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L'affaire Dassault rebondit au Sénat: on reprend tout depuis le début

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AFFAIRE - On prend les mêmes et on recommence. Un mois après le rejet de la demande de levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault, les sénateurs vont se prononcer à nouveau. Mais cette fois, le résultat du vote ne fait aucun doute: l'homme d'affaires et élu UMP a lui-même souhaité que son immunité soit levée.

Ce nouveau rebondissement dans une affaire qui prend racine lors des municipales de 2008 pourrait permettre le placement en garde à vue de l'industriel, patron du Figaro. "Même si cette levée d'immunité provoque mon placement en garde à vue, je suis prêt à affronter cette épreuve. Je pourrai de ce fait avoir accès à la procédure et me défendre contre ces accusations. Je pourrai démontrer ma totale innocence de ces soi-disant achats de votes, accusations inventées de toutes pièces par certains de mes adversaires politiques", a-t-il expliqué dans un texte transmis à l'AFP.

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De quoi parle Serge Dassault dans son communiqué? Si vous ne le savez pas, voici une petite session de rattrapage. Le HuffPost vous propose de revivre l'affaire depuis son commencement, il y a six ans.

Le roi Dassault perd sa couronne mais adoube son dauphin


dassault bechter


Jusque là tout va bien pour Serge Dassault. L'homme d'affaires, propriétaire du Figaro, est indéboulonnable dans sa ville de Corbeil-Essonnes. Il en est le maire depuis 1995 et sénateur depuis 2004. Tant et si bien qu'en 2008, quand se présentent les municipales, rien ne semble pouvoir l'empêcher de faire un troisième mandat. Effectivement, le 16 mars 2008, Serge Dassault est réélu, certes de justesse mais réélu quand même. Sa liste UMP remporte 50,7% des voix.

Mais c'est là que les ennuis judiciaires commencent. La faute au Conseil d'Etat qui décide d'invalider l'élection du sénateur. Pourquoi? C'est la première fois que la justice évoque la question de corruption. "Divers éléments établissaient l’existence de dons d’argent d’une ampleur significative de la part du maire sortant, à destination des habitants de la commune. […] Ces faits ont été de nature à altérer la sincérité du scrutin et à en vicier les résultats", écrit alors la plus haute juridiction administrative. Résultat, le scrutin de mars 2008 est annulé et Serge Dassault déclaré inéligible pendant un an ce qui l'empêche de se présenter en 2009.

Qu'à cela ne tienne. L'industriel adoube son bras-droit Jean-Paul Bechter qui a tout pour lui succéder à la mairie. C'est ce qui se produit le 4 octobre 2009 même si la victoire est étriquée puisqu'elle se joue à 27 voix. Trop peu pour qu'elle soit validée par le Conseil d'Etat qui se met une nouvelle fois en travers de la route de Serge Dassault. Il n'est pas question d'argent mais des bulletins de vote du candidat UMP. Jean-Paul Bechter y était présenté comme le secrétaire général de la Fondation Dassault. Ce que la justice a considéré comme "une manœuvre de nature à entretenir une confusion dans l’esprit des électeurs".

L'épilogue électoral n'interviendra qu'en décembre 2010 avec la nouvelle victoire de Jean-Paul Bechter. C'est lui qui siège depuis un peu plus de trois ans dans le bureau de Serge Dassault et qui tentera la passe de deux en mars prochain. Mais les deux hommes ne sont pas sortis d'affaire. Et c'est la justice pénale qui est désormais à leurs trousses.

Des soupçons de corruption à la tentative d'assassinat


tarterets



Il faut dire que le début d'année 2013 est particulièrement violent à Corbeil-Essonnes. Le 29 janvier, Rachid T, un trentenaire originaire de la cité des Tarterêts (photo ci-dessus) est victime d'un guet-apens au volant de sa voiture: il reçoit une vingtaine de plombs dans l'épaule. Dans un témoignage recueilli quelques semaines plus tard par le Parisien, il reconnait avoir participé à un système d'achat de voix pour Serge Dassault et lie cette tentative d'assassinat à l'existence de ce système.


Le témoignage de Rachid, "embauché" pour faire... par leparisien


Deux semaines après ce premier rebondissement, le 19 février, une deuxième tentative de règlement de comptes survient en plein Corbeil-Essonnes. Fatah Hou est grièvement blessé par une rafale de tirs de calibre 38. Le principal suspect est un certain Younès Bounouara, qui prend alors la fuite mais sera arrêté en novembre 2013 avant d'être immédiatement écroué.

