Une incompréhension se cache au cœur de tout conflit. Elle est souvent liée aux préjugés culturels et à l'idée que les gens se font de ce qui est acceptable ou non. Lorsque ces incompréhensions ne sont pas corrigées, elles peuvent rapidement donner lieu à des représentations erronées des faits, ce qui alimente les préjugés et la ségrégation. La diplomatie culturelle peut aider à contester ces idées fausses et à aplanir les différends qui sont à la base des conflits. Bien que son potentiel ait été longtemps ignoré dans le conflit israélo-palestinien, le moment est venu de la mettre en place à l'aide d'outils diplomatiques.
En diplomatie, deux voies sont possibles. La première est l'activité gouvernementale qui cherche à obtenir la coopération et la communication avec une autre nation. La deuxième est non-gouvernementale et comprend des initiatives telles que la diplomatie culturelle. Le conflit militaire actuel entre Israël et Gaza, contrôlé par le Hamas, est un regrettable exemple de la première voie, puisqu'elle ne parvient pas à trouver des solutions à long terme. Les trêves et les cessez-le-feu sont bienvenus mais ne sont que de petits interludes au milieu d'une guerre qui imbrique les dimensions culturelles et religieuses.
La diplomatie culturelle remonte à l'Age de Bronze. Elle était utilisée à la fois par les gouvernements et la société civile afin de préserver les relations entre les groupes. Elle aurait notamment joué un rôle important dans le rapprochement entre les Etats-Unis et l'URSS pendant la guerre froide. Cela comprenait des programmes d'échanges culturels au sein desquels des écrivains, artistes et musiciens américains et soviétiques se rencontraient pour discuter et promouvoir leurs œuvres. L'échange entre les joueurs de tennis de table américains et chinois au début des années 1970 (officieusement connu sous le nom de "diplomatie du ping-pong") a également montré l'utilité de l'interaction culturelle entre l'Est et l'Ouest, puisqu'elle a finalement conduit à la première visite du Président Nixon à Pékin et le dégel des relations sino-américaines. De la même manière, l'art peut surmonter les tabous et impliquer les publics dans un dialogue non-violent. Dans Dancing in Jaffa, un documentaire sur l'association entre deux jeunes danseurs israélien et palestinien, le professeur de danse de salon Pierre Dulaine montrait comment la danse peut aider les enfants à dépasser les préjugés et tisser des liens avec l'autre.
Heartbeat, un ensemble israélo-palestinien de jeunes musiciens basé à Israël, propose des programmes de mentorat et des ateliers pour que les musiciens israéliens et palestiniens "développent une vision critique et transforme le conflit grâce au pouvoir de la musique". En avril 2008, le compositeur danois Merlin Twaalfhoven a tenté de remettre en question les divisions entre Palestiniens et Israéliens en rassemblant des musiciens de Ramallah et de Bethléem, ainsi que des enfants de la Cisjordanie, afin de les faire jouer sur les toits et les balcons autour du mur de séparation à Bethléem. De la même manière, le West-Eastern Divan Orchestra basé à Séville, en Espagne, rassemble des jeunes musiciens israéliens et arabes afin de promouvoir la compréhension interculturelle et le dialogue à travers leur musique. Comme l'a affirmé un des musiciens du Divan, "l'orchestre est un laboratoire humain qui montre au monde entier comment on peut s'accommoder à l'autre." Fondé en 1999 par un chef d'orchestre israélo-argentin et un intellectuel américano-palestinien, l'orchestre a joué dans le monde entier, y compris à Ramallah, dans les Territoires occupés.
La diplomatie culturelle peut aussi permettre de combattre ce que le sociologue norvégien Johan Galtung appelle "la violence structurelle", c'est-à-dire l'existence de structures sociales telles que le racisme institutionnel. Les échanges éducatifs, tels que le programme Fulbright aux Etats-Unis ou le programme Erasmus en Europe, donnent l'occasion aux participants d'apprécier par eux-mêmes la culture d'accueil et ainsi de remettre en cause les structures sociales une fois de retour chez eux. De tels programmes pourraient être développés pour les jeunes étudiants israéliens et palestiniens qui passent une partie de leurs études en dehors de leurs frontières respectives, sous l'égide des organisations internationales, afin d'encourager la compréhension mutuelle de la culture, de la société et de la religion de l'autre. Parce que ce sont des investissements à long terme, ces programmes ont la possibilité de façonner le cœur et l'esprit des futures générations israélo-palestiniennes afin de promouvoir la tolérance et la coexistence pacifique.
