Cet article a été précédemment publié par le magazine L'Histoire
Le monopole de l'État sur la vente des tabacs remonte au XVIIe siècle. Commerçants de proximité, les buralistes ont bien été, de tout temps, des agents du fisc.
Les 34.000 débitants de tabac sont en grande colère : l'interdiction de vendre aux moins de seize ans et les augmentations spectaculaires et répétées des prix, qui entraînent une croissance de la contrebande, provoquent leur mobilisation générale. Leur militantisme d'aujourd'hui tranche singulièrement avec leur passivité d'hier. Le contrôle traditionnel exercé sur leur activité explique cette atonie.
A la différence, en effet, d'un autre commerce "à risque" en terme de santé publique le débit d'alcool, longtemps très libre, le commerce du tabac a été soigneusement encadré par le pouvoir. Dès 1674, Colbert décide qu'il faut donner à l'État le monopole de la vente des tabacs dans tout le royaume : "L'usage du tabac étant devenu si commun dans tous les États, qu'il a donné lieu à la plupart des princes voisins de faire de ce commerce l'un de leurs principaux revenus, nous avons cru que nous pouvions en établir un semblable dans nos États par le débit du tabac. Et nous avons trouvé la proposition qui nous en a été faite d'autant plus raisonnable que ce n'est point une denrée nécessaire pour la santé, ni pour l'entretien de la vie.
"A ces causes, nous disons, déclarons et ordonnons, voulons et nous plaît, que tout le tabac du cru de notre royaume, îles françaises de l'Amérique, tabac mâtiné de Brésil, et autre venant des pays étrangers, en feuille, rouleau, corde, en poudre, parfumé et non parfumé, ou autrement, de quelque sorte en manière que ce soit, sera à l'avenir vendu et débité, tant en gros qu'en détail, par ceux qui seront par nous préposés au prix que nous avons fixé [1]".
La monarchie afferme bien vite le monopole à un consortium de banquiers, qui établit un réseau de distribution dans tout le royaume. Le buraliste d'Ancien Régime est donc un simple employé de la Ferme générale, qui n'entre pas dans la catégorie des corporations.
La Ferme le soumet à une réglementation fort stricte, exigeant une comptabilité rigoureuse et la vente avec cachet d'authentification. Les débitants paient comptant les tabacs à l'entrepôt et les revendent à la clientèle avec une marge de 13 à 15% selon les produits.
Il leur est bientôt reproché de participer à une contrebande intense à travers les frontières poreuses du royaume et de tricher abondamment sur la qualité et le poids de leurs produits. Le tabac râpé utilisé pour la prise, qui est la consommation la plus courante est en effet souvent mélangé à des "poudres factices" , telles la sciure de bois de rose, la poudre de brique pulvérisée ou la cendre.
Sévèrement réprimée, la fraude reste cependant exceptionnelle et les débits de tabac, lieux accueillants où l'on vend et consomme aussi du vin et de l'eau-de-vie, courent les rues à la fin de l'Ancien Régime. En 1789, on en compte près de 43.000.
Le monopole de l'État sur la vente des tabacs remonte au XVIIe siècle. Commerçants de proximité, les buralistes ont bien été, de tout temps, des agents du fisc.
Les 34.000 débitants de tabac sont en grande colère : l'interdiction de vendre aux moins de seize ans et les augmentations spectaculaires et répétées des prix, qui entraînent une croissance de la contrebande, provoquent leur mobilisation générale. Leur militantisme d'aujourd'hui tranche singulièrement avec leur passivité d'hier. Le contrôle traditionnel exercé sur leur activité explique cette atonie.
A la différence, en effet, d'un autre commerce "à risque" en terme de santé publique le débit d'alcool, longtemps très libre, le commerce du tabac a été soigneusement encadré par le pouvoir. Dès 1674, Colbert décide qu'il faut donner à l'État le monopole de la vente des tabacs dans tout le royaume : "L'usage du tabac étant devenu si commun dans tous les États, qu'il a donné lieu à la plupart des princes voisins de faire de ce commerce l'un de leurs principaux revenus, nous avons cru que nous pouvions en établir un semblable dans nos États par le débit du tabac. Et nous avons trouvé la proposition qui nous en a été faite d'autant plus raisonnable que ce n'est point une denrée nécessaire pour la santé, ni pour l'entretien de la vie.
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"A ces causes, nous disons, déclarons et ordonnons, voulons et nous plaît, que tout le tabac du cru de notre royaume, îles françaises de l'Amérique, tabac mâtiné de Brésil, et autre venant des pays étrangers, en feuille, rouleau, corde, en poudre, parfumé et non parfumé, ou autrement, de quelque sorte en manière que ce soit, sera à l'avenir vendu et débité, tant en gros qu'en détail, par ceux qui seront par nous préposés au prix que nous avons fixé [1]".
La monarchie afferme bien vite le monopole à un consortium de banquiers, qui établit un réseau de distribution dans tout le royaume. Le buraliste d'Ancien Régime est donc un simple employé de la Ferme générale, qui n'entre pas dans la catégorie des corporations.
La Ferme le soumet à une réglementation fort stricte, exigeant une comptabilité rigoureuse et la vente avec cachet d'authentification. Les débitants paient comptant les tabacs à l'entrepôt et les revendent à la clientèle avec une marge de 13 à 15% selon les produits.
Il leur est bientôt reproché de participer à une contrebande intense à travers les frontières poreuses du royaume et de tricher abondamment sur la qualité et le poids de leurs produits. Le tabac râpé utilisé pour la prise, qui est la consommation la plus courante est en effet souvent mélangé à des "poudres factices" , telles la sciure de bois de rose, la poudre de brique pulvérisée ou la cendre.
Sévèrement réprimée, la fraude reste cependant exceptionnelle et les débits de tabac, lieux accueillants où l'on vend et consomme aussi du vin et de l'eau-de-vie, courent les rues à la fin de l'Ancien Régime. En 1789, on en compte près de 43.000.
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