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Mistral: Quel sort pour les navires si Paris annule la vente à la Russie ?

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RUSSIE - Impossible de rater le majestueux "Vladivostok" si vous passez près des chantiers navals de Saint-Nazaire. Mais alors qu'il devait rejoindre les eaux russes en octobre, le navire militaire pourrait rester un peu plus longtemps que prévu dans l'embouchure de la Loire. À la veille d'un sommet de l'Otan dominé par la crise ukrainienne, Paris a suspendu mercredi la livraison à Moscou du premier des deux navires militaires Mistral, cédant aux critiques de plusieurs alliés.

C'est bien d'une suspension dont il est sujet, et la France n'abandonne pas l'idée d'entériner la vente après la signature du cessez-le-feu russo-ukrainien. Mais que se passera-t-il si les tensions entre belligérants reprennent de plus belle? Surtout que l'assemblage du second navire, le Sébastopol, bat son plein... Signé en juin 2011 sous l'ère Sarkozy, le contrat d'un montant de 1,2 milliard de dollars prévoit la construction de deux navires type Mistral, des bâtiments de projection et de commandement (des BPC, c'est-à-dire qu'ils servent à débarquer des troupes sur un théâtre d'opérations), par les industriels français STX et DCNS à Saint-Nazaire.

Dans ce genre de dossier, l'acheteur ne paye pas à la fin. Il effectue plusieurs versements à mesure que les étapes de construction se valident. Ainsi, Paris devrait rembourser une bonne moitié du montant en cas d'annulation, assorti d'une indemnité évaluée à un milliard d'euros pour rupture du contrat. Autant de contraintes qui pourraient perturber le sort de ces navires.

Des fleurons militaires difficiles à revendre

Le "Vladivostok" dont l'assemblage s'est achevé à l'été 2013 a fait ses premiers essais en mer début mars et doit être livré fin 2014. Des centaines de marins russes sont d'ailleurs présents à Saint-Nazaire pour recevoir leur formation. Le second le "Sébastopol", du nom de la ville de Crimée, doit l'être en 2016. Surnommé le "couteau suisse", le Mistral est considéré comme l'un des joyaux de la marine française, doté d'un réel caractère stratégique. Seront-elles néanmoins prêtes à remplacer la Russie pour récupérer les bateaux? C'est moins sûr.

Élaborés selon un cahier des charges russe, ces navires sont si personnalisés que cela empêche une revente pure et simple. Les équipements devraient être réadaptés, avec une sacrée ristourne accordée à l'acheteur. Si acheteur il y a! Car conçus pour naviguer dans les mers froides, les Mistrals ne pourraient pas être repris par l'Inde ou le Brésil, deux acheteurs très actifs dans le domaine de la défense ces dernières années.

"Tous les pays n'ont pas le besoin de ce type de bâtiment et surtout tous les pays n'ont pas les moyens d'en acheter", rajoute en outre au HuffPost Frédéric Coste, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique. De plus, cette option obligerait sûrement l'Etat à brader les bâtiments.

Solidarité des alliés avec une reprise de l'Otan ?

L'Otan et l'UE pourraient néanmoins se révéler des sauveurs providentiels. Fin juillet, des élus du parti de la chancelière allemande Angela Merkel avaient proposé de racheter à la France les deux navires militaires, reprenant une idée lancée par les États-Unis.

Fin mai des élus américains avaient suggéré que l'Otan se porte acquéreur ou locataire des navires, d'une valeur de 1,2 milliard d'euros. Une source diplomatique avait alors indiqué à l'époque qu'une telle éventualité n'était "pas très réaliste". Concernant l'UE, un rachat pourrait relancer l'ambition d'une politique de défense européenne.

S'il y avait des bateaux européens, les pays membres pourraient s'épargner les interminables discussions pour savoir quelle nation mettra à disposition ses propres bâtiments. Par ailleurs, l'Europe donnerait un signal politique fort, aussi bien à la Russie qu'aux Etats-Unis: un achat européen serait un grand pas en avant vers plus d'action conjointe entre les armées européennes et ainsi vers une plus grande force militaire commune. Mais cet avenir s'inscrit encore en pointillés...

La décision du président Hollande n'est pas une première en matière de contrats d'armement, hors sanctions internationales. En 1967, le général de Gaulle avait ainsi décrété un embargo sur les ventes d'armes à Israël après la guerre des Six Jours, annulant notamment la livraison en cours de vedettes lance-missiles. Cinq d'entre elles gardées dans le port de Cherbourg (nord) avaient toutefois été récupérées clandestinement par Israël. En 1990, la vente par les Etats-Unis de 28 chasseurs F 16-A dont l'achat était déjà réglé par le Pakistan avait été annulée après un vote du Congrès américain.

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