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Forbach: Florian Philippot en tête dans un sondage, comme un avant-goût de revanche

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MUNICIPALES - Florian Philippot sait aussi avoir le triomphe modeste. D'habitude si prompte à saluer les sondages favorables au Front national, le vice-président du FN n'a même pas dégainé un tweet ou un communiqué de presse pour se féliciter de la première place à Forbach que lui prédit une enquête d'opinion. "En avant vers la victoire!", promet-il tout au plus sur son compte Facebook.

Il aurait pourtant toutes les raisons de se réjouir. Selon un sondage Ifop pour Europe1 et Le Républicain Lorrain dévoilé ce mardi 25 février, le bras droit de Marine Le Pen arriverait en tête dans la commune de Moselle avec 35% des intentions de vote au premier tour. Il ferait même jeu égal avec le maire sortant socialiste Laurent Kalinowski (38%) au second tour en cas de triangulaire avec une UMP affaiblie par ses divisions.

CARTOGRAPHIE - Où sont les têtes d'affiche du FN aux municipales?


Certes, la marge d'erreur est importante: plus de 4 points au premier tour. Mais, s'il parvient à se classer en tête au soir du 23 mars, Florian Philippot sait en fin stratège qu'il peut espérer enclencher une dynamique de victoire. "Si je prends la tête au premier tour, ça aura un effet psychologique important au second. En plus, les sondages ont tendance à nous sous-évaluer aux municipales", affirme crânement sur Europe1 cet ancien chevènementiste, principal artisan de la normalisation d'un FN en pleine mutation.

Une victoire ici à Forbach, dans cette ville mosellane de 22.000 habitants frappée par la hantise de la désindustrialisation, aurait assurément un double goût de revanche pour le jeune énarque de 32 ans passé par HEC. Lui qui a échoué aux élections législatives de 2012 avec 46% des voix au second tour pourrait enfin trouver la terre électorale d'adoption qui consacrerait son ascension politique fulgurante.

Une implantation douloureuse

Car s'il a été adoubé par Marine Le Pen et par les médias qui l'invitent régulièrement sur les plateaux, ce "candidat TGV", comme le surnomment ses détracteurs, reste mal perçu au sein du Front national, et parfois même dans sa ville de parachutage où certains frontistes l'accusent de faire campagne avec désinvolture. L'effet "vu à la télé" a d'ailleurs ses avantages et ses inconvénients. "Il ne sait pas faire. Il est arrivé comme une star et il a fait d'énormes conneries", regrette un cadre du FN en pointant son "mépris" pour les cadres locaux..

Son atterrissage dans cette ville populaire où le Front national réalise généralement de bons scores ne s'est pas fait sans heurt. L'homme n'y a aucune attache, ne correspond ni à la sociologie électorale ni aux militants frontistes qui y collent ses affiches. "Normalement, un cadre national qui débarque dans les régions est bien accueilli. Avec Philippot, ça n'est pas passé", persifle un de ses adversaires.

Les tensions passées sont telles que Florian Philippot est aujourd'hui contraint de préciser sur son document de campagne qu'il s'est réconcilié avec son ancien adversaire, Eric Vilain, conseiller régional de Lorraine et figure locale du FN. Celui-ci est depuis devenu son directeur de campagne. "Les gens ne veulent pas quelqu’un né à Forbach, mais quelqu’un de compétent", esquive Florian Philippot qui promet d'être maire en cas de victoire... sans préciser qu'il mènera la liste FN aux élections européennes qui suivront.

La Moselle, un terreau propice au vote FN

Qu'importe. La ligne Philippot, davantage centrée sur l'économie et le social que sur les préoccupations identitaires, peut faire des miracles dans un département obsédé par la crainte du chômage et du déclassement industriel. Le FN vient en Lorraine "pour se nourrir du malheur, on est dans la démagogie du parti d'extrême. C'est aujourd'hui un vrai problème", reconnaît le député-maire PS de Forbach, Laurent Kalinowski, qui brigue un deuxième mandat.

A Hayange, à moins d'une heure de Forbach, le parti d'extrême droite a débauché un autre candidat en rupture avec la sociologie classique du FN. A 34 ans, Fabien Engelmann, ancien du NPA et ex-cégétiste exclu en raison de ses liens avec le FN, parie que le Front national peut être le réceptacle des mécontentements. "Une partie des ouvriers risque de partir vers l'abstention, une autre vers l'extrême gauche. Et une très grosse partie va nous rejoindre", car "le vote FN ne dérange plus, hormis quelques permanences syndicales sectaires", assure-t-il.

ANALYSE - A Florange, la menace FN fantôme, par Gaël Brustier


Dénoncer et rassurer: c'est précisément la stratégie nationale et locale qu'entend appliquer Florian Philippot. Entre promesse de désendettement, baisse des impôts d'ici à 2016 et refus du "laxisme de l'UMP et du PS", le programme du trentenaire fait quasiment l'impasse sur les questions d'immigration pour se concentrer sur la relance de l'économie locale. Une petite révolution culturelle dans un parti où certains candidats locaux promettent encore d'appliquer la préférence nationale à l'échelle municipale.

Philippot, un candidat "hors parti" et gaulliste frontiste

Plus à l'aise dans les débats sur la sortie de l'euro et le protectionnisme que sur la peine de mort et l'immigration, Florian Philippot doit néanmoins apporter la preuve que sa ligne peut l'emporter dans les urnes. D'autant qu'il peine à trouver sa place dans un parti encore fortement imprégné de la culture d'ultra-droite instillée par Jean-Marie Le Pen.

Alors que le président d'honneur du FN a fondé sa formation sur la nostalgie de l'Algérie française, Florian Philippot se revendique "gaulliste", court fleurir la tombe du général et affiche un logo mêlant croix de Lorraine et flamme FN.

philippot logo


"Je suis l'objet d'un certain nombre de démarches [...], d'une certaine émotion de nos électeurs et surtout de nos électeurs les plus fidèles, relativement à la déclaration qui a été faite que le FN était un parti gaulliste. Je tiens à dire que c'est absolument faux", a tranché Jean-Marie Le Pen, en ciblant à demi-mots le jeune énarque qu'il méprise.

"Philippot est comme hors parti", juge sans animosité un membre de la direction du FN. "Il n'a pas de réseau dans le parti, il ne s'y intéresse pas. Il joue solo. C'est ce qui le rend vulnérable", ajoute-t-il. Un avertissement qu'une victoire emblématique à Forbach, terre d'expérimentation de la dédiabolisation version Philippot, pourrait sérieusement contredire.

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