Alors que le gouvernement espagnol a décidé de restreindre les conditions d'accès à l'IVG et que le Parlement français vient de modifier symboliquement la rédaction d'un article de la Loi Veil du 17 janvier 1975, l'Ifop a reposé pour Sud-Ouest Dimanche une question que notre institut avait posée il y a quarante ans. La mise en regard des résultats de nos deux enquêtes permet de mesurer que l'opinion des Français sur les conditions d'avortement a changé de manière très significative. Alors qu'en septembre 1974, à quelques mois du vote de la loi, un peu moins de la moitié des Français (48%) était favorable à ce que l'on autorise l'IVG sur demande de la femme quand celle-ci estimait ne pas être en mesure d'élever un enfant (à cause de ses "conditions matérielles ou morales d'existence"), cette position est aujourd'hui partagée par trois quarts des Français (75%).
Si l'attitude de la société française s'est donc fortement libéralisée concernant l'IVG, il n'en demeure pas moins qu'un quart des personnes interrogées en 2014 considèrent qu'il faut poser des limites au droit à l'avortement. Pour 19% des Français, cela passe par n'autoriser l'interruption de grossesse que dans certains cas limités et précis (contre 25% en 1974), alors que 6% déclarent que l'IVG ne doit être autorisée que lorsque de la vie de la femme est en danger. On notera que c'est sur cette position la plus radicale que le recul a été le plus important : -18 points, 24% des Français adhérant à cette position en 1974.
Autre fait marquant et allant à rebours de certaines idées-reçues, on observe que dans la France d'aujourd'hui, il n'existe pas de réel clivage de sexe ou d'âge sur les conditions d'interruption volontaire de grossesse. En effet, hommes et femmes se prononcent tout autant pour une autorisation extensive de l'IVG à respectivement : 74 et 77%. L'enquête réalisée par l'Ifop en 1974 avait d'ailleurs elle aussi montré que les hommes et les femmes portaient le même jugement sur la question. En revanche, à l'époque, les positions divergeaient très sensiblement selon l'âge. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le clivage générationnel qui existait en 1974 - "seuls" 35% des personnes âgées de 65 ans et plus étaient favorables à cette autorisation extensive de l'IVG contre 53 % des moins de 35 ans - s'est effacé avec le renouvellement des générations et les mutations de la société. Désormais, la proportion de personnes favorables à une autorisation sans restriction de l'IVG atteint le même niveau (77%) parmi les moins de 35 ans et les 65 ans et plus, qui avaient 25 ans ou plus au moment du vote de la loi.
Si l'opinion française est massivement acquise à un recours à l'IVG sans condition, une minorité non négligeable, représentant un quart de la population totale mais aussi un quart des femmes et des jeunes, souhaiterait que cette pratique soit plus encadrée. L'absence de différences entre les résultats observés, d'une part, parmi les hommes et les femmes et, d'autre part, selon les différentes tranches d'âge, indique que d'autres clivages sont à l'œuvre sur cette question. L'opposition à un accès sans condition à l'IVG se structure d'abord sur une appartenance religieuse et, en second lieu, selon la sympathie partisane.
Ainsi, 47 % des catholiques pratiquants sont partisans de l'instauration de conditions d'accès contre 25 % dans l'ensemble de la population, 24 % parmi les non-pratiquants et 15 % chez les sans religion. Si les catholiques pratiquants se révèlent être le groupe social le moins libéral sur l'IVG, une courte majorité d'entre eux (53 %) est néanmoins favorable à une liberté totale d'avortement alors que ce n'était le cas que de 37% des catholiques pratiquants interrogés en 1974. De la même façon, les plus restrictifs à l'égard du droit à l'avortement ne représentent aujourd'hui que 13% des catholiques pratiquants, soit 17 points de moins qu'à la veille du vote de la loi Veil.
Au regard de la proximité politique, on remarque que quelle que soit l'époque, les sympathisants de gauche se révèlent plus favorables à un droit extensif à l'avortement que les électeurs de droite, même si l'écart s'est réduit à la faveur d'un mouvement de rattrapage opéré dans l'électorat de droite. Les sympathisants de la majorité giscardienne en 1974 n'étaient favorables qu'à 33 % à cette mesure qui était en revanche déjà soutenue par une nette majorité à gauche : 61 % parmi les électeurs socialistes et 72 % dans l'électorat communiste.
