Pour les Restos, cette année, le "miracle" (*) de Noël n'aura pas lieu : le cap du million de personnes accueillies et aidées par l'association vient d'être franchi, comme nous le craignions tous en lançant notre 29ème campagne. Nous sommes bien loin des 60 000 bénéficiaires de l'hiver 85/86, année de création des Restos du Cœur.
Cette situation n'est pas récente et la crise qui frappe la France et l'Europe depuis près de six ans en explique bien des aspects. Mais il n'y a toujours aucune baisse significative du chômage et lorsque ce sera le cas, nous savons d'expérience qu'il faudra 18 à 24 mois de plus avant d'en voir les effets notables sur la diminution de l'aide que nous apportons, qui est de plus en plus cruciale et déterminante pour les familles qui poussent la porte des 2000 centres d'activités des Restos.
Alors comment parvenons-nous à faire face aujourd'hui et surtout comment y parviendrons nous toujours demain ?
Principalement grâce à la générosité, l'un des mots les plus beaux de la langue française, qui en cette période de trêve et de partage prend un sens tout particulier : le don.
Quand Coluche a lancé l'initiative de la loi qui porte désormais son nom, il a enclenché un levier incroyablement efficace pour encourager les particuliers et les entreprises à soutenir financièrement le monde associatif. Pourtant, de nombreux observateurs doutaient et criti-quaient cette proposition, pensant qu'elle allait faire de l'ombre aux associations historique-ment en place. C'est tout le contraire qui s'est passé et, après une adoption à l'unanimité au parlement et un rehaussement du niveau de déductibilité, lui aussi voté par tous les députés, cette loi Coluche a irrigué les associations françaises et leur offre aujourd'hui l'essentiel de leurs ressources (46% pour les Restos, de loin le plus gros apport pour l'association). Un humoriste généreux a donc fait du soleil, pour reprendre sa propre expression, à toutes les organisations reconnues d'intérêt général et sans lesquelles le monde humanitaire, mais aussi sportif, culturel, éducatif n'aurait ni la même ampleur ni le même rayonnement dans notre pays.
Certes, des économistes ont bien parfois tenté de "raboter" ces avantages fiscaux, n'hésitant pas à mettre en péril l'équilibre fragile et la confiance durablement acquis. Ignorant ainsi tout bon sens :
Mais sommes-nous allés au bout de tous les dispositifs de générosité possibles ?
Sans conteste non, quand on voit que les dons en nature, et particulièrement les dons agri-coles devant subir une transformation avant de pouvoir être utilisés ne sont en rien incités. C'est un combat nouveau et parfaitement cohérent avec la lutte contre le gaspillage et la mission des agriculteurs étant avant tout de nourrir les femmes et les hommes, y compris les plus fragiles et les plus pauvres. Ce n'est pas un hasard si l'un des principaux promoteurs de ce dispositif a été Jean-Michel Lemétayer, ancien président de la FNSEA, prématurément disparu cet été. Son combat n'a pas été vain ! Les Restos ainsi que quelques autres associations le défendent aujourd'hui, tout comme le monde agricole et le gouvernement, dans le prolongement de l'initiative originelle de Coluche. Ce dispositif est en voie d'être adopté. A l'instar de la loi fiscale incitant les dons financiers, il devra rester simple, lisible, réellement incitatif et offrir à chaque donateur la possibilité de soutenir la cause et l'association en la-quelle il place sa confiance.
Le don ne doit en aucun cas devenir une perception supplémentaire, mais rester la possibilité offerte à chacun de "détourner" légalement une partie de son impôt vers la structure de son choix.
N'oublions pas enfin un donateur tout aussi généreux et qui ne coûte rien aux finances pu-bliques : c'est le bénévole.
Son don de temps et d'énergie permet aux associations de faire, à un coût incroyablement bas, ce qu'aucune autre organisation ne pourrait faire dans les mêmes conditions. Pour les Restos, la valorisation de ce bénévolat est équivalente au budget annuel de l'association (181 millions d'euros en 2013)! Le tout, avec une "valeur ajoutée" inestimable : la relation humaine et la qualité des échanges et de l'écoute apportés à chaque personne accueillie.
Aujourd'hui pour mettre en œuvre toutes les mesures d'accompagnements (de la réinsertion par l'emploi, l'accompagnement budgétaire, la lutte contre l'illettrisme, l'insertion par le loge-ment ou encore en offrant à des familles confiance en soi et moments de répits, notamment par des départs en vacances, et l'accès à la culture et aux loisirs) les Restos ont plus que jamais besoin de nombreux bénévoles. Cet accompagnement quotidien des personnes en situation de grande fragilité est spécifique. Il permet d'une manière générale de reprendre pied et à près d'une personne sur deux de ne pas solliciter l'aide des Restos deux années consécutives. A l'image de Catherine , recrutée par un chantier d'insertion Restos à Méri-gnac et qui, après une longue période de doute, a enfin décroché un CDI. Ce poste de ma-gasinier a été concrétisé grâce aux formations réalisées dans le cadre de son accompagne-ment aux Restos. "A 46 ans, je vais pouvoir respirer et ne plus avoir peur pour mon fils et moi-même".
C'est peut-être cela le "miracle" (*) de Noël des Restos : la générosité qui se transforme en solidarité, le don qui se convertit en insertion.
(*) Précision : les Restos du Cœur sont une association indépendante vis-à-vis de toutes croyances ou pratiques religieuses. Ce terme est utilisé pour son image et sa symbolique, sans aucune autre connotation.
