GOUVERNEMENT - Théâtre d'une guerre larvée depuis près de 2 ans, Bercy hérite aujourd'hui d'une configuration beaucoup plus "light". De 7 ministres en mai 2012, l'énorme ministère économique a été réduit à sa plus simple expression. Michel Sapin aux Finances et Arnaud Montebourg à l'Economie. Point. Les patrons du paquebot ont été rejoints mercredi par 3 nouveaux membres, dont l'ordre protocolaire a été descendu d'un cran. Oubliés les ministres délégués, comme c'était le cas jusqu'à présent. Bienvenue les secrétaires d'Etat! De quoi donner des gages à l'Elysée, ulcéré par des couacs à répétition.
Christian Eckert, ex-rapporteur du Budget à l'Assemblée, s'occupera justement... du Budget. Axelle Lemaire, député des Français de l'Europe du nord, obtient le Numérique. Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports, passe au Commerce et à l'Artisanat.
Comme Le HuffPost vous l'explique plus largement ici, les secrétaires d'Etat disposent de moins de pouvoir que les ministres délégués. Ils n'ont par exemple pas de budget propre et n'ont pas autorité pour signer des décrets. Pour bien rappeler leur rôle "inférieur", ils n'ont pas non plus le droit de siéger au conseil des ministres, à part si l'ordre du jour s'intéresse à leur portefeuille. Et les secrétaires d'Etat sont aussi moins bien rémunérés: leur salaire s'élève à 9443 euros brut, contre 9940 euros pour le reste du gouvernement (hormis le Premier ministre et le président qui touchent 14.910 euros). Voilà pour situer le jeu de pouvoir.
Rien ne dit que la cohabitation entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg sera optimale. Si les deux ministres assurent être complémentaires, le second a déjà déclaré que la question des Comptes publics (le budget) était "accessoire". Michel Sapin appréciera, tout comme Christian Eckert, le nouveau titulaire du poste.
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Le poil à gratter Eckert débarque à Bercy
Christian Eckert est placé sous la tutelle de Michel Sapin, une personnalité dont il a souvent dit grand bien. "C'est un homme qui a une connaissance précise et approfondie des dossiers fiscaux et financiers", confiait le parlementaire à L'Express, en marge du remaniement. Le nouveau comptable du gouvernement semble donc plein de bonnes intentions... mais attention à son esprit incisif.
Christian Eckert est une sorte de poil à gratter depuis 2 ans.
Fin connaisseur de l'administration de Bercy, il en connaît les rouages et les défauts. Interrogé sur la capacité d'inertie de la forteresse, voilà ce qu'il déclarait en novembre dernier: "On peut parfois se poser la question, mais l’administration prend la place que lui laissent les politiques". Une pique adressée à Pierre Moscovici, alors en poste aux Finances.
Le député de Meurthe-et-Moselle a pour habitude de se lâcher sur son blog avec des billets mordants et critiques. Le 27 octobre dernier, il regrettait notamment que le débat fiscal soit devenu "irrationnel" à cause de sa propre majorité.
Par ailleurs, il est le seul député signataire de l'appel à infléchir la ligne économique à entrer au gouvernement. En 2012, il s'était confronté à Jean-Marc Ayrault, proposant la rétroactivité sur l'année 2012 de la fin de l'exonération des heures supplémentaires. Rebelote en juillet 2013, dans son rapport préalable au débat d'orientation des finances publiques. L'ex-rapporteur du Budget à l'Assemblée insistait sur la nécessité de couper dans les dépenses des ministères. De quoi susciter quelques sueurs froides à ses nouveaux collègues...
Ce qui risque d'être le cas de Valérie Fourneyron, nommée secrétaire d'Etat au Commerce, à l'Artisanat, à la Consommation et à l'Economie sociale. L'ancienne ministre des Sports aura à défendre une multitude de dossiers, dont la loi Pinel sur l’autoentrepreneur, l’urbanisme commercial et les baux commerciaux, la loi économie sociale et solidaire, sans oublier la mise en musique de la loi Hamon. Un travail de titan, avec comme épée de Damoclès un certain Arnaud Montebourg, son ministre de tutelle.
