L'ouverture du mariage "pour tous" -formule malheureuse qui devra être transformée: il ne s'agit pas d'ouvrir le mariage pour tous, ce qui supposerait d'abolir l'interdit de l'inceste, ce à quoi personne n'a jamais songé, mais de l'ouvrir aux adultes du même sexe- a mis en relief cette fracture entre une France progressiste et une France réactionnaire, avec une résurgence du pétainisme, l'apologie d'une vision passéiste de la famille (excluant de fait les familles monoparentales, homoparentales ou recomposées), et l'émergence d'un catholicisme traditionnaliste militant: ceux-là même qui interrompent des représentations théâtrales jugées blasphématoires, qui détruisent des œuvres d'art "impies" à l'instar de la photographie Piss Christ d'Andres Serrano à Avignon, et qui s'opposent au droit à l'avortement, l'un des acquis sociaux les plus importants du XXe siècle. Faut-il rappeler que la maitrise par les femmes de leur fécondité est une révolution très récente -et par conséquent fragile, la situation espagnole en témoigne- dans l'Histoire de l'humanité?
L'hostilité à l'égard du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe, la contestation infondée des diverses techniques d'assistance médicale à la procréation (qui existent déjà pour les hétérosexuels), la condamnation de la gestation pour autrui (une pratique très strictement encadrée chez nos voisins britanniques depuis trente ans), et la haine de ce que quelques meutes parfaitement illettrées ont rebaptisé "la théorie du genre", en fait les études de genre (gender studies), ravive un débat ancien opposant deux visions du monde irréconciliables: l'une culturaliste, l'autre naturaliste.
Si la réalité n'est jamais manichéenne et n'oppose pas deux blocs monolithiques, elle laisse toutefois entrevoir une véritable dichotomie entre ceux qui considèrent que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits" (Article premier de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789), intellectuellement fidèles aux idéaux révolutionnaires et républicains, et ceux qui exploitent l'origine ethnique, la religion ou l'orientation sexuelle pour perpétuer des injustices qui n'ont rien de naturel.
La haine du "genre" est proportionnelle à l'incompréhension suscitée par cette célèbre phrase de Simone de Beauvoir : "On ne nait pas femme, on le devient". Julia Kristeva, dans son dernier essai Pulsions du temps, rappelle à juste titre que l'auteure du Deuxième sexe "est l'héritière de ce que la philosophie grecque, la théologie chrétienne et la philosophie moderne à leur suite ont de plus précieux: le culte de l'individu libre, du sujet conquérant de soi-même et du monde dans et par sa volonté, dont l'auteur ne doute pas qu'elle est universelle". Cette aversion portée par des mouvements conservateurs et d'extrême droite est aussi la marque d'un anti-intellectualisme frénétique. La déscolarisation des enfants, prônée par ce Tea Party à la française, se fonde sur une contestation plus générale de la transmission des savoirs et sur la détestation de l'intelligentsia, des professeurs, de l'école et du monde universitaire.
C'est en 1964 que le concept de genre est employé pour la première fois, le psychanalyste américain Robert Stoller élaborant une distinction entre le sexe comme réalité anatomique, et le genre comme sentiment d'identité. En 1986, l'historienne américaine Joan W. Scott définit le genre comme "un élément constitutif des rapports sociaux fondé sur des différences perçues entre les sexes", et à ce titre, il "est une façon première de signifier des rapports de pouvoir", c'est-à-dire de mettre en lumière les multiples inégalités régissant les rapports sociaux de sexe, afin de démontrer que les hiérarchies existantes entre hommes et femmes ne relèvent pas de la nature mais d'une construction sociale. Judith Butler, philosophe et féministe américaine, auteure du célèbre essai Trouble dans le genre (1990), qui incarne le tournant queer des gender studies, fonde son propos sur la critique de l'hétérosexualité en tant que doxa. Les études sur le genre, présentes dans les universités du monde entier, n'ont jamais prétendu gommer la différence biologico-anatomique des sexes.
Les ABCD de l'égalité, défendus par le ministre de l'Éducation nationale et la ministre des Droits des femmes, ont pour objectif de lutter contre les stéréotypes et les discriminations dès le plus jeune âge, et ainsi favoriser une véritable égalité des chances pour toutes et tous.