La culture a aussi été utilisée comme méthode pour faire face au conflit. Par exemple, Tawfik Gebree, un Palestinien vivant à Gaza, a transformé des photos de fumée de frappes aériennes israéliennes en croquis. L'un des croquis remplace les deux colonnes de fumée par le signe V, probablement pour symboliser la paix ou la victoire. De l'autre côté de la frontière, l'artiste et forgeron israélien Yaron Bob a créé des symboles de paix, tels que des roses, à partir de roquettes et d'artillerie en acier tirées sur Israël depuis Gaza. Recycler des produits de la guerre en messages symboliques de non-agression met en lumière le potentiel que possède la culture pour permettre aux citoyens de trouver une solution au conflit.
A l'ère d'Internet, la propagation instantanée d'expressions culturelles représente à la fois une menace et une bonne opportunité. Toute personne qui possède une connexion Internet et un minimum de créativité peut attirer un public et avoir une influence culturelle. De la création des mèmes à connotation raciste aux tweets intelligemment formulés (mais à caractère belliqueux), la responsabilité culturelle n'est plus réservée aux politiciens ou aux lance-roquettes; elle s'étend désormais à tout homme et toute femme derrière son écran. Le partage de ces opinions divergentes en ligne reproduit une réalité culturelle qui sert uniquement à maintenir le statu quo et va à l'encontre d'un dialogue pacifique plus large. Dans le monde numérique, tout le monde peut être un diplomate culturel. Avec l'aide des médias sociaux, les citoyens des deux côtés de la frontière ainsi que n'importe quel citoyen du monde entier ont le pouvoir de façonner le débat et de développer une culture de réconciliation à travers leur musique, leur art, leur présence numérique et autres manifestations culturelles.
La diplomatie culturelle devrait être considérée par tous les acteurs du conflit israélo-palestinien comme un outil important pour la paix. Il y a encore beaucoup à faire pour encourager, financer et promouvoir les initiatives de diplomatie culturelle. Bien sûr, la diplomatie culturelle ne va pas résoudre le conflit du jour au lendemain. Le changement culturel se fera par étapes. Cependant, en combinant à la fois des projets à long terme, tels que les échanges éducatifs, et des interactions quotidiennes responsables, la diplomatie culturelle peut proposer un canal de dialogue pacifique supplémentaire, exempt de toute contrainte stratégique liée à la politique et à la guerre.
En diplomatie, deux voies sont possibles. La première est l'activité gouvernementale qui cherche à obtenir la coopération et la communication avec une autre nation. La deuxième est non-gouvernementale et comprend des initiatives telles que la diplomatie culturelle. Le conflit militaire actuel entre Israël et Gaza, contrôlé par le Hamas, est un regrettable exemple de la première voie, puisqu'elle ne parvient pas à trouver des solutions à long terme. Les trêves et les cessez-le-feu sont bienvenus mais ne sont que de petits interludes au milieu d'une guerre qui imbrique les dimensions culturelles et religieuses.
La diplomatie culturelle remonte à l'Age de Bronze. Elle était utilisée à la fois par les gouvernements et la société civile afin de préserver les relations entre les groupes. Elle aurait notamment joué un rôle important dans le rapprochement entre les Etats-Unis et l'URSS pendant la guerre froide. Cela comprenait des programmes d'échanges culturels au sein desquels des écrivains, artistes et musiciens américains et soviétiques se rencontraient pour discuter et promouvoir leurs œuvres. L'échange entre les joueurs de tennis de table américains et chinois au début des années 1970 (officieusement connu sous le nom de "diplomatie du ping-pong") a également montré l'utilité de l'interaction culturelle entre l'Est et l'Ouest, puisqu'elle a finalement conduit à la première visite du Président Nixon à Pékin et le dégel des relations sino-américaines. De la même manière, l'art peut surmonter les tabous et impliquer les publics dans un dialogue non-violent. Dans Dancing in Jaffa, un documentaire sur l'association entre deux jeunes danseurs israélien et palestinien, le professeur de danse de salon Pierre Dulaine montrait comment la danse peut aider les enfants à dépasser les préjugés et tisser des liens avec l'autre.
