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Face au risque de déclassement, il est impératif de repenser l'action publique

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Au pied du mur après la défaite cinglante infligée à la gauche aux municipales, François Hollande a décidé de remanier. Cette réponse sans doute nécessaire sera en tout état de cause purement cosmétique, puisque le président de la République et sa majorité restent quant à eux en place. La France a besoin d'un changement plus profond, en adéquation avec la crise grave que nous traversons collectivement, adapté aux attentes de la société française et aux bouleversements du monde contemporain.

Quiconque a fait campagne a pu mesurer la défiance de l'électorat à l'égard des élus et des institutions. Dans une France en proie au doute, les résultats de ce scrutin pas comme les autres doivent donc être analysés pour ce qu'ils signifient vraiment. Nous ne sommes pas dans une situation classique d'alternance ou de « vague » où le camp vainqueur pourrait se réjouir sans se remettre lui-même en question ; en réalité, le mauvais score de la gauche et la montée en puissance du vote extrême sont deux marqueurs d'une même réalité: le déclassement progressif et semble-t-il inéluctable de notre pays, qui s'apparente depuis 2012 à une véritable dégringolade.

Déclassement politique, d'abord. Par son incapacité chronique à décider et à prévoir, François Hollande renoue avec une tradition qui a vu le politique perdre face à l'opinion et la technostructure, pour être cantonné à la fonction de simple communicant, voire d'assistant social dont le rôle consiste à réparer les dégâts qu'il n'a pas été capable de prévenir. Les premiers budgets du quinquennat confirment en outre une tendance lourde, très préoccupante, de la priorité à l'État-providence sur l'État régalien, en particulier au détriment de notre défense, pourtant garante ultime de nos libertés et de nos droits.

Déclassement économique, ensuite. La crise et les options désastreuses du gouvernement socialiste n'ont pas permis d'améliorer une situation fortement obérée par des décennies d'économie administrée et de laxisme budgétaire, malgré les réels efforts engagés sous le précédent quinquennat. À mesure que filent les déficits, nos marges de manœuvre se réduisent comme peau de chagrin, et nos impôts servent à rembourser les intérêts de la dette plutôt qu'à préparer un avenir pourtant dangereusement incertain.

Déclassement sociétal, enfin. L'incertitude volontairement instillée par la gauche dans le corpus de nos valeurs fondamentales, qu'elles aient trait à la famille, à l'éducation, à la réponse pénale ou encore à la politique migratoire, tend à faire perdre de vue cette vérité élémentaire qu'une société se définit par des normes. Si la liberté individuelle est notre bien essentiel, une société où tout est permis et où tout se vaut ne fait plus corps, et est fragilisée car ébranlée jusque dans ses bases.

Au constat très largement partagé du déclassement collectif s'ajoute, pour un nombre croissant de Français et quelle que soit leur situation, la peur viscérale du déclassement personnel, de la baisse du niveau de vie, voire de la marginalisation.

Ma conviction est que nous ne pourrons pas répondre à ce sentiment irrécusable en utilisant les recettes éculées des temps où la stabilité de la société n'était pas en jeu. Pour trouver en nous-mêmes le ressort du sursaut, il nous faut repenser en profondeur l'action publique, ses fins et surtout ses moyens.

Toutes les questions doivent être posées - y compris celle de l'architecture et du fonctionnement de nos institutions, particulièrement sensible dans un pays encore dominé par l'ombre tutélaire mais irremplaçable du Général de Gaulle. Au-delà de l'impéritie de l'actuelle majorité, le processus d'élaboration des décisions politiques dans notre pays doit être interrogé.

D'autres États, de grandes démocraties ont été capables mieux que nous de prévenir certaines des conséquences d'une crise systémique ou de se relever plus rapidement après le choc de 2008. L'économie y est aujourd'hui plus dynamique, la société plus apaisée, et leur rang parmi les nations semble plus solide, plus assuré.

Nous devons être assez humbles et ouverts pour regarder ces modèles sans a priori, et nous inspirer de ce qui marche dans ces pays qui ont manifestement une longueur d'avance sur la France, sans bien-sûr rien renier d'un patrimoine qui est celui de la plus ancienne nation d'Europe.

La notion de responsabilité de l'exécutif face au Parlement, le rôle des partis, la possibilité de former une coalition ou de trouver un accord sur un point précis entre formations politiques, la clarification et le renforcement des compétences des territoires sont autant de pistes qui méritent d'être examinées. Car si les Français aiment le débat, ils sont nombreux à considérer que les paroles ont assez duré, et se sont depuis longtemps lassés d'assister à l'éternelle et improductive partie de ping-pong entre les partis politiques.

En 2008, la droite a porté une réforme constitutionnelle qui a redonné plus de pouvoir au Parlement et augmenté les droits de l'opposition. Son projet pour 2017 devra aller plus loin, pour restaurer de l'efficacité dans l'action publique, mais également pour lui redonner le sens qu'elle a perdu pour beaucoup de nos concitoyens.

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