habituer à la vie dans un pays libéral.
Une fois au sud, le calvaire continue
Et ensuite, trouver un emploi, un logement, seul et bien souvent méprisé. C'est ce que raconte Son Jung-Hun au
Guardian : après avoir vécu de petits boulots, il s'est senti délaissé par Séoul. "On ne vous a pas demandé de venir, à quoi est-ce que vous vous attendiez ?" Car pour fragiliser leur voisin communiste, les autorités du Sud accueillent à bras ouverts les transfuges: des papiers, une identité, des aides financières, les premières heures dans le monde libéral sont un cadeau. Qui ne dure pas toujours.
Un gouvernement qui n'accepte pas "les difficultés d'adaptation à l'économie de marché", des médias qui veulent faire passer les Nord-coréens pour "des victimes" au lieu de les aider, la découverte du Sud est rude. Après avoir quitté un Nord qui s'apprêtait à le coller dans une geôle pour un forfait dont il se dit innocent -un détournement d'argent lié à une vente d'armes entre Pyongyang et Taiwan-, Son Jung-Hun cherche depuis presque 10 ans à y retourner. Même s'il "déteste toujours ce pays." Ses motivations ? Alerter ses compatriotes sur l'accueil qui leur sera fait et revoir sa mère, une femme âgée.
L'heure de gloire, avant la prison ?
C'est la
préoccupation de nombreux dissidents aux espoirs déçus, qui veulent maintenant retourner en Corée du Nord. Au Sud, il leur est interdit de communiquer avec leur famille: pas de mail, de téléphone, ni même de courrier. Quand en plus Kim Jong-Un
promet un accueil triomphal à ceux qui rentreront... Son Jung-Hun reste lucide: il aura peut-être son heure de gloire, mais risque ensuite la prison. Voire pire. Pour punir sa fuite, son frère a été exécuté et deux de ses proches déchus de leurs honneurs militaires.
Depuis les années 1950, plus de 25.000 Nord-coréens ont franchi illégalement la frontière entre les deux pays. Officiellement, d'après le Sud, seul 13 d'entre eux ont refait le chemin dans l'autre sens. D'après certains observateurs, ils seraient en réalité plusieurs centaines. Son Jung-Hun, lui, dit en connaître actuellement plus d'une soixantaine, prêts à le suivre. Mais cela fait plus de dix ans qu'il se bat pour pouvoir rentrer légalement au Nord. "Je veux créer un précédent, pour tous les autres dans mon cas."
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