(1) le prénom a été changé
Cette situation n'est pas récente et la crise qui frappe la France et l'Europe depuis près de six ans en explique bien des aspects. Mais il n'y a toujours aucune baisse significative du chômage et lorsque ce sera le cas, nous savons d'expérience qu'il faudra 18 à 24 mois de plus avant d'en voir les effets notables sur la diminution de l'aide que nous apportons, qui est de plus en plus cruciale et déterminante pour les familles qui poussent la porte des 2000 centres d'activités des Restos.
Alors comment parvenons-nous à faire face aujourd'hui et surtout comment y parviendrons nous toujours demain ?
Principalement grâce à la générosité, l'un des mots les plus beaux de la langue française, qui en cette période de trêve et de partage prend un sens tout particulier : le don.
Quand Coluche a lancé l'initiative de la loi qui porte désormais son nom, il a enclenché un levier incroyablement efficace pour encourager les particuliers et les entreprises à soutenir financièrement le monde associatif. Pourtant, de nombreux observateurs doutaient et criti-quaient cette proposition, pensant qu'elle allait faire de l'ombre aux associations historique-ment en place. C'est tout le contraire qui s'est passé et, après une adoption à l'unanimité au parlement et un rehaussement du niveau de déductibilité, lui aussi voté par tous les députés, cette loi Coluche a irrigué les associations françaises et leur offre aujourd'hui l'essentiel de leurs ressources (46% pour les Restos, de loin le plus gros apport pour l'association). Un humoriste généreux a donc fait du soleil, pour reprendre sa propre expression, à toutes les organisations reconnues d'intérêt général et sans lesquelles le monde humanitaire, mais aussi sportif, culturel, éducatif n'aurait ni la même ampleur ni le même rayonnement dans notre pays.
Certes, des économistes ont bien parfois tenté de "raboter" ces avantages fiscaux, n'hésitant pas à mettre en péril l'équilibre fragile et la confiance durablement acquis. Ignorant ainsi tout bon sens :
- le don, même s'il bénéficie d'une déduction partielle, reste un geste d'appauvrissement et ne constitue en rien une niche fiscale.
- le financement associatif qu'il permet coûte incroyablement moins cher aux finances natio-nales et locales que des subventions ou la création d'un service public équivalent
- depuis 2008 et le début de la crise économique qui frappe la France et l'Europe, la géné-rosité financière des donateurs ne s'est pas ralentie, bien au contraire. Mais dans le même temps, les subventions ont stagné en valeur absolue et ont de toute façon régressé en va-leur relative dans le budget des organisations humanitaires.
Mais sommes-nous allés au bout de tous les dispositifs de générosité possibles ?
Sans conteste non, quand on voit que les dons en nature, et particulièrement les dons agri-coles devant subir une transformation avant de pouvoir être utilisés ne sont en rien incités. C'est un combat nouveau et parfaitement cohérent avec la lutte contre le gaspillage et la mission des agriculteurs étant avant tout de nourrir les femmes et les hommes, y compris les plus fragiles et les plus pauvres. Ce n'est pas un hasard si l'un des principaux promoteurs de ce dispositif a été Jean-Michel Lemétayer, ancien président de la FNSEA, prématurément disparu cet été. Son combat n'a pas été vain ! Les Restos ainsi que quelques autres associations le défendent aujourd'hui, tout comme le monde agricole et le gouvernement, dans le prolongement de l'initiative originelle de Coluche. Ce dispositif est en voie d'être adopté. A l'instar de la loi fiscale incitant les dons financiers, il devra rester simple, lisible, réellement incitatif et offrir à chaque donateur la possibilité de soutenir la cause et l'association en la-quelle il place sa confiance.
Le don ne doit en aucun cas devenir une perception supplémentaire, mais rester la possibilité offerte à chacun de "détourner" légalement une partie de son impôt vers la structure de son choix.
N'oublions pas enfin un donateur tout aussi généreux et qui ne coûte rien aux finances pu-bliques : c'est le bénévole.
Son don de temps et d'énergie permet aux associations de faire, à un coût incroyablement bas, ce qu'aucune autre organisation ne pourrait faire dans les mêmes conditions. Pour les Restos, la valorisation de ce bénévolat est équivalente au budget annuel de l'association (181 millions d'euros en 2013)! Le tout, avec une "valeur ajoutée" inestimable : la relation humaine et la qualité des échanges et de l'écoute apportés à chaque personne accueillie.
Aujourd'hui pour mettre en œuvre toutes les mesures d'accompagnements (de la réinsertion par l'emploi, l'accompagnement budgétaire, la lutte contre l'illettrisme, l'insertion par le loge-ment ou encore en offrant à des familles confiance en soi et moments de répits, notamment par des départs en vacances, et l'accès à la culture et aux loisirs) les Restos ont plus que jamais besoin de nombreux bénévoles. Cet accompagnement quotidien des personnes en situation de grande fragilité est spécifique. Il permet d'une manière générale de reprendre pied et à près d'une personne sur deux de ne pas solliciter l'aide des Restos deux années consécutives. A l'image de Catherine , recrutée par un chantier d'insertion Restos à Méri-gnac et qui, après une longue période de doute, a enfin décroché un CDI. Ce poste de ma-gasinier a été concrétisé grâce aux formations réalisées dans le cadre de son accompagne-ment aux Restos. "A 46 ans, je vais pouvoir respirer et ne plus avoir peur pour mon fils et moi-même".
C'est peut-être cela le "miracle" (*) de Noël des Restos : la générosité qui se transforme en solidarité, le don qui se convertit en insertion.
(*) Précision : les Restos du Cœur sont une association indépendante vis-à-vis de toutes croyances ou pratiques religieuses. Ce terme est utilisé pour son image et sa symbolique, sans aucune autre connotation.
(1) le prénom a été changé