Un retour en fanfare pour le tout premier meeting auquel assistait le "retraité" de la vie politique depuis sa défaite en mai 2012. Résultat des courses: le NKMeeting a rapidement tourné au Sarkoshow, digne de la dernière élection présidentielle. Cohues de journalistes, interminables "Nicolas président", applaudissements à n'en plus finir... Le coup de pouce électoral de l'ancien président-candidat a menacé de voler la vedette à l'actuelle candidate à la mairie de Paris.
Entre planque discrète à l'abri des vitres teintées et carte postale pour 2017, retour chronologique sur un événement médiatico-politique.
19H00: QUEUE MONSTRUEUSE AU GYMNASE JAPY
A l'heure de l'ouverture des portes, la file d'attente de sympathisants frigorifiés s'étend sur 150 mètres tout autour du gymnase Japy (11e arrondissement) où NKM a réuni ses troupes. Succès annoncé? Capacité de 2500 places, écran géant et plusieurs hauts parleurs installés dans la rue... Heureusement, les organisateurs ont vu grand.
Problème: ce sont les détecteurs de métaux et le filtrage des participants au compte-goutte qui provoquent l'embouteillage. A l'intérieur, la rumeur bruisse de lèvres en lèvres. "On est venu voir NKM et Sarkozy. Mais on serait venu quand même sans lui", s'empresse de préciser un couple de retraités.
Avec ou sans Sarko, il y a du monde à #Japy pour NKM #Paris2014 pic.twitter.com/X8r1CV8v3p
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 10 Février 2014
En arrière fond, les têtes de liste des arrondissements prennent rapidement la parole pour chauffer la salle. "J'ai un secret à vous dire, glisse malicieusement Pierre-Yves Bournazel. C'est que NKM va gagner le 30 mars prochain!" Pendant ce temps, le véritable secret de la soirée se fait attendre.
19H10: LE MODEM EST DANS LA PLACE
C'est confirmé: Nicolas Sarkozy est attendu vers 20h. "Il ne souhaitait pas entendre le discours de Mme de Sarnez", vice-présidente du Modem qui avait appelé à voter pour François Hollande en 2012, confiera plus tard un proche de NKM.
Bras droit de François Bayrou et candidate sur les listes UMP-Modem-UDI, Marielle de Sarnez fait pourtant bonne figure, malgré l'infériorité numérique de ses partisans. Deux militants démocrates, écharpe orange au cou, ont tout de même fait le déplacement. Sont-ils gênés par la présence de Nicolas Sarkozy ce soir? "La dimension symbolique est très forte en effet. Mais cela reste avant un tout une élection locale. Pour Paris, le choix de NKM reste un bon choix", assure Pierre-Yves Bureau, adhérent du Modem parisien.
La campagne de 2012 est-elle oubliée? "Entre 2007 et 2012, il y a eu deux Sarkozy. Je sus inquiet face à la droitisation de la vie politique française. J'espère que Nicolas Sarkozy saura se montrer pragmatique et revenir au centre", se rassure-t-il.
Sur Twitter, les ex-Modem parisiens passés chez la socialiste Anne Hidalgo jouent plutôt les rabats-joie.
Ce soir, Marielle @DeSarnez sera aux côtés de Nicolas #Sarkozy pour applaudir #NKM... Triste jour pour nos valeurs centristes. #Paris.
— Matthieu (@mr_matth) 10 Février 2014
Et voilà mes amis modem! finalement les masques tombent - vous croyiez avec un accord avec NKM , Vous allez applaudir Sarkozy #couleuvre
— J-Francois Martins (@jfmartins) 10 Février 2014
19H30: PREMIERS DISCOURS, LA PRESSE FAIT LE GUET
Avec une petite demi-heure de retard, NKM fait son entrée sous les vivats. Le patron de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon, ouvre le bal sous les yeux de Jean Sarkozy mais en l'absence de son père et dans les grincements de micro. Le député-maire du 15e n'épargne pas la candidate socialiste Anne Hidalgo, rappelant au passage qu'il l'a systématiquement battue dans son arrondissement. "Voter FN, c'est voter Hidalgoland", "Hollande/Hidalgo c'est rose bonnet et bonnet rose !", innove-t-il.
Mais la presse n'est plus là. Car toutes les caméras patientent dans le froid en guettant l'arrivée de Nicolas Sarkozy. La prise de parole du chef de file UDI, Christian Saint-Etienne, n'y changera rien. Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, écoute patiemment.
Dehors, la chasse s'organise. Et c'est Le Figaro qui a le nez fin en remarquant une berline noire, aux vitres teintées, qui patiente tranquillement à cent mètres du gymnase. A l'intérieur, deux gardes du corps refusent de parler. Derrière eux, une silhouette familière prend visiblement son mal en patience avant de faire son entrée.