Ces noms ne vous disent rien? C'est normal et ce n'est pas grave, on vous dit qui sont ces protagonistes juste après.

La vidéo qui accuse Dassault


dassault



Fatah Hou fait irruption dans l'affaire Dassault dans une vidéo tournée en caméra cachée dont Mediapart puis le JDD publieront des passages. Nous sommes à l'automne 2012 et cet homme s'invite dans le bureau de Serge Dassault (en compagnie de René Andrieu) pour réclamer de l'argent à l'homme d'affaires en échange de services rendus durant différentes campagnes électorales.

Le patron du Figaro refuse de céder à ce chantage. Il reconnait cependant avoir donné de l'argent à Younès Bounouara. Selon l'interprétation que chacun fait de cet échange, on peut estimer que Serge Dassault conseille à Fatah Hou et René Andrieu de voir directement avec Bounouara pour récupérer leur part.

Dans un entretien au JDD publié en décembre 2013, Serge Dassault reconnait avoir donné deux millions d'euros à Bounouara et des proches pour des investissements en Algérie, mais assure-t-il, sans lien avec des élections. "Je ne l'ai aidé que récemment, en 2011, un an après les élections de 2010. Il est venu me voir et m'a dit qu'il voudrait quitter Corbeil et s'installer en Algérie. Comme il m'avait pas mal aidé, et que je ne lui avais jamais donné d'argent, je lui ai dit ok, et j'ai versé 400.000 € pour lui et il m'a demandé aussi de faire des chèques pour ses associés", explique-t-il.

Dans cette même interview, Serge Dassault affirme aussi avoir donné 1,2 million d'euros à un certain Mamadou Kebé qui le harcelait pour avoir de l'argent. "Lui, c'était du racket. Il voulait de l'argent, point final", estime le sénateur UMP. Mais ce n'est pas l'avis de Kébé. Il raconte dans le Monde, mercredi 12 février, le système Dassault de l'intérieur. "Quelqu'un qui travaille à la mairie m'a proposé de former une équipe pour faire voter les gens, en échange de quoi on allait gagner de l'argent. Je n'ai pas demandé de détails, j'ai dit OK", raconte le protagoniste qui dit avoir mis la pression sur Dassault parce que ce dernier lui devait de l'argent.

C'est bon, vous suivez toujours parce que maintenant, on va inverser les rôles.

Dassault, de suspect à victime


olivier serge dassault


A l'issue de tous ces épisodes, Serge Dassault a été entendu plusieurs fois par la justice. Il l'a été notamment en tant que témoin assisté dans le cadre de l'enquête sur la tentative d'assassinat sur Fatah Hou. Et si les sénateurs sont invités à se prononcer sur son immunité parlementaire, c'est parce qu'une enquête a été ouverte pour corruption, abus de biens sociaux, blanchiment et achat de votes présumés aux élections municipales, entre 2008 et 2010.

Une levée de son immunité permettrait aux juges d'instruction d'entendre Serge Dassault sous le régime de la garde à vue. Elle pourrait déboucher sur une éventuelle mise en examen. Ce qui a été le cas pour son bras-droit Jean-Paul Bechter, le 15 janvier dernier.

Mais les deux hommes ont également contre-attaqué en justice en se présentant comme les victimes d'un acharnement.

Serge Dassault a porté plainte le 6 janvier parce qu'il dit avoir été menacé durant la trêve des confiseurs, à travers plusieurs SMS. Deux mois plus tôt il avait déposé deux plaintes pour "appels téléphoniques malveillants réitérés, tentative d'extorsion de fonds, chantage, menaces, recel et complicité de ces délits". La première vise René Andrieu et Fatah Hou et la seconde Mamadou Kébé. Plusieurs enfants de Serge Dassault, dont le député Olivier Dassault (en photo avec son père), ont également porté plainte pour des appels malveillants.

Quant à Jean-Paul Bechter, il a porté plainte le 7 janvier pour "tentative d’extorsion de fonds, violation du secret de l’instruction et dénonciation calomnieuse".

C'est bon, vous avez tout compris, qui sont les gentils, qui sont les méchants? On l'espère parce que cette affaire Dassault n'a pas fini de faire parler d'elle.

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