Ce n'est pas encore le grand tournant qui change subitement le cours de l'histoire... Mais c'est une lame de fond qui lentement va changer la physionomie de la crise syrienne. Les djihadistes du monde entier commencent à devenir indésirables sur le théâtre des opérations militaires syriennes. La pression internationale qui s'exerce sur eux devient de plus en plus forte et insoutenable. Il y a eu d'abord l'Arabie Saoudite et quelques pays du Golfe comme le Bahreïn qui ont criminalisé la djihad de leurs compatriotes en Syrie. Il y a aujourd'hui la France qui concentre une attention particulière sur les quelques 500 jeunes Français partis faire le coup de feu en Syrie.
Par anticipation, par enquête préliminaire, les autorités françaises envisagent d'assécher les filières qui alimentent le djihad contre le régime de Bachar el-Assad. Non par soutien au régime de Damas mais par une prise de conscience quelque peu tardive que l'effet boomerang d'une telle crise peut être à court terme meurtrier et déstabilisateur. D'autant que l'appareil de sécurité français vient de faire une énorme découverte qui porte le danger terroriste à des niveaux inédits: la pratique de la religion islamique dans sa version la plus fondamentaliste et la plus violente, n'est pas le principal facteur d'embrigadement, d'instrumentalisation et de séduction de tous ces jeunes Français pour les attirer dans le circuit du djihad mondial. D'autres facteurs d'auto-radicalisation difficiles à maîtriser sont à l'œuvre.
La vision française et son absolue insistance à faire tomber Bachar el-Assad ne manquait pas de susciter quelques interrogations parfois pimentées. Des avocats à la verve un brin manipulatrice n'ont pas manqué de souligner que les djihadistes français qui se sont inscrits dans le combat contre le président syrien n'ont fait que répondre favorablement aux multiples et violentes harangues du président français contre le régime de Bachar el-Assad. Et de rappeler qu'au moment où l'ensemble des pays européens, les Britanniques en tête et l'administration Obama freinaient des quatre fers contre l'option militaire en Syrie, François Hollande prenait la posture de l'homme de guerre totale contre Damas. Si François Hollande n'était pas le grand responsable des camps djihadistes français en Syrie, sa rhétorique guerrière facilitait amplement le travail des recruteurs qui séduisent et lavent les cerveaux par internet.
La dure et intraitable approche française à l'égard des djihadistes français s'ajoute à une vision globale susceptible de changer la donne politique et militaire en Syrie. Les groupes fondamentalistes qui attirent ces jeunes Européens et Arabes ne possèdent plus cet a priori positif que leur procurent leurs multiples et uniques performances militaires contre le régime de Damas. Ils sont aujourd'hui perçus comme un danger à liquider après avoir été présentés comme une précieuse carte militaire à jouer. Si précieuse que la généreuse aide militaire et financière en provenance d'Arabie Saoudite et du Qatar a été déversée sur eux sans compter. Pendant longtemps, les coups les plus militaires, les plus durs contre le régime de Bachar el-Assad ont été portés par ces djihadistes étrangers venus en Syrie non pas pour construire une carrière politique mais pour y mourir en martyrs.
En fait ce tournant n'est que la traduction politique de la décision de Barack Obama de ne pas recourir à l'option militaire pour faire tomber Bachar el-Assad. Cela devenait anachronique, stratégiquement contradictoire, de continuer à alimenter une opposition radicale militarisée quand la fin ultime du jeu politique américain dans la région est de parvenir à une sortie de crise négociée avec Damas.
Cette nouvelle donne fait le bonheur de Bachar el-Assad et de son régime. À grands fracas, elle valide après presque trois années de conflit son argumentaire que la lutte à mort qu'il mène à son opposition n'est pas cette grande dispute sur le pouvoir contre une opposition avec comme enjeu l'instauration de la démocratie, mais bien une guerre sans merci contre des groupes terroristes. Elle laisse présager que le conflit syrien a encore de longues années devant lui. Et elle impose à la communauté internationale d'imaginer une autre solution de sortie de crise basée sur une négociation désarmée. Autant dire que le tragique statu quo d'aujourd'hui paraît la seule perspective à l'horizon.
La criminalisation de plus en plus généralisée des djihadistes étrangers en Syrie pose crûment la problématique de ces groupuscules fondamentalistes qui se sont donnés rendez-vous en Syrie pour effectuer le djihad et installer un état islamique à Damas. L'impasse dans laquelle se trouve la communauté internationale est la suivante: comment donner un coup de pied dans la fourmilière sans risquer que son éclat n'impacte les pays fournisseurs de main-d'œuvre djihadiste comme certains pays européens et arabes. Le cauchemar afghan et la vague d'attentats terroristes qui avaient frappé le monde dans son sillage est dans tous les esprits.
Tous ces jeunes Français, Britanniques, Marocains, Algériens Égyptiens ou Saoudiens qui sont sous la pression des coups de boutoir de l'armée syrienne et de leur pays d'origine vont choisir entre deux options: ou déplacer leur centre de gravité djihadiste vers un autre pays ou prendre le chemin du retour vers le pays d'origine avec ce que cela implique comme conséquences sécuritaires. Au cours de cette expérience de presque trois années, ces jeunes ont non seulement appris le maniement des armes et des explosifs mais ont aussi radicalisé leur vison du monde dont les changements ne s'opèrent pas forcément selon leur logique mais par la violence et la guerre. Sans parler de certains d'entre eux, qui ont su tisser des relations globalisées qui peuvent les aider à passer entre les mailles du filet.
