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Affaire Taubira: comprendre les neuf mois de prison ferme d' Anne-Sophie Leclère

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Contrairement à ce que disait Philippe Bilger à l'antenne d'Europe 1 ce jeudi 17 juillet, les mots peuvent être aussi graves que les actes.

Faire un montage d'images légendées pour traiter Christiane Taubira de guenon qui ferait mieux de rester dans son arbre rappelle de très mauvais souvenirs. Notamment ceux de l'Occupation, où on a vu Je suis partout remplacer le mot "juif" par le mot "singe", provoquant l'hilarité générale de ses lecteurs. Les mots peuvent être aussi coupables que les actes. Le lien de ceux de la Radio des mille collines avec le génocide du Rwanda en est un bon exemple.

Dans l'affaire présente, nous ne sommes pas dans le domaine de la liberté d'expression où injures et diffamations sont de moins en moins sévérement punies grâce à l'application de la jurisprudence libérale de la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Nous sommes dans la parole imbécile et raciste dont on ne dira jamais assez les graves dangers qu'elle fait courir à la société, et la nécessité de sa répression.

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Encore faut-il, pour s'étonner de la sévérité de la sanction, comprendre dans quelles conditions elle a été rendue. Il s'agit d'une condamnation, semble-t-il, "par défaut". Avec la circonstance aggravante que la prévenue qui a bien reçu la citation à comparaître a délibérément refusé de se rendre devant le tribunal. Ou même de se faire représenter par un avocat. Pour être pénaliste et avoir dans mon activité professionnelle plaidé une centaine de fois, commis d'office pour des petits voleurs, escrocs, dealers, proxénètes, j'ai toujours constaté que lorsque le prévenu ne se présentait pas, il écopait généralement d'une peine de prison ferme alors qu'il eût pu, s'il avait été présent, avoir du sursis. Cette pratique des tribunaux peut être discutée, mais c'est la nôtre et quitte à faire des comparaisons, encore faut-il prendre des repères nationaux.

Que cette personne qui n'a pas voulu se présenter ni se faire représenter devant le Tribunal et qui de plus prétendait solliciter le suffrage des citoyens français, soit condamnée à neuf mois de prison ferme par un jugement réputé contradictoire, paraît tout à fait raisonnable et mesuré si l'on se réfère à la jurisprudence. Il faut beaucoup d'aveuglement pour penser le contraire.

Mais lorsqu'on entend en filigrane que, compte tenu de sa politique, la Garde des Sceaux méritait d'être ainsi traitée, c'est la nausée qui vous envahit. Quel que soit le désaccord qu'on peut ressentir avec tout ou partie de sa politique dont les deux axes ont été le mariage pour tous et la politique pénale, cela n'autorise en en aucun cas à proférer des grossièretés racistes majeures. Ecrivain d'avant-guerre, auteur de livres remarquables mais d'articles ignominieux, Robert Brasillach a été fusillé à la Libération pour avoir seriné des propos de ce genre. Là, on peut parler d'exagération.

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