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Un petit cours de dessein

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Il n'y a rien de choquant à ce l'on puisse penser que l'univers étant une création, il existe quelque part un créateur. Cela est du domaine de la conviction de chacun, conviction qui, dès lors qu'elle ne repose en rien sur une preuve, ou même sur une présomption, exclue toute forme de rationalité. Ce qui est plus embarrassant, c'est quand l'expression de cette conviction, une fois formalisée et théorisée par les religions, entend faire passer la science par les fourches caudines du dogme. Si les scientifiques ne contestent pas que l'évolution des espèces ait été le fruit de règles précises, ils considèrent également que le hasard a joué un rôle déterminant dans un parcours très éloigné d'un chemin qui aurait été tracé à l'avance. Le hasard n'a cessé d'être présent au cours de ce long chemin chaotique qui a abouti à notre existence.

Même si une collision frôlant la destruction totale de notre planète bien avant l'apparition de la vie avec une planète de la taille de Mars il y a 4,4 milliards d'années reste une hypothèse, les cinq épisodes de destruction massive qui auraient pu mettre fin à toute vie sur notre planète sont eux une réalité.
Par exemple, il y a 252 millions d'années la terre a connu l'extinction massive du Permien qui a éradiqué 95% des espèces vivantes.

Aurais-je écris cet article et le liriez-vous si, il y a 65 millions d'années, une météorite, n'avait, par le plus grand des hasard, anéantie les dinosaures laissant enfin le champ libre aux mammifères que nous sommes ?
Nous sommes là bien loin de l'évolution linéaire allant de la bactérie à l'homme qui aurait du se produire si elle avait été le fruit d'un dessein divin.

A l'occasion de récents débats sociétaux, on a vu réapparaître l'hypothèse créationniste affirmant l'existence de lois naturelles ne pouvant souffrir la moindre transgression. C'est oublier un peu vite que l'évolution de la vie a essentiellement répondu aux deux règles que sont le hasard et la nécessité. Si la division cellulaire a permis à des formes de vie simples une reproduction rapide, elle comporte deux inconvénients majeurs: une altération génétique se répercutera sur l'ensemble des descendants, et, les mutations qu'elle autorise sont limitées.

La reproduction sexuée, bien que moins efficace puisque nécessitant la présence d'un partenaire, a permis de pallier aux déficiences génétiques par le mélange des chromosomes tout en donnant une possibilité d'adaptation sans précédent des différentes formes de vie à leur environnement.
On pourrait comparer la reproduction sexuée au billard. Plus le nombre de gènes augmente, plus il y a de boules sur la table. Au-delà d'un certain seuil, le joueur ne sera plus en mesure de calculer les conséquences de son coup tant les possibilités seront multiples. Mais, plus le nombre de boules augmente, plus le nombre de "poches" sur les bords de la table s'accroît également, tout comme la chance qu'auront les boules de tomber dans ces trous. De la même façon, cette augmentation des combinaisons possibles produira une grande variété d'individus, certaines mutations aboutiront à une évolution alors qu'un grand nombre d'autres, parce qu'inadaptées à leur milieu, s'avéreront sans issue tout comme les boules de billard tombant dans les trous de la table.

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Les mutations sont donc le fait d'un hasard pondéré par un tri, conséquence d'une sélection naturelle. Les individus les mieux adaptés à leur environnement auront les plus grandes chances de survie et seront à l'origine d'une descendance qui héritera de leurs gènes.
Comme on peut le constater, il n'y a là nul dessein fut-il intelligent dans l'évolution des espèces, mais, un hasard génétique auquel nous devons les 64 000 milliards de combinaisons génétiques possibles chez l'être humain ainsi que la nécessité impérative pour la survie de l'espèce de s'adapter à son environnement. L'idée qu'il existerait une "loi naturelle" de droit divin supérieure à toute autre et ne souffrant aucune transgression s'oppose de fait à la théorie synthétique de l'évolution en niant une réalité scientifique pourtant évidente.

Cette idée d'une loi naturelle supposerait une uniformisation des règles. Ainsi, la reproduction sexuée a entraîné une différenciation des caractères sexuels des individus selon qu'ils soient mâle ou femelle. De nombreux exemples démontrent que ce dimorphisme ne constitue en rien une barrière infranchissable entre les sexes.
Certaines espèces de poissons changent de sexe afin de maintenir un équilibre au sein de leur population. Nécessité faisant loi, il existe un saurien, le Cnemidophorus, qui a appris à se passer de mâles et se reproduit par parthénogenèse, comme quoi, même dans la nature, les enfants ne naissent pas nécessairement d'un père et d'une mère. Pour d'autres espèces tel l'hippocampe, c'est le mâle qui prend la place de la femelle en portant les œufs.

Peut-on raisonnablement qualifier de "contre-nature" les comportements homosexuels recensés chez plus de 450 espèces d'animaux, y compris chez les plus évolués d'entre eux tels les primates ou les dauphins? Un comportement qui peut concerner une partie importante de l'espèce puisque 20% des oies cendrées vivant en couple sont de même sexe.

Le règne animal n'hésite pas également à remettre les règles de la parentalité en question puisque des couples de femelles de cette variété d'oies font appel à un mâle de passage pour procréer. Chez les manchots, se sont des couples de males qui adoptent les oeufs des autres.

Les recherches dans ce domaine n'en étant qu'aux prémices, il n'est pas possible de savoir si ces comportements sont dictés par un environnement social ou si il sont le fait de la biologie, mais, leur diversité, ainsi que le caractère chaotique de l'évolution, devrait nous amener à nous interroger sur notre capacité à accepter la différence et à réaliser que nous ne sommes que la conséquence infime et accidentelle d'un immense jeu cosmique.

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