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Films d'hier et d'aujourd'hui

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L'Image manquante est un choc. Me frappe une fois encore la dignité, la retenue du regard de Rithy Panh. Et cette idée miraculeuse d'évoquer par des figurines ces images qui manquent, cette mémoire qu'on a voulu occulter, bafouer avec la complicité de quelques beaux esprits et journalistes européens. A voir absolument. Complément indispensable à S21.

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Je profite de la sortie du dernier film d'Hiner Saleem, My Sweet pepper land, qui m'a un peu déçu, avec quelques passages réjouissants, malgré (ou à cause) de ses références westerniennes qui m'ont semblé scolaires, pour rappeler ses précédentes œuvres dont le ton est assez unique, Vodka Lemon et Si tu meurs, je te tue.

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De même, la sortie des Trois soeurs du Yunnan de Wang Bing m'a fait réaliser que je n'avais jamais mentionné À l'Ouest des rails, un des films les plus étonnants, les plus passionnants de ces dernières années.

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On a beaucoup dit qu'Épouses et concubines (très beau Blu-ray) de Zhang Yimou était un film académique. Il est vrai que tous les plans sont tirés au cordeau, centrés, composés avec un soin infini, parfois pesant. Mais la réalité est plus complexe. On peut aussi y voir le désir du metteur en scène de restituer visuellement un ordre hyper ritualisé, où tout semble prévu, ordonné, dirigé d'une main de fer. Le tout dans un décor épuré, géométrique, qui ne laisse aucune place à l'improvisation et au désordre. Les personnages doivent s'asseoir là ou c'est prévu et les cadrages entendent capter le poids de tout ce système. Et à l'intérieur de cet ordre, Zhang Yimou se permet des audaces qui le perturbent: des personnages sont exclus du cadre (la belle mère qui scelle le sort de l'héroïne), le maitre des lieux est le plus souvent filmé de loin ou de dos. On ne nous montre pas vraiment son visage, audace discrète et payante. Ce sont les victimes qui ont droit au gros plan. La mise en scène se contente de l'intégrer au décor sans lui donner de substance charnelle. Il n'est en fait que l'exécutant quasiment anonyme d'un système oppressif. Et je suis toujours touché par la découverte progressive des différentes maisons, des terrasses. Il y a là quelques plans larges de toute beauté, quand la troisième épouse chante sur les toits.

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J'ai été plutôt déçu par The murderer de Hong-jin Na qui m'a paru en retrait sur The Chaser, après un bon début. L'action s'embourbe dans des poursuites interminables où l'on brise des centaines de vitres, qui deviennent de plus en plus invraisemblables. L'accumulation des morceaux de bravoure étouffe la tension.

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Et comme le rappelait Ballantrae, on peut trouver chez Bach films en complément de Hamlet de Kozintsev (l'une des plus belles adaptations de la pièce avec celle de Laurence Olivier), La chute de Saint Petersbourg (sans la partition d'origine de Chostakovitch je crois) co-dirigé comme Le train mongol avec Trauberg, Don Quichotte qu'il réalise seul comme Le Roi Lear.

Films français

J'ai revu avec un réal plaisir le Poil de Carotte, version parlante de Julien Duvivier. On est saisi par la beauté de certaines idées de mise en scène, certains raccourcis fulgurants. Une manière aussi d'intégrer la nature au propos, dans les quelques rares moments de paix (il y a de fulgurants travellings précédants ou suivants la carriole).

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Duvivier va souvent droit à l'essentiel, supprime les plans d'introduction, de description (l'ouverture est très forte) qu'affectionnent 90% des réalisateurs de l'époque. L'interprétation tenue, mesurée de Harry Baur, sa manière de parler bas, sans détacher les phrases, sans les projeter, de ne pas paraître écouter est d'une modernité absolue. En revanche, comme souvent l'actrice qui joue Mme Lepic (Catherine Fonteney), effrayant personnage, souligne trop sa dureté, l'explique au lieu de la solder. Les gros plans renforcent ce défaut alors que dans certains plans larges, elle dramatise moins. Christine Dor est, elle, très juste, en Annette.

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