La libérale Lemaire saura-t-elle cohabiter avec Montebourg ?
Héritant du portefeuille du Numérique, Axelle Lemaire sera aussi sous le patronnage d'Arnaud Montebourg. Après Fleur Pellerin, elle devra donc finement négocier pour faire passer ses idées.
Jugée compétente sur ce domaine, la député des Français d'Europe du Nord se situe néanmoins à droite de l'échiquier politique du PS. Volontiers libérale quand il s'agit de parler d'entreprenariat, pas sûr que son discours s'accorde avec celui d'Arnaud Montebourg. Ce dernier n'a d'ailleurs pas particulièrement bien vécu sa cohabitation avec Fleur Pellerin. L'entourage du ministre nous a confié que son départ au Quai d'Orsay a été vécu comme un "soulagement".
Du côté des patrons de start-up, la problématique est claire. "J'ai un bon sentiment sur la nomination d'Axelle Lemaire", explique au HuffPost Jean-David Chamborédon, patron du fonds d'investissement Isai. "La grande question est et sera sa capacité à gérer son boss", souligne-t-il, visiblement sceptique sur la nouvelle association. On se souvient qu'Arnaud Montebourg avait posé son veto sur la vente de Dailymotion à Yahoo!, suscitant l'ire des entrepreneurs de France et de Navarre. Fleur Pellerin aurait trouvé "hallucinante" l'attitude de "l'ingérable Montebourg", selon des propos rapportés à l'époque par France-Info.
Le trublion du gouvernement et la nouvelle venue ont-ils seulement une raison de s'entendre? Oui, car le portefeuille du Numérique a été considérablement aminci. Auparavant accompagné de l'Innovation et des PME, il prouve à Axelle Lemaire que le vrai patron est Arnaud Montebourg. La nouvelle secrétaire d'Etat aura toutefois pour elle l'avantage d'avoir francisé le mot "tweet" sur sa biographie Twitter, en le remplaçant par "touit"... De quoi montrer patte blanche avant de rejoindre le chantre du "made in France"?
Christian Eckert, ex-rapporteur du Budget à l'Assemblée, s'occupera justement... du Budget. Axelle Lemaire, député des Français de l'Europe du nord, obtient le Numérique. Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports, passe au Commerce et à l'Artisanat.
Comme Le HuffPost vous l'explique plus largement ici, les secrétaires d'Etat disposent de moins de pouvoir que les ministres délégués. Ils n'ont par exemple pas de budget propre et n'ont pas autorité pour signer des décrets. Pour bien rappeler leur rôle "inférieur", ils n'ont pas non plus le droit de siéger au conseil des ministres, à part si l'ordre du jour s'intéresse à leur portefeuille. Et les secrétaires d'Etat sont aussi moins bien rémunérés: leur salaire s'élève à 9443 euros brut, contre 9940 euros pour le reste du gouvernement (hormis le Premier ministre et le président qui touchent 14.910 euros). Voilà pour situer le jeu de pouvoir.
Rien ne dit que la cohabitation entre Michel Sapin et Arnaud Montebourg sera optimale. Si les deux ministres assurent être complémentaires, le second a déjà déclaré que la question des Comptes publics (le budget) était "accessoire". Michel Sapin appréciera, tout comme Christian Eckert, le nouveau titulaire du poste.
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Christian Eckert est placé sous la tutelle de Michel Sapin, une personnalité dont il a souvent dit grand bien. "C'est un homme qui a une connaissance précise et approfondie des dossiers fiscaux et financiers", confiait le parlementaire à L'Express, en marge du remaniement. Le nouveau comptable du gouvernement semble donc plein de bonnes intentions... mais attention à son esprit incisif.
