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Alstom: les leçons d'un psychodrame national

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Dans l'esprit de nombreux responsables politiques est encore vivace l'idée qu'il est toujours préférable, peu importe les circonstances, de s'allier à un Allemand, au nom des grands principes européens, qui n'ont pourtant pas cours outre-Rhin lorsqu'il s'agit de faire des affaires, plutôt qu'avec un Américain.

C'est certainement, au moins en partie sous cet angle, qu'il faut comprendre l'émulation d'une partie du gouvernement afin de pousser et soutenir à bras le corps une offre de Siemens.

L'interventionnisme de l'Etat peut bien-sûr être bénéfique lorsqu'il est question de défendre l'intérêt national mais l'interventionnisme brouillon d'Arnaud Montebourg a simplement conduit à décrédibiliser encore davantage la parole politique et à compliquer à outrance un dossier qui ne l'était pas à l'origine.

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Face à une surenchère sans fin, General Electric a été contraint de faire une offre en deuxième mouture qui reste, certainement, toujours la meilleure mais qui apparaît comme plus contraignante pour Alstom au regard des ambitions stratégiques affichées par Patrick Kron. La création de co-entreprises dans le secteur énergique n'apparaît pas cohérente avec la volonté de désengagement du groupe français afin de se focaliser sur le créneau en pleine expansion du transport ferroviaire, sur lequel le savoir-faire national est reconnu internationalement. A cause de la pression étatique, Alstom pourrait finir, d'ici quelques mois, avec une branche transport assainie et renforcée partant à la conquête de l'Asie, et une branche énergie réduite à portion congrue et qui serait facteur de rigidités inutiles pour l'entreprise.

Alstom est le catalyseur des craintes de la France face à une mondialisation qu'on peine toujours à appréhender correctement; la crainte de voir déposséder son savoir-faire alors que les alliances stratégiques permettent au contraire d'offrir de nouvelles perspectives de développement; la crainte par les responsables politiques de voir leur pouvoir dilué dans une mondialisation économique et financière sur laquelle ils n'ont quasiment plus prise.

L'invocation de l'intérêt national, aussi légitime que cela puisse paraître, est compris en France comme le dernier bouclier à brandir lorsque l'action politique se révèle impuissante à influencer sur le cours des événements, et en particulier sur les grands dossiers industriels.

Le principal enseignement de l'affaire Alstom c'est que la France n'a toujours pas réussi à s'émanciper de ses vieux démons et d'une vision nostalgique de l'interventionnisme étatique qui remonte à l'immédiat après-guerre. Pour aller de l'avant, la France devra apprendre à dépasser sa peur de l'investisseur étranger. La période de crise, dans laquelle le pays est, invite encore plus à saisir toutes les opportunités, comme celles proposées par General Electric, pour sauver des emplois et créer des synergies industrielles viables sur le long terme.

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