Nous devons à Daniel Stern cette belle formule: l'"accordage affectif". De manière musicale une maman prononce un son pour s'accorder avec un geste répétitif d'un bébé. Celui-ci sensible à la prosodie communique alors avec sa mère par une mimique répétée. Tous les progrès de l'enfant reposent sur le socle de ces interactions dans lesquelles le nourrisson est, à la fois, récepteur et émetteur.
Mais l'actualité terrible de cette petite fille retrouvée dans le coffre d'une voiture et de cette autre enfant abandonnée à la marée montante rend bien difficile la compréhension de ces comportements maternels incompréhensibles.
Ces deux tragiques événements sont liés par le fait que ni l'une ni l'autre n'avaient de place dans leur famille. L'une était cachée, littéralement abandonnée à domicile et l'autre n'avait pas d'existence civile: non déclarée à l'état civil. Personne non plus pour les soutenir, les protéger: ni le père pour l'une, pas plus que le père de l'autre ou la grande sœur. L'une, sauvée par un garagiste et l'autre tuée dans les eaux glacées. Les deux n'étant pas investies ne pouvaient être protégées.
La parabole de Salomon est exemplaire: la mère est celle qui ayant donné la vie, la protège même au risque de perdre son enfant. Pour la première histoire tout doit être organisé pour le soutien de cette mère "abandonnique" car l'évolution de la petite fille en dépend. Si on les sépare (réaction normale dans le but de protéger l'enfant) elle gardera toujours ce sentiment d'abandon, renforcé quand elle connaitra, plus tard, son histoire. Elle ne pourra jamais intégrer la maltraitance dont elle a été la victime. Y arrivera-t-elle? Seule son évolution accompagnée, soutenue nous le dira.
Pour la deuxième enfant comment se départir des images de cette petite fille emmitouflée, protégée du froid en route vers son mortel abandon? On espère, on suppose la mère malade, délirante car aucune explication ne nous semble possible. De sombres pensées nous envahissent : elle devrait retourner sur elle son aggresivité meutrière. La mémoire respectueuse due à l'enfant impose qu'on l'écoute, qu'elle parle de l'inexplicable. Mais la sanction, immédiatement, surgie dans notre conscience comme réparatrice. Longue, prolongée même si elle se déroule dans un lieu de soins. Seule la punition, quelle que soit ses capacités psychiques, la maintient dans notre monde. Toutes ces années qu'elle va passer en détention ne compenseront pas la vie volée de l'enfant, mais le respect de sa mémoire, elle si fragile, impose cette maigre compensation du temps de vie.
Cette pettite fille dans la poussette doit rester vivante dans nos souvenirs et celle du coffre nous laisser espérer que tout se joue toujours même si au début de la vie on possède peu d'atouts dans son jeu.
Mais l'actualité terrible de cette petite fille retrouvée dans le coffre d'une voiture et de cette autre enfant abandonnée à la marée montante rend bien difficile la compréhension de ces comportements maternels incompréhensibles.
Lire aussi:
Ces deux tragiques événements sont liés par le fait que ni l'une ni l'autre n'avaient de place dans leur famille. L'une était cachée, littéralement abandonnée à domicile et l'autre n'avait pas d'existence civile: non déclarée à l'état civil. Personne non plus pour les soutenir, les protéger: ni le père pour l'une, pas plus que le père de l'autre ou la grande sœur. L'une, sauvée par un garagiste et l'autre tuée dans les eaux glacées. Les deux n'étant pas investies ne pouvaient être protégées.
La parabole de Salomon est exemplaire: la mère est celle qui ayant donné la vie, la protège même au risque de perdre son enfant. Pour la première histoire tout doit être organisé pour le soutien de cette mère "abandonnique" car l'évolution de la petite fille en dépend. Si on les sépare (réaction normale dans le but de protéger l'enfant) elle gardera toujours ce sentiment d'abandon, renforcé quand elle connaitra, plus tard, son histoire. Elle ne pourra jamais intégrer la maltraitance dont elle a été la victime. Y arrivera-t-elle? Seule son évolution accompagnée, soutenue nous le dira.
Pour la deuxième enfant comment se départir des images de cette petite fille emmitouflée, protégée du froid en route vers son mortel abandon? On espère, on suppose la mère malade, délirante car aucune explication ne nous semble possible. De sombres pensées nous envahissent : elle devrait retourner sur elle son aggresivité meutrière. La mémoire respectueuse due à l'enfant impose qu'on l'écoute, qu'elle parle de l'inexplicable. Mais la sanction, immédiatement, surgie dans notre conscience comme réparatrice. Longue, prolongée même si elle se déroule dans un lieu de soins. Seule la punition, quelle que soit ses capacités psychiques, la maintient dans notre monde. Toutes ces années qu'elle va passer en détention ne compenseront pas la vie volée de l'enfant, mais le respect de sa mémoire, elle si fragile, impose cette maigre compensation du temps de vie.
Cette pettite fille dans la poussette doit rester vivante dans nos souvenirs et celle du coffre nous laisser espérer que tout se joue toujours même si au début de la vie on possède peu d'atouts dans son jeu.