Depuis des semaines, l'État islamique est sur toutes les lèvres. Pas une journée ne passe sans que l'on entende parler ou discuter de ce soleil levant. Des chrétiens décapités, des populations civiles massacrées... Mais hier, pour nous, concitoyens français, une barrière a été franchie. C'est un Français, innocent, amoureux de l'Algérie, qui a été atrocement assassiné. C'est la France qui est désormais concernée par ce que ces personnes, dont l'inhumanité est sans nom, ont fait. Un simple alpiniste, qui n'a rien demandé à personne, un civil qui s'est fait ôter la vie, simplement parce qu'il était au mauvais moment, au mauvais endroit.
Nous avons tenus à écrire cette tribune ensemble pour affirmer qu'en tant que musulmans, nous condamnons fermement cet assassinat ; mais nous tenons également à condamner un certains nombre de pratiques en vogue et contre lesquels nous devons nous inscrire afin de ne pas tomber dans une société stigmatisante et intolérante.
Nous condamnons fermement cet assassinat
Il va de soi que nous condamnons cet acte. En réalité, ceux qui ont perpétré cet acte odieux l'ont fait sans se soucier de quoique ce soit. A chaque fois qu'un tel assassinat prend place, l'opinion publique attend une réaction des musulmans. Des questions-types circulent : « qu'attendent-ils [les musulmans] pour réagir ? Pourquoi ne le font-ils pas ? Cautionnent-ils un tel acte ? »
A toutes ces questions nous répondons que le silence, lorsqu'un tel acte est perpétré, n'est pas le synonyme d'acceptation. L'unanimité des musulmans condamne toute forme de terrorisme, peu importe où il trouve son fondement. Qu'il s'agisse des moines bouddhistes fondamentalistes en Birmanie, des ultra-orthodoxes juifs ou encore des fondamentalistes musulmans... Mais, comme avec le conflit israélo-palestinien, ce n'est pas parce qu'une minorité commet des exactions que nous pouvons blâmer une majorité ou sinon l'intégralité d'une religion.
Ce n'est parce que des hommes, prenant des libertés par rapport au dogme religieux, ont commis ces actes que tous les musulmans, et tout spécialement ceux de France, se comportent ainsi. Oublie-t-on tous ces musulmans qui s'engagent dans des débats interreligieux ? Oublie-t-on tous ces musulmans largement intégrés à notre République Française et qui n'ont rien demandé d'autre à ce qu'on les laisse tranquille ?
Nous rappelons que nous condamnons toute forme de terrorisme. Nous ne faisons pas là une vision sélective de notre condamnation. En revanche, nous nous permettons de le dire, car nous manifestons notre solidarité à la famille d'Hervé Gourdel, un concitoyen français. Nous le faisons parce que dans notre tryptique de la devise française, il y a le mot « fraternité ». Nous le faisons également parce que l'islam nous enseigne que le meurtre d'un homme revient au meurtre le l'Humanité toute entière.
Nous condamnons fermement l'utilisation sémantique autour de l'islam
Islam, islamisme, Jihad, État, État islamique sont les termes qui sont communément utilisés dans notre espace public.
Ces termes, mal utilisés ou utilisés à outrance, créent une forme de réalité sociale. Peu à peu tous les musulmans vont être assimilés à ces mots. A force de les utiliser à mauvais escient, nous leur donnons une réalité.
Pour ne rester que sur ce thème d'actualité, comment peut-on dire que les personnes qui ont assassiné Hervé Gourdel représentent un État ? Nous lisons Samuel Laurent sur Twitter qui, après avoir estimé, en tant que spécialiste du monde musulman, que le Jihad est un pilier de l'islam, affirme que l'État islamique est un État parce qu'il a un gouvernement, une administration, une armée et du financement... Non, Monsieur Laurent, le Jihad n'est pas un pilier de l'islam, cela relève simplement d'un de vos fantasmes. En revanche, nous voudrions prendre le temps de préciser cette affirmation : l'État islamique est un État.
