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Pourquoi François Hollande et Laurent Fabius haussent le ton sur Gaza

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DIPLOMATIE - Plus de doute, la France élève la voix. Les derniers événements à Gaza ont poussé Laurent Fabius et François Hollande à changer leur vocabulaire. Ce lundi 4 août, la condamnation des agissements d'Israël est sans équivoque. Une manière de répondre autant à des impératifs diplomatiques qu'à des questionnements franco-français.

A quelques heures d'intervalle, le ministre des Affaires étrangères et le président de la République ont tous les deux employé le mot "massacre" pour qualifier la situation au Proche-Orient. C'est d'abord un communiqué du Quai d'Orsay qui a donné le "la".

"La tradition d’amitié entre Israël et la France est ancienne et le droit d’Israël à la sécurité est total, mais ce droit ne justifie pas qu’on tue des enfants et qu’on massacre des civils", écrit Laurent Fabius qui évoque "le carnage de Gaza". Idem pour son collègue Arnaud Montebourg qui a exprimé sa position en des termes équivalents sur Twitter.



Puis François Hollande, en déplacement en Belgique pour commémorer la Première guerre mondiale, a déclaré:

"Quand nous savons qu'il se passe des massacres tous les jours au Proche-Orient, nous devons agir."


Un rééquilibrage du discours présidentiel

En distillant ces quelques mots, François Hollande rallie une position défendue par Dominique de Villepin et applaudie par la gauche. Il va surtout tenter de faire oublier la polémique née de sa première intervention sur le conflit. Le 10 juillet, le chef de l'Etat publiait un communiqué dans lequel, il exprimait la solidarité de la France avec Israël, déclenchant un tollé dans une partie de son camp.

"Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces", écrivait l'Elysée suite à un entretien du Président avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Aussitôt, plusieurs mouvements de gauche étiquetés pro-palestiniens, avaient dénoncé ce message, estimant qu'il prenait top nettement position en faveur de l'Etat hébreux. "Ses propos sont un encouragement au gouvernement israélien pour continuer sa politique de terreur. Quelle honte!", tonnait le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. "François Hollande apporte son soutien à la politique de représailles menée par Israël, laquelle frappe aveuglément les populations civiles palestiniennes. La violence armée ne saurait être une réponse efficace", abondait EELV.

Même au PS, certains exprimaient leur malaise en lisant le texte élyséen. "Le communiqué donne le sentiment qu'Israël est l'agressé. Il y a pourtant disproportion entre l'attaque et la riposte", jugeait le député Michel Issindou, président du groupe d'études à vocation internationale (GEVI) France-Palestine. "À Sciences-po, en examen de cas pratique, au regard de la position classique, gaullienne, de la France, je ne sais pas si un professeur aurait mis plus de 5/20 à certains communiqués de l'Élysée", tançait même le député Razzy Hammadi, interrogé par le Figaro.

En parlant désormais de "massacre à Gaza", François Hollande confirme que son soutien à Israël n'est pas sans limite.

"Israël ne fait pas les efforts pour épargner les civils"

Il faut dire que sa position de départ est de plus en plus difficile à défendre. La communauté internationale dans son ensemble dénonce de plus en plus facilement les agissements de Tsahal. Dans la ligne de mire des chancelleries mondiales, une frappe sur une école de Rafah gérée par l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) transformée en centre d'accueil pour réfugiés. C'était la troisième fois en dix jours qu'une école de l'ONU est atteinte. Les deux dernières frappes à Beit Hanoun et Jabaliya (nord) avaient fait une trentaine de morts.

"C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Même les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux". Comme nos confrères du HuffPost britannique le relèvent, il n'y a guère que David Cameron pour refuser de condamner fermement l'attitude israélienne (lien en anglais).

"Il faut hausser le ton parce que nos précédents appels pour épargner les civils sont sans effets. Israël ne fait pas tous tous les efforts pour épargner les massacres hallucinants de civils. Ses dirigeants doivent désormais entendre l'exaspération qui naît dans les chancelleries occidentales", précise au HuffPost une source diplomatique.

Mais il reste une question. A quoi bon parler plus fort si Israël entend "poursuivre les opérations jusqu'au rétablissement de la sécurité"? Dans son communiqué, Laurent Fabius évoque une piste: que la communiqué internationale impose une solution politique. "Cessez-le-feu, imposition de la solution de deux Etats et sécurité d’Israël, il n’y a pas d’autre voie", écrit le ministre des Affaires étrangères. La balle est donc dans le camp des Occidentaux.

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