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L'Ukraine et la Russie relativisent les accrocs dans le cessez-le-feu face aux enjeux de l'accord de paix signé à Minsk

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INTERNATIONAL - Moins de 48 heures après avoir été décrété, le cessez-le-feu instauré dans l'est de l'Ukraine a été sérieusement fragilisé dans la nuit de samedi à dimanche 7 septembre.

À Marioupol, dernière grande ville de la région encore sous contrôle ukrainien après de nombreux revers face aux rebelles pro-russes (voir la carte ci-dessous), une femme a été tuée et trois habitants ont été blessés, selon la mairie de ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine.



D'après les autorités locales, des insurgés — qui tentent depuis plusieurs jours de donner l'assaut — ont tiré dans la nuit sur un check-point à la sortie est de la ville et détruit une station-service.

Une fois le jour levé, le calme est revenu dimanche et, même si les signes des combats de la nuit sont restés bien visibles, Kiev et Moscou préfèrent jouer l'apaisement.

Les détails de l'accord signé entre les autorités et les pro-russes

Cette volonté de compromis qui change radicalement de l'attitude intransigeante dont les deux parties ont fait preuve au cours des derniers mois et s'explique sans doute par les enjeux qui reposent sur le "respect" du cessez-le-feu.

Dimanche 7 septembre, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a en effet rendu publics les détails du "protocole" de trêve dans l'est de l'Ukraine. Ce plan, signé vendredi à Minsk par Kiev et les rebelles, est constitué des points suivants :

• Les parties au conflit s'engagent à un "cessez-le-feu bilatéral immédiat", condition préalable aux autres points de l'accord.


• Le président pro-européen et les rebelles conviennent d'appeler à une libération "immédiate" de tous les prisonniers et des otages retenus depuis le début du conflit en avril.


• Le protocole prévoit le retrait des "groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien".


• L'OSCE est chargée de contrôler et vérifier le régime de ce cessez-le-feu. Son équipe sur le terrain devrait être composée d'une soixantaine de personnes.


• Contrairement à la demande russe, il n'est pas fait mention d'une "fédéralisation" des régions de l'Est. L'accord stipule en revanche une "décentralisation" du pouvoir. Cela devrait permettre un "statut spécial" aux régions de Donetsk et Lougansk pour la mise en place d'un "gouvernement autonome provisoire" et la tenue d'élections locales anticipées.


• Le protocole appelle à "un dialogue national inclusif" et garantit l'adoption d'une loi contre la poursuite et la traduction en justice de personnes "impliquées dans certains événements" dans la région de Donetsk et Lougansk. Une tournure qui pourrait en théorie permettre aux deux camps d'éviter d'être accusés de crimes de guerre.


• Le protocole stipule le "contrôle constant et actif" par l'OSCE de la frontière entre la Russie et les régions de Lougansk et Donetsk, longue de 924 km et la création d'une zone de sécurité dans les zones frontalières.


• Le protocole appelle à l'adoption d'un programme pour aider au "rétablissement économique et à la reprise de l'activité" dans le Donbass, région industrielle de l'Ukraine.


• Sur le plan humanitaire, l'accord prévoit des mesures pour "améliorer la situation humanitaire" dans les régions de Donetsk et de Lougansk, sans plus de détails.


• Le dernier point du protocole garantit la sécurité des personnes participants aux négociations.


L'UE prête à revenir de nouvelles sanctions à la Russie

Le respect de ce "protocole" est nécessaire à l'Ukraine, exsangue après cinq mois de combats, et aux pro-russes mais sera aussi directement bénéfique à la Russie.

L'Union européenne s'est en effet dite "prête à revenir" sur les nouvelles sanctions qu'elle envisage d'adopter contre la Russie si le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine est "durable" et/ou si des négociations de paix commencent, a affirmé dimanche le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

"Nous avons remarqué que la Russie ne consentait que difficilement à des négociations sérieuses. Le cessez-le-feu est un pas important, mais ce n'est qu'un pas", a-t-il expliqué. "Pour accroître la pression sur la Russie, nous avons pris des sanctions en plusieurs phases. Lundi, ce sera officiellement approuvé par les chefs de gouvernement". Si la trêve est respectée, "nous sommes prêts [...] à revenir sur ces sanctions", a assuré Van Rompuy.



Comme le montre cette photo d'un poste de premiers secours de Marioupol le 7 septembre,
la trêve n'est pas réellement tenue



Cette nouvelle batterie de sanctions, finalisée vendredi par les ambassadeurs de l'UE, comprend des mesures renforcées concernant l'accès aux marchés des capitaux, la défense, les biens à double usage civil et militaire et les technologies sensibles, ainsi qu'une nouvelle liste de noms de personnes visées par un gel des avoirs et une interdiction de visa européen.

"Le plus important était d'arriver à un cessez-le-feu. Il y a eu quelques incidents. Nous devons attendre un peu pour voir si ces incidents vont durer ou si ce sont des exceptions", a expliqué le président du Conseil européen.

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