Christian Eckert est une sorte de poil à gratter depuis 2 ans.
Fin connaisseur de l'administration de Bercy, il en connaît les rouages et les défauts. Interrogé sur la capacité d'inertie de la forteresse, voilà ce qu'il déclarait en novembre dernier: "On peut parfois se poser la question, mais l’administration prend la place que lui laissent les politiques". Une pique adressée à Pierre Moscovici, alors en poste aux Finances.
Le député de Meurthe-et-Moselle a pour habitude de se lâcher sur son blog avec des billets mordants et critiques. Le 27 octobre dernier, il regrettait notamment que le débat fiscal soit devenu "irrationnel" à cause de sa propre majorité.
Par ailleurs, il est le seul député signataire de l'appel à infléchir la ligne économique à entrer au gouvernement. En 2012, il s'était confronté à Jean-Marc Ayrault, proposant la rétroactivité sur l'année 2012 de la fin de l'exonération des heures supplémentaires. Rebelote en juillet 2013, dans son rapport préalable au débat d'orientation des finances publiques. L'ex-rapporteur du Budget à l'Assemblée insistait sur la nécessité de couper dans les dépenses des ministères. De quoi susciter quelques sueurs froides à ses nouveaux collègues...
Ce qui risque d'être le cas de Valérie Fourneyron, nommée secrétaire d'Etat au Commerce, à l'Artisanat, à la Consommation et à l'Economie sociale. L'ancienne ministre des Sports aura à défendre une multitude de dossiers, dont la loi Pinel sur l’autoentrepreneur, l’urbanisme commercial et les baux commerciaux, la loi économie sociale et solidaire, sans oublier la mise en musique de la loi Hamon. Un travail de titan, avec comme épée de Damoclès un certain Arnaud Montebourg, son ministre de tutelle.
La libérale Lemaire saura-t-elle cohabiter avec Montebourg ?
Héritant du portefeuille du Numérique, Axelle Lemaire sera aussi sous le patronnage d'Arnaud Montebourg. Après Fleur Pellerin, elle devra donc finement négocier pour faire passer ses idées.
Jugée compétente sur ce domaine, la député des Français d'Europe du Nord se situe néanmoins à droite de l'échiquier politique du PS. Volontiers libérale quand il s'agit de parler d'entreprenariat, pas sûr que son discours s'accorde avec celui d'Arnaud Montebourg. Ce dernier n'a d'ailleurs pas particulièrement bien vécu sa cohabitation avec Fleur Pellerin. L'entourage du ministre nous a confié que son départ au Quai d'Orsay a été vécu comme un "soulagement".
Du côté des patrons de start-up, la problématique est claire. "J'ai un bon sentiment sur la nomination d'Axelle Lemaire", explique au HuffPost Jean-David Chamborédon, patron du fonds d'investissement Isai. "La grande question est et sera sa capacité à gérer son boss", souligne-t-il, visiblement sceptique sur la nouvelle association. On se souvient qu'Arnaud Montebourg avait posé son veto sur la vente de Dailymotion à Yahoo!, suscitant l'ire des entrepreneurs de France et de Navarre. Fleur Pellerin aurait trouvé "hallucinante" l'attitude de "l'ingérable Montebourg", selon des propos rapportés à l'époque par France-Info.
Le trublion du gouvernement et la nouvelle venue ont-ils seulement une raison de s'entendre? Oui, car le portefeuille du Numérique a été considérablement aminci. Auparavant accompagné de l'Innovation et des PME, il prouve à Axelle Lemaire que le vrai patron est Arnaud Montebourg. La nouvelle secrétaire d'Etat aura toutefois pour elle l'avantage d'avoir francisé le mot "tweet" sur sa biographie Twitter, en le remplaçant par "touit"... De quoi montrer patte blanche avant de rejoindre le chantre du "made in France"?
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