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Municipales, remaniement, vote de confiance: les 5 leçons du Big Bang Hollande

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POLITIQUE - Dix jours pour tout changer sur la forme et pour ne surtout rien changer sur le fond. Depuis le second tour des élections municipales catastrophiques pour la gauche jusqu'à la nomination des 14 derniers secrétaires d'Etat du gouvernement Valls, François Hollande a opéré un véritable Big Bang du paysage politique de la majorité.

Un premier ministre rajeuni au ton martial, un parti et une équipe élyséenne remaniés, une majorité et un gouvernement resserrés... Au final, seule la ligne social-libérale, amorcée avec le tournant du pacte de responsabilité, a été maintenue malgré quelques inflexions. Objectif: sauver ce qui peut l'être d'un quinquennat décidément bien mal embarqué.

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Après presque deux semaines de chamboule-tout, que retiendra-t-on de la forme ou du fond de ce démarrage en trombe de l'acte II du quinquennat?

UNE ÉQUIPE HOLLANDO HOLLANDAISE


Malgré son impopularité record, malgré la claque magistrale des municipales, François Hollande a remanié tout le monde sauf lui-même ces dix derniers jours. Grands perdants du gouvernement Ayrault en 2012, les Hollandais ont effectué un retour en force dans le gouvernement de Manuel Valls en 2014. Au grand dam des aubrystes, qui ont bruyamment fait connaître leur mécontentement à l'Assemblée.

En vain. Les fidèles Sapin et Le Foll ont été promus, les grognards Rebsamen et Vallini ont fait leur entrée. A l'Elysée, c'est même un ami intime Jean-Pierre Jouyet, qui s'est vu offrir le poste stratégique de secrétaire général. Et ce malgré son débauchage très remarqué dans le gouvernement Fillon de 2007 à 2008.

La présence de cette garde rapprochée a évidemment un but: protéger le président de la République contre les attaques de l'opposition et d'une majorité décidément frondeuse. Peut-être aussi surveiller de près un premier ministre prometteur mais dénué d'alliés dans un gouvernement qui porte pourtant son nom.

VALLS À QUITTE OU DOUBLE


Parce qu'il fallait bien changer quelque chose, François Hollande a joué son joker en nommant le flamboyant Manuel Valls à Matignon en lieu et place d'un Jean-Marc Ayrault carbonisé. Un choix de bon sens au regard de la popularité et de l'énergie déployée par l'ancien ministre de l'Intérieur, sans oublier sa compatibilité avec le tournant social-libéral du quinquennat. Mais un choix dangereux au regard de son image très clivante, jugée tellement "sarkozyste" que les écologistes et l'aile gauche de la majorité ont immédiatement rué dans les brancards.

"Valls doit faire du Valls", a confié François Hollande, qui mise sur le sens de la communication et de l'organisation de son nouveau premier ministre pour (enfin) donner une lisibilité et une cohérence à son action politique. Pris à la gorge par une majorité ténue et un gouvernement qui ne porte pas sa marque, Manuel Valls a pour l'heure surtout affiché sa prudence lors de sa déclaration de politique générale. Suffisamment pour obtenir le vote de confiance qu'il cherchait mais au risque de ne pas changer la donne vis à vis de l'opinion.

UN GOUVERNEMENT DE POIDS LOURDS


Pour enfin sortir l'exécutif de l'ornière, le "gouvernement de combat" nommé au lendemain des municipales n'a pas versé dans le glamour: 16 ministres, 14 secrétaires d'Etat, peu de nouvelles têtes, 90% de socialistes. Si la parité est strictement respectée, côté renouvellement, le bilan est maigre. Seuls trois ministres sur trente ont moins de quarante ans.

Afin de débrancher la machine à couacs qui n'a cessé de parasiter l'action du précédent gouvernement, François Hollande et Manuel Valls ont néanmoins misé sur des poids lourds de la majorité tout en rationalisant les postes stratégiques. A commencer par Bercy. Outre la promotion des fidèles du président, les ténors du précédent exécutif ont vu leur bail renouvelé. Numéro deux gouvernement, doté de trois secrétaires d'Etat, Laurent Fabius se taille la part du lion au Quai d'Orsay. L'arrivée de Ségolène Royal marque également la volonté de l'Elysée d'apporter de l'expérience et de l'aura là où ils manquaient.

Ailleurs, ce sont des hommes d'appareils du Parti socialiste, dont beaucoup de députés, qui font leur entrée: Harlem Désir est exfiltré du premier secrétariat, l'ex-strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen et le député frondeur Christian Eckert sont appelés à monter au front.

UNE MAJORITÉ RECOMPOSÉE


Non content d'affronter la colère des électeurs dans les urnes, c'est le mécontentement de sa propre majorité qui menace désormais François Hollande. Après le départ des écologistes, voilà que les députés de l'aile gauche du PS affichent leur mauvaise humeur, au risque de mettre en péril la fragile majorité absolue socialiste à l'Assemblée.

Pour y faire face, François Hollande a dû donner des garanties à ses alliés du Parti radical de gauche (PRG). Ceux-ci disposent désormais de trois élus au gouvernement. Et les ministres étiquetés à gauche, comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, ont pris du galon.

Autre chantier: remanier la direction du PS en y plaçant Jean-Christophe Cambadélis. Un choix de raison plus que de coeur, le député de Paris étant jugé plus combatif que le terne Harlem Désir, promu à titre de consolation au ministère des Affaires européennes. Pas sûr que ce symbole ne contribue à redorer le blason d'un Parti socialiste en crise et qui redoute une nouvelle déroute aux prochaines élections européennes.

LA LIGNE SOCIAL-LIBÉRALE ENVERS ET CONTRE TOUS


Parti, gouvernement, Elysée... François Hollande a certes changé les hommes, mais pas les idées. Le grand virage social-libéral du quinquennat annoncé au mois de janvier 2014 restera le grand rescapé du remaniement post-municipales. Qu'importe la sanction des urnes, le président de la République, comme son premier ministre, ont décidé de maintenir ce cap quoi qu'il en coûte, en espérant que cela fera revenir la croissance et l'emploi avant 2017.

Au programme: pacte de responsabilité pour doper les entreprises, pacte de solidarité pour apaiser les petits salaires et cure de régime pour les collectivités locales qui vont à la fois devoir économiser 10 milliards d'euros tout en réduisant drastiquement leur nombre d'ici à sept ans.

Reste à faire voter ces mesures, malgré l'opposition résolue de l'UMP et les critiques qui s'expriment de plus en plus fortement à gauche. Il fallait au moins un Big Bang de l'appareil d'Etat socialiste pour espérer y parvenir.

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