Par anticipation, par enquête préliminaire, les autorités françaises envisagent d'assécher les filières qui alimentent le djihad contre le régime de Bachar el-Assad. Non par soutien au régime de Damas mais par une prise de conscience quelque peu tardive que l'effet boomerang d'une telle crise peut être à court terme meurtrier et déstabilisateur. D'autant que l'appareil de sécurité français vient de faire une énorme découverte qui porte le danger terroriste à des niveaux inédits: la pratique de la religion islamique dans sa version la plus fondamentaliste et la plus violente, n'est pas le principal facteur d'embrigadement, d'instrumentalisation et de séduction de tous ces jeunes Français pour les attirer dans le circuit du djihad mondial. D'autres facteurs d'auto-radicalisation difficiles à maîtriser sont à l'œuvre.
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La vision française et son absolue insistance à faire tomber Bachar el-Assad ne manquait pas de susciter quelques interrogations parfois pimentées. Des avocats à la verve un brin manipulatrice n'ont pas manqué de souligner que les djihadistes français qui se sont inscrits dans le combat contre le président syrien n'ont fait que répondre favorablement aux multiples et violentes harangues du président français contre le régime de Bachar el-Assad. Et de rappeler qu'au moment où l'ensemble des pays européens, les Britanniques en tête et l'administration Obama freinaient des quatre fers contre l'option militaire en Syrie, François Hollande prenait la posture de l'homme de guerre totale contre Damas. Si François Hollande n'était pas le grand responsable des camps djihadistes français en Syrie, sa rhétorique guerrière facilitait amplement le travail des recruteurs qui séduisent et lavent les cerveaux par internet.
La dure et intraitable approche française à l'égard des djihadistes français s'ajoute à une vision globale susceptible de changer la donne politique et militaire en Syrie. Les groupes fondamentalistes qui attirent ces jeunes Européens et Arabes ne possèdent plus cet a priori positif que leur procurent leurs multiples et uniques performances militaires contre le régime de Damas. Ils sont aujourd'hui perçus comme un danger à liquider après avoir été présentés comme une précieuse carte militaire à jouer. Si précieuse que la généreuse aide militaire et financière en provenance d'Arabie Saoudite et du Qatar a été déversée sur eux sans compter. Pendant longtemps, les coups les plus militaires, les plus durs contre le régime de Bachar el-Assad ont été portés par ces djihadistes étrangers venus en Syrie non pas pour construire une carrière politique mais pour y mourir en martyrs.
En fait ce tournant n'est que la traduction politique de la décision de Barack Obama de ne pas recourir à l'option militaire pour faire tomber Bachar el-Assad. Cela devenait anachronique, stratégiquement contradictoire, de continuer à alimenter une opposition radicale militarisée quand la fin ultime du jeu politique américain dans la région est de parvenir à une sortie de crise négociée avec Damas.
Cette nouvelle donne fait le bonheur de Bachar el-Assad et de son régime. À grands fracas, elle valide après presque trois années de conflit son argumentaire que la lutte à mort qu'il mène à son opposition n'est pas cette grande dispute sur le pouvoir contre une opposition avec comme enjeu l'instauration de la démocratie, mais bien une guerre sans merci contre des groupes terroristes. Elle laisse présager que le conflit syrien a encore de longues années devant lui. Et elle impose à la communauté internationale d'imaginer une autre solution de sortie de crise basée sur une négociation désarmée. Autant dire que le tragique statu quo d'aujourd'hui paraît la seule perspective à l'horizon.
La criminalisation de plus en plus généralisée des djihadistes étrangers en Syrie pose crûment la problématique de ces groupuscules fondamentalistes qui se sont donnés rendez-vous en Syrie pour effectuer le djihad et installer un état islamique à Damas. L'impasse dans laquelle se trouve la communauté internationale est la suivante: comment donner un coup de pied dans la fourmilière sans risquer que son éclat n'impacte les pays fournisseurs de main-d'œuvre djihadiste comme certains pays européens et arabes. Le cauchemar afghan et la vague d'attentats terroristes qui avaient frappé le monde dans son sillage est dans tous les esprits.
Tous ces jeunes Français, Britanniques, Marocains, Algériens Égyptiens ou Saoudiens qui sont sous la pression des coups de boutoir de l'armée syrienne et de leur pays d'origine vont choisir entre deux options: ou déplacer leur centre de gravité djihadiste vers un autre pays ou prendre le chemin du retour vers le pays d'origine avec ce que cela implique comme conséquences sécuritaires. Au cours de cette expérience de presque trois années, ces jeunes ont non seulement appris le maniement des armes et des explosifs mais ont aussi radicalisé leur vison du monde dont les changements ne s'opèrent pas forcément selon leur logique mais par la violence et la guerre. Sans parler de certains d'entre eux, qui ont su tisser des relations globalisées qui peuvent les aider à passer entre les mailles du filet.
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