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Heartbeat, un ensemble israélo-palestinien de jeunes musiciens basé à Israël, propose des programmes de mentorat et des ateliers pour que les musiciens israéliens et palestiniens "développent une vision critique et transforme le conflit grâce au pouvoir de la musique". En avril 2008, le compositeur danois Merlin Twaalfhoven a tenté de remettre en question les divisions entre Palestiniens et Israéliens en rassemblant des musiciens de Ramallah et de Bethléem, ainsi que des enfants de la Cisjordanie, afin de les faire jouer sur les toits et les balcons autour du mur de séparation à Bethléem. De la même manière, le West-Eastern Divan Orchestra basé à Séville, en Espagne, rassemble des jeunes musiciens israéliens et arabes afin de promouvoir la compréhension interculturelle et le dialogue à travers leur musique. Comme l'a affirmé un des musiciens du Divan, "l'orchestre est un laboratoire humain qui montre au monde entier comment on peut s'accommoder à l'autre." Fondé en 1999 par un chef d'orchestre israélo-argentin et un intellectuel américano-palestinien, l'orchestre a joué dans le monde entier, y compris à Ramallah, dans les Territoires occupés.
La diplomatie culturelle peut aussi permettre de combattre ce que le sociologue norvégien Johan Galtung appelle "la violence structurelle", c'est-à-dire l'existence de structures sociales telles que le racisme institutionnel. Les échanges éducatifs, tels que le programme Fulbright aux Etats-Unis ou le programme Erasmus en Europe, donnent l'occasion aux participants d'apprécier par eux-mêmes la culture d'accueil et ainsi de remettre en cause les structures sociales une fois de retour chez eux. De tels programmes pourraient être développés pour les jeunes étudiants israéliens et palestiniens qui passent une partie de leurs études en dehors de leurs frontières respectives, sous l'égide des organisations internationales, afin d'encourager la compréhension mutuelle de la culture, de la société et de la religion de l'autre. Parce que ce sont des investissements à long terme, ces programmes ont la possibilité de façonner le cœur et l'esprit des futures générations israélo-palestiniennes afin de promouvoir la tolérance et la coexistence pacifique.
La culture a aussi été utilisée comme méthode pour faire face au conflit. Par exemple, Tawfik Gebree, un Palestinien vivant à Gaza, a transformé des photos de fumée de frappes aériennes israéliennes en croquis. L'un des croquis remplace les deux colonnes de fumée par le signe V, probablement pour symboliser la paix ou la victoire. De l'autre côté de la frontière, l'artiste et forgeron israélien Yaron Bob a créé des symboles de paix, tels que des roses, à partir de roquettes et d'artillerie en acier tirées sur Israël depuis Gaza. Recycler des produits de la guerre en messages symboliques de non-agression met en lumière le potentiel que possède la culture pour permettre aux citoyens de trouver une solution au conflit.
A l'ère d'Internet, la propagation instantanée d'expressions culturelles représente à la fois une menace et une bonne opportunité. Toute personne qui possède une connexion Internet et un minimum de créativité peut attirer un public et avoir une influence culturelle. De la création des mèmes à connotation raciste aux tweets intelligemment formulés (mais à caractère belliqueux), la responsabilité culturelle n'est plus réservée aux politiciens ou aux lance-roquettes; elle s'étend désormais à tout homme et toute femme derrière son écran. Le partage de ces opinions divergentes en ligne reproduit une réalité culturelle qui sert uniquement à maintenir le statu quo et va à l'encontre d'un dialogue pacifique plus large. Dans le monde numérique, tout le monde peut être un diplomate culturel. Avec l'aide des médias sociaux, les citoyens des deux côtés de la frontière ainsi que n'importe quel citoyen du monde entier ont le pouvoir de façonner le débat et de développer une culture de réconciliation à travers leur musique, leur art, leur présence numérique et autres manifestations culturelles.
La diplomatie culturelle devrait être considérée par tous les acteurs du conflit israélo-palestinien comme un outil important pour la paix. Il y a encore beaucoup à faire pour encourager, financer et promouvoir les initiatives de diplomatie culturelle. Bien sûr, la diplomatie culturelle ne va pas résoudre le conflit du jour au lendemain. Le changement culturel se fera par étapes. Cependant, en combinant à la fois des projets à long terme, tels que les échanges éducatifs, et des interactions quotidiennes responsables, la diplomatie culturelle peut proposer un canal de dialogue pacifique supplémentaire, exempt de toute contrainte stratégique liée à la politique et à la guerre.
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