Au regard du droit international public, pour qu'il y ait un État, il faut une population, un territoire et un gouvernement. Déjà, la notion de territoire pose problème dans le cadre de l'EI (ou le Daesh), comme on a l'habitude de l'appeler désormais. Ensuite, la notion de population fait également crucialement défaut. Aucune population en Irak ne demande la reconnaissance de cet État islamique, d'autant plus qu'il n'y a aucun lien culturel d'attachement. Puis, quand bien même on devait suivre l'analyse de Samuel Laurent, où est la reconnaissance de cet État par la scène internationale ? Nulle part. Où sont la souveraineté et l'indépendance propres à un État ? Nulle part.
L'utilisation de cette sémantique ne fait que contribuer à exacerber des tensions qu'il existe à l'égard de l'islam. Nous condamnons donc l'utilisation de cette rhétorique qui ne fait qu'accentuer les tensions entre les Français. Pourquoi ne pas contribuer à une société plus tolérante ? Attribuer plus de place aux musulmans sur les chaînes d'informations ? Accorder plus de place aux talents musulmans dans le milieu de la littérature, dans la vie économique, dans l'administration ?
Nous condamnons fermement tout rattachement à l'islam
Nous ne pouvons pas croire que l'acte de ces personnes relève de l'islam. Comme le soulignait Edwy Plenel dans son entretien avec Jean-Jacques Bourdin, ces personnes se revendiquent faussement de l'islam. Ils n'en arrivent même pas à la cheville.
L'EI utilise faussement la rhétorique du Jihad. Il existe plusieurs formes de Jihad en islam. Par cette variété, se trouve le Jihad de défense. Dans l'islam, aucune guerre offensive n'est admise. Si la guerre est admise, elle est simplement défensive. Par ailleurs, la guerre défensive telle qu'envisagée par le Coran n'est pas non plus n'importe quelle guerre : il faut que les musulmans soient délogés de leurs habitations, simplement parce qu'ils ont soutenu qu'Allah est Unique. Voit-on ne serait-ce qu'une condition du Jihad remplie ici ? La réponse est nécessairement négative.
L'EI utilise faussement la rhétorique de l'Islam. Conversions forcées, assassinats en toute impunité et sans raison, création d'une quasi-anarchie sont le pain quotidien de ces militants d'une drôle d'espèce. Jamais l'islam n'a favorisé une contrainte en matière religieuse comme l'affirme clairement le verset du Coran La ikra' ha fid' Din. Alors comment peut-on sincèrement affirmer que cela relève de l'islam ? Le meurtre d'un être humain innocent revient à l'assassinat de l'Humanité toute entière. Comment peut-on encore aujourd'hui assassiner ouvertement au nom de l'islam ?
Nous avons tenus à écrire cette tribune ensemble pour affirmer qu'en tant que musulmans, nous condamnons fermement cet assassinat ; mais nous tenons également à condamner un certains nombre de pratiques en vogue et contre lesquels nous devons nous inscrire afin de ne pas tomber dans une société stigmatisante et intolérante.
Nous condamnons fermement cet assassinat
Il va de soi que nous condamnons cet acte. En réalité, ceux qui ont perpétré cet acte odieux l'ont fait sans se soucier de quoique ce soit. A chaque fois qu'un tel assassinat prend place, l'opinion publique attend une réaction des musulmans. Des questions-types circulent : « qu'attendent-ils [les musulmans] pour réagir ? Pourquoi ne le font-ils pas ? Cautionnent-ils un tel acte ? »
A toutes ces questions nous répondons que le silence, lorsqu'un tel acte est perpétré, n'est pas le synonyme d'acceptation. L'unanimité des musulmans condamne toute forme de terrorisme, peu importe où il trouve son fondement. Qu'il s'agisse des moines bouddhistes fondamentalistes en Birmanie, des ultra-orthodoxes juifs ou encore des fondamentalistes musulmans... Mais, comme avec le conflit israélo-palestinien, ce n'est pas parce qu'une minorité commet des exactions que nous pouvons blâmer une majorité ou sinon l'intégralité d'une religion.
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Ce n'est parce que des hommes, prenant des libertés par rapport au dogme religieux, ont commis ces actes que tous les musulmans, et tout spécialement ceux de France, se comportent ainsi. Oublie-t-on tous ces musulmans qui s'engagent dans des débats interreligieux ? Oublie-t-on tous ces musulmans largement intégrés à notre République Française et qui n'ont rien demandé d'autre à ce qu'on les laisse tranquille ?
