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Pas de grève pour Libération, mais les salariés vont répliquer dans le journal

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MÉDIAS - Les salariés de Libération, réunis en assemblée générale dimanche, ont décidé à l'unanimité de répliquer dans les colonnes du journal au projet de leurs actionnaires plutôt que de faire grève, a annoncé Olivier Bertand (SUD), élu au CE.

Environ 150 salariés de Libération se sont réunis dimanche vers 12h30 sur le projet surprise de leurs actionnaires de transformer le journal en réseau social et leur siège en espace culturel, le papier ne semblant plus prioritaire.

Le journal sortira lundi, mais certaines pages seront utilisées pour "expliquer la situation à ses lecteurs", précise Emmanuelle Anizon, journaliste pour Télérama.




"Nous estimons que cette situation est illégale car le plan de développement présenté vendredi n'est pas celui discuté depuis des mois. On va voir quelle réponse apporter et étudier si nous ne sommes pas dans un délit d'entrave", a précisé Olivier Bertand (SUD), élu au CE.

"Nous informerons les lecteurs dans plusieurs pages du journal de lundi sur le conflit, et nous continuerons les jours suivants", a expliqué Fatima Brahmi (CGT).

"Le journal, c'est notre arme. Nous voulons nous exprimer, nous faire connaître, répondre à ceux qui nous font un procès en archaïsme. C'est aussi une bataille de communication. Nous pourrions aussi faire une enquête sur Bruno Ledoux (actionnaire, ndlr) pour savoir quelle est sa surface financière ?", a commenté un journaliste ayant requis l'anonymat.

Vendredi soir, les salariés de Libération (290) avaient découvert ce projet dans un mail avant sa publication dans les pages du quotidien le samedi.

En réaction, la rédaction s'est emparée de la "Une" de samedi en titrant en énormes caractères "Nous sommes un journal", et pas un restaurant ou un incubateur de start-up.




Que deviennent les négociations sociales actuelles sur le plan d'économies, qui n'évoquaient pas du tout ce projet ? Quel sera le sort de la rédaction, du journal papier ? Quelle stratégie adopter ? Grève ou non ? Autant de questions qui devaient être posées durant l'AG.

Chute des ventes

Des négociations sociales tendues se déroulent depuis des mois à "Libé", journal en graves difficultés financières: le journal a perdu plus d'un million d'euros en 2013 et ses ventes ont chuté l'an dernier de 15%, de loin la plus forte baisse parmi les quotidiens français, pour tomber à 100.000 exemplaires.

Jusqu'ici les actionnaires et la direction discutaient avec les représentants des salariés sur un plan d'économies de 4 millions d'euros, comportant des baisses de salaires volontaires de 10%, sans parvenir à un accord pour l'instant. Le journal ne dispose plus que de quelques mois de trésorerie et les actionnaires ne veulent plus le renflouer.

Le projet, élaboré par l'homme d'affaires Bruno Ledoux, l'un des principaux actionnaires du journal, prévoit que Libération ne sera "plus seulement un éditeur papier" mais un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias". La rédaction déménagera et les 4.500 m2 du siège seront réaménagés par le célèbre designer Philippe Starck en "un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une news room digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up", sous la marque "Libération", comme un "Flore du XXIème siècle".

Cette annonce inattendue a abasourdi les salariés, très attachés à l'esprit de leur journal, ancré à gauche depuis sa naissance il y a 40 ans.

Lancer cette annonce aussi tranchée, sans avertissement préalable des syndicats, a été le choix volontairement provocateur de Bruno Ledoux, qui avec Edouard de Rotschild détient la majorité (52%) du capital.

Maintenant que le projet est clairement posé sur la table, a-t-il expliqué à l'AFP, chacun devra se prononcer. Selon lui, hors de ce projet, c'est la faillite assurée.

"Notre projet est la seule solution viable pour Libération. Si les salariés refusent, Libération n'a pas d'avenir", a-t-il déclaré. "Les salariés voulaient un projet, ils l'ont. Le papier restera au coeur du système mais ne sera plus le système lui-même".

Un mail confidentiel de Bruno Ledoux qui a fuité dans la presse vendredi, et où l'actionnaire qualifiait les salariés de Libération d'esprits "étriqués" qu'il fallait "ringardiser", avait encore exacerbé leur colère. Plusieurs salariés citaient encore ce mail avec amertume juste avant le début de l'AG.

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