Quarante ans plus tard, le rapport de force s'est totalement inversé à droite puisque ce sont désormais 67 % des proches de l'UMP qui adhèrent à une vision extensive du droit à l'IVG (+ 44 points par rapport à 1974). Les électeurs de gauche sont toujours davantage en pointe, avec pas moins de 86 % dans l'électorat socialiste et 87 % dans celui du Front de Gauche, soit des progressions plus limitées (mais la gauche était déjà largement convaincue), respectivement +25 et +15 points. On notera, pour finir, qu'à l'instar de Marine Le Pen, une nette majorité des sympathisants du FN (64 %) est favorable à cette conception ouverte, quand une minorité, 36 %, est en phase avec Jean-Marie Le Pen, qui conformément à la position historique de son parti sur le sujet, a déclaré soutenir la récente décision espagnole de restreindre le droit à l'avortement.
Si l'attitude de la société française s'est donc fortement libéralisée concernant l'IVG, il n'en demeure pas moins qu'un quart des personnes interrogées en 2014 considèrent qu'il faut poser des limites au droit à l'avortement. Pour 19% des Français, cela passe par n'autoriser l'interruption de grossesse que dans certains cas limités et précis (contre 25% en 1974), alors que 6% déclarent que l'IVG ne doit être autorisée que lorsque de la vie de la femme est en danger. On notera que c'est sur cette position la plus radicale que le recul a été le plus important : -18 points, 24% des Français adhérant à cette position en 1974.
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Si l'opinion française est massivement acquise à un recours à l'IVG sans condition, une minorité non négligeable, représentant un quart de la population totale mais aussi un quart des femmes et des jeunes, souhaiterait que cette pratique soit plus encadrée. L'absence de différences entre les résultats observés, d'une part, parmi les hommes et les femmes et, d'autre part, selon les différentes tranches d'âge, indique que d'autres clivages sont à l'œuvre sur cette question. L'opposition à un accès sans condition à l'IVG se structure d'abord sur une appartenance religieuse et, en second lieu, selon la sympathie partisane.
Ainsi, 47 % des catholiques pratiquants sont partisans de l'instauration de conditions d'accès contre 25 % dans l'ensemble de la population, 24 % parmi les non-pratiquants et 15 % chez les sans religion. Si les catholiques pratiquants se révèlent être le groupe social le moins libéral sur l'IVG, une courte majorité d'entre eux (53 %) est néanmoins favorable à une liberté totale d'avortement alors que ce n'était le cas que de 37% des catholiques pratiquants interrogés en 1974. De la même façon, les plus restrictifs à l'égard du droit à l'avortement ne représentent aujourd'hui que 13% des catholiques pratiquants, soit 17 points de moins qu'à la veille du vote de la loi Veil.
Au regard de la proximité politique, on remarque que quelle que soit l'époque, les sympathisants de gauche se révèlent plus favorables à un droit extensif à l'avortement que les électeurs de droite, même si l'écart s'est réduit à la faveur d'un mouvement de rattrapage opéré dans l'électorat de droite. Les sympathisants de la majorité giscardienne en 1974 n'étaient favorables qu'à 33 % à cette mesure qui était en revanche déjà soutenue par une nette majorité à gauche : 61 % parmi les électeurs socialistes et 72 % dans l'électorat communiste.
Quarante ans plus tard, le rapport de force s'est totalement inversé à droite puisque ce sont désormais 67 % des proches de l'UMP qui adhèrent à une vision extensive du droit à l'IVG (+ 44 points par rapport à 1974). Les électeurs de gauche sont toujours davantage en pointe, avec pas moins de 86 % dans l'électorat socialiste et 87 % dans celui du Front de Gauche, soit des progressions plus limitées (mais la gauche était déjà largement convaincue), respectivement +25 et +15 points. On notera, pour finir, qu'à l'instar de Marine Le Pen, une nette majorité des sympathisants du FN (64 %) est favorable à cette conception ouverte, quand une minorité, 36 %, est en phase avec Jean-Marie Le Pen, qui conformément à la position historique de son parti sur le sujet, a déclaré soutenir la récente décision espagnole de restreindre le droit à l'avortement.
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