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Plaidoyer pour un bouclier écologique

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L'écologie impose des réformes et des réformes importantes pour changer de modèle de développement.

Il peut paraître redondant de rappeler inlassablement les périls qui guettent: dérèglement climatique, perte de biodiversité, disparition de presque toutes les ressources... Les ressources s'épuisent ; qu'elles soient fossiles ou minérales qu'elles soient non-renouvelables ou qu'on ne leur laisse plus le temps de se reconstituer (le bois ou l'eau par exemple).La météo va devenir erratique, les productions agricoles plus aléatoires, la fourniture d'énergie plus complexe et plus onéreuse. Il n'est donc pas question de nier la gravité de la crise ni l'importance des efforts à fournir.

Dans ce contexte, les changements à opérer ne peuvent se résumer à de simples adaptations, il s'agit de mesures d'ampleur. Le nier est irresponsable. Et réduire ces nécessaires efforts à une forme de punition est clairement à côté des enjeux.

Diminution des consommations d'énergie, modification des modes de transport et d'alimentation, réduction de notre consommation, développement de l'usage (et moins de la propriété), généralisation du recyclage ... Sont autant de mesures à prendre et qui devront toucher aussi bien les entreprises, les administrations et les collectivités que les ménages..Et là se noue la réussite ou au contraire l'échec de la transition écologique, dans son acceptabilité par le plus grand nombre.

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Notre défi est donc de passer une sorte de contrat écologiste avec les citoyens de la même nature et de la même ampleur que le contrat passé après-guerre et qui a permis trente années de stabilité du mode de développement fondé sur le partage des gains de productivité, la création des services publics et l'ensemble des droits sociaux que nous connaissons encore aujourd'hui (assurances retraite et chômage, prestations sociales...). La philosophie qui a présidé à ce contrat social exceptionnel est l'indispensable accès de tous et toutes au progrès, à de meilleures conditions de vie et à un socle de services universels jugés indispensables pour faire société ou pour le dire de manière plus moderne, pour garantir une inclusion dans cette société post guerre.

Le contrat écologiste qu'il convient aujourd'hui de fonder est d'une nature similaire, il revient à garantir un certain nombre de droits et à sécuriser les personnes les plus fragiles, à nouer des liens de solidarité et de justice forts entre tous les membres de la société. Il devra comporter quatre grands axes:

1/ rétablissement et garantie d'une justice sociale comme priorité

Il est indispensable de le reconnaître : l'empreinte écologique est corrélée au revenu. Lutter pour préserver notre planète, notre milieu de vie, revient à diminuer les inégalités, à repartir les richesses. Disons-le sans détour: les riches sont davantage responsables de nos maux que les pauvres et il n'y a pas de raison pour que ces derniers soient en première ligne des efforts à fournir. Or ils le seront en l'absence de bouclier écologique. Ce sont les ménages les plus modestes qui dépensent la plus grande part de leur revenu dans l'énergie. Si son prix augmente ce seront les plus pauvres qui en pâtiront les premiers et de la manière la plus violente.
Aussi est il indispensable de penser une politique fiscale écologique qui soit à la fois juste, réellement redistributrice et efficace écologiquement.

2/ garantie d'un socle de droits mais aussi de ressources pour vivre dignement

Comme les services publics ont en leur temps permis à tous les foyers français de bénéficier de l'accès à l'eau courante, à l'électricité, au téléphone ou au services de soins, la garantie de l'accès aux ressources naturelles doit permettre à chaque foyer une garantie de chauffage, d'électricité ou encore de carburant qui permette de vivre dignement. Ce socle se doit d'être à un prix modique. Au delà en revanche, les tarifs ne peuvent être que très fortement progressifs de manière à dissuader le gaspillage ou la consommation de ressources sans utilité sociale. Dissuader le gaspillage de ressources est en effet aujourd'hui -encore plus qu'hier- une absolue nécessité pour garantir notre avenir.

3/ garantie de capacités d'investissement

Aussi bien pour les entreprises, que pour l'Etat, ou les ménages, des investissements sont indispensables pour diminuer notre dépendance aux énergies : rénovation de bâtiments, des habitations, entretien et développement des infrastructures utiles... Nous avons un besoin urgent d'un plan Marshall de la rénovation écologique des bâtiments et des infrastructures. Le montage financier du plan Marshall pourrait d'ailleurs utilement inspirer celui dont nous avons aujourd'hui besoin : fondé essentiellement sur l'épargne et l'appui aux entreprises locales il a permis à la fois de reconstruire l'Europe mais aussi de soutenir la modernisation de son économie.

4/ garantie d'une équité territoriale

Dans les années d'après guerre et pour permettre à chaque habitant du territoire français d'avoir chez lui l'électricité, le principe de péréquation tarifaire est mis en place. Que vous habitiez en pleine montagne ou au centre ville, le coût de l'installation et du kw/h est identique. C'est ce que l'on appelle la péréquation. L'objectif était que les foyers ruraux notamment ne soient pas lésés par rapport aux urbains. C'est quelque chose de cet ordre qu'il faut inventer notamment sur les transports pour que les habitants de n'importe quel territoire puissent bénéficier d'un droit aux déplacements à faible coût. Mais la encore avec l'idée qu'un changement de modèle est indispensable et que cela s'appuie sur des changements de comportements. Ces changements de comportement qui ne pourront être encouragés que si l'offre d'équipements publics (transports en commun, notamment) est à la hauteur des besoins.
Ce n'est qu'à ces conditions que l'on progressera dans une société cohérente, unie et stable vers la transition écologique.

Cette tribune est également signée de :
Thierry Brochot, président du CF, Michel Bock, Alexis Braud, Yves Contassot, Enzo Poultreniez, Didier-Claude Rodd, conseillers fédéraux.


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