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Le vent de l'euroscepticisme souffle sur le PS

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POLITIQUE - Le PS et l'Europe, c'est Docteur Jekyll et Mr Hyde. Un visage très pro-européenne et un autre eurosceptique. Ah pardon, au Parti socialiste on appelle cela être "eurocritique". Telle est la difficile équation que va devoir résoudre Jean-Christophe Cambadélis, nouveau patron du parti depuis mardi, pour les élections européennes.

Encore titulaire de la casquette de directeur de la campagne, il lancera jeudi soir les festivités en accueillant Martin Schulz, tête de liste de la gauche européenne. L'Allemand a choisi la France pour démarrer son tour d'Europe, qui doit être suivi de sept autres meeting d'ici le 25 mai. Il interviendra au Cirque d'hiver, à Paris, aux côtés de Pervenche Bérès, nouvelle tête de liste PS en Ile-de-France en remplacement d'Harlem Désir, et en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Avec un seul mot d'ordre: "L'austérité de Bruxelles est une erreur, par un autre vote, imposons une nouvelle croissance".

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Un argumentaire de campagne un peu délicat à justifier, après les détails du pacte de responsabilité dévoilés mercredi par Manuel Valls. Gel du point d'indice des fonctionnaires jusqu'en 2015 (voire 2017 selon certaines sources), report du plan de lutte contre la pauvreté, revalorisation du RSA et d'autres allocations décalées d'une année, gel des retraites complémentaires... Le tout, pour rentrer dans les clous de Bruxelles et réduire le déficit public. "La France tiendra ses engagements" a répété le nouveau locataire de Matignon, inflexible sur le sujet

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Anti-austérité en Europe, mais pro-Valls en France

Le PS est-il en décalage avec le Premier ministre? "Nous ne sommes pas choqués par le fait que la France respecte les engagements pris lors du Traité de Maastricht, voté par les Français. Mais nous estimons que les 3%, élaborés avant la crise, ne correspondent plus à la situation actuelle, que le rythme de marche aux 3% est trop contraignant et que l'on devrait sortir des déficits les investissements d'avenir" répond Jean-Christophe Cambadélis.

La règle des 3% a été votée en 1992, puis renforcée en 2012 par le Pacte de stabilité, ratifié par le Parlement et François Hollande. De là à imaginer un soudain retour en arrière...

"Il y a respect de la parole donnée, mais la volonté de changer", a rajouté Jean-Christophe Cambadélis. "S'il y a un nouveau président (ndlr: à la Commission), qu'il ne soit ni dogmatique ni libéral, on pourra faire évoluer la lecture du traité", a-t-il justifié. Et il y a déjà son slogan: "Choisir notre Europe"

Une phrase qui a le don d'amuser le Front national. Son vice-président, Florian Philippot, a pronostiqué "un concours du plus eurocritique que moi tu meurs" à venir à l'UMP et au PS. Il faut dire que malgré la vitrine europhile incarnée par François Hollande, le PS est loin d'être le parti le plus fervent de l'Union.

Catalyseur de l'euroscepticisme socialiste: 2005

La cassure est apparue en 2004-2005, lorsque le PS a organisé un référendum interne pour déterminer sa ligne sur le Traité constitutionnel européen. Malgré la victoire du "oui", les partisans du "non", Laurent Fabius en tête, n'ont eu que faire du positionnement du parti. L'actuel ministre des Affaires étrangères a continué à faire campagne pour le rejet du texte, contribuant à plonger l'Europe dans une sérieuse crise institutionnelle. Et elle le paye encore aujourd'hui.

De l'histoire ancienne? Pas si sûr, à en juger les positions d'Arnaud Montebourg, fraîchement nommé ministre de l'Economie. Dans un entretien publié jeudi dans Les Echos, il a fortement critiqué l'action de la Banque centrale européenne (BCE) et souhaite une réunion "rapide" avec ses partenaires européens pour discuter de "l'euro trop cher".

Et en échange des réformes entreprises en France, Arnaud Montebourg souhaite obtenir des contreparties sur les déficits de la part de Bruxelles. Du jamais vu de la part d'un ministre français.

Montebourg: "On n'est pas des euro-béats. On est des euro-critiques"


Le Grand Jury du 23 février 2014 - Arnaud... par rtl-fr



"Nous, on n'est pas des euro-béats. On est des euro-critiques", a-t-il assuré fin février au micro de RTL.

Au cours d'un vif échange avec Marine Le Pen, l'ex-ministre du Redressement productif a estimé que "l'Europe ne fait pas son boulot dans un certain nombre de domaines". Volontiers autoritaire, Arnaud Montebourg s'est également félicité d'avoir "remonté les bretelles à Joaquin Almunia, le vice-président de la Commission européenne". Avant de lâcher: "la Commission prouve qu'elle est incompétente". Des propos qui rappellent juin 2013, quand le ministre avait accusé José Manuel Barroso, son président, d'être "le carburant du Front national".

Ces mots avaient fait bondir Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur. "La ligne défendue par Arnaud Montebourg n'est pas celle de François Hollande, je le sais. Il est sur la ligne Delors. Ils savent que l'avenir de la France ne passe pas par le repli sur soi, le protectionnisme ou les lignes Maginot".

Tradition pro-européenne du PS

L'ex-ministre de Nicolas Sarkozy n'a pas tort. À l'instar de Martine Aubry, le président de la République appartient à la grande tradition pro-européenne du PS. La maire de Lille a été nourrie du delorisme par filiation, tandis que François Hollande a été responsable des clubs créés par Jacques Delors.

Lors de sa campagne, le président a repris le thème d'une Europe à deux vitesses. Une idée très "delorienne". Une grande Union à 28, dotée d'un "bloc au milieu". Une sorte de "premier cercle" organisé autour de la zone euro, avec la France et l'Allemagne en point d'appui. "La seule alternative", avait-il menacé, "c'est la dissolution du projet européen, je ne l'accepte pas".

Le gouvernement bardé d'anciens "nonistes" de 2005

Désormais, François Hollande craint la recomposition du Parlement après les élections. Dans un entretien fin 2013 au Nouvel Observateur, il avait tiré la sonnette d'alarme. "Le Parlement européen peut, en mai prochain, être pour une large part composé d’antieuropéens. Ce serait une régression et une menace de paralysie". Mais donne-t-il seulement le bon signal en nommant ses équipes?

Rappelons que, outre Laurent Fabius, le gouvernement est constitué d'autres partisans du "non" européen de 2005. C'est le cas d'Arnaud Montebourg, qui avait néanmoins respecté la position majoritaire du parti, tout comme Benoît Hamon, le ministre de l'Education. Manuel Valls faisait également partie du même courant, au sein NPS (Nouveau Parti Socialiste). Selon le ministre de l'Economie, ce dernier serait toujours sur la même ligne que lui.




Dur dur de tracer une ligne commune

Pour le PS, la question du positionnement européen est très complexe. Une grande part des électeurs du "non" de 2005 ne sont pas pour autant des anti-européens ou des eurosceptiques. "Ils adhèrent à l'idée des principes généraux de l'intégration européenne, et plaident même souvent pour davantage de poitiques européennes", explique à Atlantico Bruno Cautrès, chercheur CNRS et au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po).

Pour ce spécialiste, "ils contestent les modalités de cette intégration et sa vision trop économique, trop libérale, pas assez redistributive ou citoyenne".



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