Ce ne sont pas les familles homoparentales, le mariage des personnes de même sexe, les modes de procréation non traditionnels ou les études sur le genre qui anéantissent familles et enfants. Comme le rappelle l'historienne de la psychanalyse Élisabeth Roudinesco, "le premier malheur d'un enfant est la misère économique. Ce qui détruit une famille, c'est avant tout le chômage, la pauvreté, l'alcoolisme, la violence, les inégalités: ce que disait Victor Hugo dans Les Misérables est d'actualité".
L'hostilité à l'égard du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe, la contestation infondée des diverses techniques d'assistance médicale à la procréation (qui existent déjà pour les hétérosexuels), la condamnation de la gestation pour autrui (une pratique très strictement encadrée chez nos voisins britanniques depuis trente ans), et la haine de ce que quelques meutes parfaitement illettrées ont rebaptisé "la théorie du genre", en fait les études de genre (gender studies), ravive un débat ancien opposant deux visions du monde irréconciliables: l'une culturaliste, l'autre naturaliste.
Si la réalité n'est jamais manichéenne et n'oppose pas deux blocs monolithiques, elle laisse toutefois entrevoir une véritable dichotomie entre ceux qui considèrent que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits" (Article premier de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789), intellectuellement fidèles aux idéaux révolutionnaires et républicains, et ceux qui exploitent l'origine ethnique, la religion ou l'orientation sexuelle pour perpétuer des injustices qui n'ont rien de naturel.
La haine du "genre" est proportionnelle à l'incompréhension suscitée par cette célèbre phrase de Simone de Beauvoir : "On ne nait pas femme, on le devient". Julia Kristeva, dans son dernier essai Pulsions du temps, rappelle à juste titre que l'auteure du Deuxième sexe "est l'héritière de ce que la philosophie grecque, la théologie chrétienne et la philosophie moderne à leur suite ont de plus précieux: le culte de l'individu libre, du sujet conquérant de soi-même et du monde dans et par sa volonté, dont l'auteur ne doute pas qu'elle est universelle". Cette aversion portée par des mouvements conservateurs et d'extrême droite est aussi la marque d'un anti-intellectualisme frénétique. La déscolarisation des enfants, prônée par ce Tea Party à la française, se fonde sur une contestation plus générale de la transmission des savoirs et sur la détestation de l'intelligentsia, des professeurs, de l'école et du monde universitaire.
C'est en 1964 que le concept de genre est employé pour la première fois, le psychanalyste américain Robert Stoller élaborant une distinction entre le sexe comme réalité anatomique, et le genre comme sentiment d'identité. En 1986, l'historienne américaine Joan W. Scott définit le genre comme "un élément constitutif des rapports sociaux fondé sur des différences perçues entre les sexes", et à ce titre, il "est une façon première de signifier des rapports de pouvoir", c'est-à-dire de mettre en lumière les multiples inégalités régissant les rapports sociaux de sexe, afin de démontrer que les hiérarchies existantes entre hommes et femmes ne relèvent pas de la nature mais d'une construction sociale. Judith Butler, philosophe et féministe américaine, auteure du célèbre essai Trouble dans le genre (1990), qui incarne le tournant queer des gender studies, fonde son propos sur la critique de l'hétérosexualité en tant que doxa. Les études sur le genre, présentes dans les universités du monde entier, n'ont jamais prétendu gommer la différence biologico-anatomique des sexes.
Les ABCD de l'égalité, défendus par le ministre de l'Éducation nationale et la ministre des Droits des femmes, ont pour objectif de lutter contre les stéréotypes et les discriminations dès le plus jeune âge, et ainsi favoriser une véritable égalité des chances pour toutes et tous.
Ce ne sont pas les familles homoparentales, le mariage des personnes de même sexe, les modes de procréation non traditionnels ou les études sur le genre qui anéantissent familles et enfants. Comme le rappelle l'historienne de la psychanalyse Élisabeth Roudinesco, "le premier malheur d'un enfant est la misère économique. Ce qui détruit une famille, c'est avant tout le chômage, la pauvreté, l'alcoolisme, la violence, les inégalités: ce que disait Victor Hugo dans Les Misérables est d'actualité".
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