Angle Richard Lenoir place Voltaire, une voiture banalisée et des agents de sécurité. Un passager arrière. Ckidonc ? pic.twitter.com/ymtDGWtu3H
— Sophie de Ravinel (@S2RVNL) 10 Février 2014
19H55: NKM PART ACCUEILLIR SARKOZY
Alors que Marielle de Sarnez a pris la parole, la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet quitte son siège pour venir accueillir Nicolas Sarkozy. Dans une cohue de caméras et de perches, le mystérieux passager de la berline noire fait son apparition.
Coucou #Sarkozy #Nkmeeting pic.twitter.com/i1qQrqpT6J
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 10 Février 2014
"Il n'y a qu'une seule connotation à ma présence ici: l'amitié et l'admiration que j'ai pour Nathalie", glisse subrepticement Nicolas Sarkozy. Alors que le cortège présidentielle progresse à grand peine dehors, Marielle de Sarnez et la salle, elles, prennent leur mal en patience: "ce serait bien qu'elle revienne", grince la vice-présidente du Modem. Mais Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet ont retrouvé leur rythme de croisière de 2012. Aux cris de "Nicolas, Nicolas", l'ancien chef d'Etat progresse lentement vers sa place au premier rang. L'acclamation se prolonge et tourne aux "Nicolas président". Une nouvelle carte postale pour 2017. Marielle de Sarnez, elle, a laissé tombé son discours.
Arrivée Sarko imminente, plus personne n'ecoute Sarnez à la tribune #japynkm pic.twitter.com/fm9vYVB6Vk
— Gaspard Dhellemmes (@GaspD) 10 Février 2014
20H05: UN COUAC, DES MOTS D'AMOUR ET UN INTRUS
Enfin installée au pupitre, Nathalie Kosciusko-Morizet savoure l'événement même si son micro ne marche pas. On apprendra plus tard qu'il a été victime d'un "sabotage". En mode stand-up, NKM n'en oublie pas d'adresser ses excuses à "ceux qui n'ont pu entrer" ce soir. Mini-couac: l'entrée est libre depuis une demi-heure et personne n'est resté dans la rue, à part quelques fumeurs.
Des hauts parleurs ont été installés dehors pour le #Nkmeeting mais tout le monde a pu rentrer #Tantpis pic.twitter.com/AQwuHEanA9
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 10 Février 2014
Mais la candidate UMP à la mairie de Paris enchaîne les piques à l'adresse des socialistes et nationalise son discours, à la grande joie de son "cher Nicolas", dont le sourire s'étale régulièrement sur les plans de coupe des organisateurs.
"Qu'ont-ils fait de Paris?", se désole NKM en ciblant tour à tour François Hollande et Anne Hidalgo. "Même façon de dire tout et son contraire pour plaire au public du moment. Même façon de tromper, de biaiser, pour espérer gagner". Assis sur son siège, Nicolas Sarkozy opine du chef.
Mais l'irruption d'un intrus, non loin de l'ancien président, vient rompre le charme. L'énergumène interrompt le discours de la candidate avant d'être promptement expulsé de la salle. Un militant socialiste? Non, un partisan de la Manif pour tous, venu déclarer son hostilité à NKM pour avoir voté "neutre" (sic) sur le mariage gay. Plus de peur que de mal.
Le perturbateur, proche de la Manif pour tous, critiquait le fait que NKM ait voté neutre au mariage gay pic.twitter.com/XEBtKdOooD
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 10 Février 2014
20H42: SARKOZY, C'EST DÉJÀ FINI
Fin du discours de NKM, et la voilà déjà repartie pour raccompagner son invité de marque. Dans une nouvelle cohue de caméras, le cortège présidentiel est escorté vers la sortie. Derrière, la porte du gymnase est promptement refermée pour ne pas que la foule, qui scande "Nicolas reviens" ne gâche les adieux.
Coucou #Sarkozy s'en va aux cris de "Nicolas reviens" #Nkmeeting pic.twitter.com/S68tonetil
— Geoffroy Clavel (@GeoClavel) 10 Février 2014
Nicolas Sarkozy glisse un petit mot à l'adresse de sa porte-parole, saluant une fois encore son intelligence et sa loyauté. Puis repart dans sa berline noire. Sur le trottoir, NKM rit lorsqu'on lui demande s'il ne lui a pas volé la vedette. "Nicolas Sarkozy est Parisien. C'est un signe d'amitié", esquive-t-elle avant de rejoindre les siens.
Peu avant, un jeune homme venu exprès de Nantes s'extasiait: "NKM est une chance pour Paris. Mais Sarkozy, je suis son plus grand fan".
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