Nous rappelons que nous condamnons toute forme de terrorisme. Nous ne faisons pas là une vision sélective de notre condamnation. En revanche, nous nous permettons de le dire, car nous manifestons notre solidarité à la famille d'Hervé Gourdel, un concitoyen français. Nous le faisons parce que dans notre tryptique de la devise française, il y a le mot « fraternité ». Nous le faisons également parce que l'islam nous enseigne que le meurtre d'un homme revient au meurtre le l'Humanité toute entière.
Nous condamnons fermement l'utilisation sémantique autour de l'islam
Islam, islamisme, Jihad, État, État islamique sont les termes qui sont communément utilisés dans notre espace public.
Ces termes, mal utilisés ou utilisés à outrance, créent une forme de réalité sociale. Peu à peu tous les musulmans vont être assimilés à ces mots. A force de les utiliser à mauvais escient, nous leur donnons une réalité.
Pour ne rester que sur ce thème d'actualité, comment peut-on dire que les personnes qui ont assassiné Hervé Gourdel représentent un État ? Nous lisons Samuel Laurent sur Twitter qui, après avoir estimé, en tant que spécialiste du monde musulman, que le Jihad est un pilier de l'islam, affirme que l'État islamique est un État parce qu'il a un gouvernement, une administration, une armée et du financement... Non, Monsieur Laurent, le Jihad n'est pas un pilier de l'islam, cela relève simplement d'un de vos fantasmes. En revanche, nous voudrions prendre le temps de préciser cette affirmation : l'État islamique est un État.
Au regard du droit international public, pour qu'il y ait un État, il faut une population, un territoire et un gouvernement. Déjà, la notion de territoire pose problème dans le cadre de l'EI (ou le Daesh), comme on a l'habitude de l'appeler désormais. Ensuite, la notion de population fait également crucialement défaut. Aucune population en Irak ne demande la reconnaissance de cet État islamique, d'autant plus qu'il n'y a aucun lien culturel d'attachement. Puis, quand bien même on devait suivre l'analyse de Samuel Laurent, où est la reconnaissance de cet État par la scène internationale ? Nulle part. Où sont la souveraineté et l'indépendance propres à un État ? Nulle part.
L'utilisation de cette sémantique ne fait que contribuer à exacerber des tensions qu'il existe à l'égard de l'islam. Nous condamnons donc l'utilisation de cette rhétorique qui ne fait qu'accentuer les tensions entre les Français. Pourquoi ne pas contribuer à une société plus tolérante ? Attribuer plus de place aux musulmans sur les chaînes d'informations ? Accorder plus de place aux talents musulmans dans le milieu de la littérature, dans la vie économique, dans l'administration ?
Nous condamnons fermement tout rattachement à l'islam
Nous ne pouvons pas croire que l'acte de ces personnes relève de l'islam. Comme le soulignait Edwy Plenel dans son entretien avec Jean-Jacques Bourdin, ces personnes se revendiquent faussement de l'islam. Ils n'en arrivent même pas à la cheville.
L'EI utilise faussement la rhétorique du Jihad. Il existe plusieurs formes de Jihad en islam. Par cette variété, se trouve le Jihad de défense. Dans l'islam, aucune guerre offensive n'est admise. Si la guerre est admise, elle est simplement défensive. Par ailleurs, la guerre défensive telle qu'envisagée par le Coran n'est pas non plus n'importe quelle guerre : il faut que les musulmans soient délogés de leurs habitations, simplement parce qu'ils ont soutenu qu'Allah est Unique. Voit-on ne serait-ce qu'une condition du Jihad remplie ici ? La réponse est nécessairement négative.
L'EI utilise faussement la rhétorique de l'Islam. Conversions forcées, assassinats en toute impunité et sans raison, création d'une quasi-anarchie sont le pain quotidien de ces militants d'une drôle d'espèce. Jamais l'islam n'a favorisé une contrainte en matière religieuse comme l'affirme clairement le verset du Coran La ikra' ha fid' Din. Alors comment peut-on sincèrement affirmer que cela relève de l'islam ? Le meurtre d'un être humain innocent revient à l'assassinat de l'Humanité toute entière. Comment peut-on encore aujourd'hui assassiner ouvertement au nom de l'islam ?
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