MEDEF - "Nous participerons bien", a annoncé vendredi le Medef, après avoir menacé de boycotter la grande conférence sociale qui se tient lundi et mardi à l’Elysée. Il faut dire que Pierre Gattaz pourra aborder les réunions avec un sourire radieux. Face à la menace patronale, Manuel Valls a décidé un report partiel du futur compte pénibilité, qui permettra à certains salariés de partir plus tôt à la retraite, et demandé aux partenaires sociaux de discuter d'une simplification du Code du travail. Le beurre et l’argent du beurre pour le Medef.
Le tout sans contrepartie ni négociation avec les syndicats, à quelques heures d’un rendez-vous censé célébrer le dialogue social à la française. Sans oublier que les prélèvements des entreprises vont baisser de 41 milliards d'euros d'ici 2017 grâce au pacte de responsabilité…
Côté Medef, on juge que "les initiatives récentes du gouvernement sur la pénibilité et le temps partiel étaient de nature à répondre en partie aux inquiétudes des chefs d'entreprise". Mais pour les autres partenaires sociaux, c’est la douche froide. Après avoir parlé de "diktat social", Jean-Claude Mailly (FO) a même menacé de boycotter la conférence (mais il devrait finalement s'y rendre pour "marquer le coup"). "Notre comportement ne peut plus être le même que celui qui était prévu avant la déclaration de Manuel Valls", a-t-il expliqué, "ça n’a plus rien à voir". La CGT et la CFDT sont dans la même logique.
"Il manque à la responsabilité qui devrait être la sienne"
Au gouvernement, malgré la concession de Manuel Valls au Medef, on attend Pierre Gattaz au tournant. Quitte à provoquer le patron des patrons, volontiers accusé de chantage. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll l’a accusé jeudi de ne pas être "au niveau" de sa "responsabilité". "Pierre Gattaz en fait beaucoup trop. Il manque à la responsabilité qui devrait être la sienne. On est dans une situation économique où on demande des efforts à tout le monde, on ne peut pas avoir des patrons qui n’arrêtent pas, comme ça, de faire de la surenchère", a accusé jeudi le ministre de l’Agriculture sur Europe 1.
"Pierre Gattaz manque à la responsabilité qui... par Europe1fr
Au cadeau offert par Matignon, le porte-parole tempère. "Il y a des moments où lorsqu’on gouverne, il faut être capable d’écouter, de dialoguer et d’adapter ce que l’on doit faire", a commenté Stéphane Le Foll.
Le Medef sera-t-il pour autant capable de verser un peu d’eau dans son vin lundi ? Pierre Gattaz n’en a pas l’intention pour l’instant. Dans le communiqué annonçant sa participation à la conférence sociale, il a demandé l’intégration "d’une dimension économique plus poussée" et qu'elle soit "placée dans une dynamique de simplification de la législation sociale et de pragmatisme économique". Des réclamations, encore et encore, alors que le patronat a été particulièrement choyé par le pacte de responsabilité.
Pierre Gattaz est-il allé trop loin? Certains le pensent au gouvernement, et rappellent avec ironie l’épisode du pin’s "un million d’emplois". Portée pendant le temps de l’élaboration du pacte de responsabilité, cette épinglette avait brouillé son discours, puisqu'il l'arborait tout en expliquant qu'il ne fallait pas de contreparties contraignantes en terme d'embauches.
Beaucoup au sommet de l’Etat ne cachent pas leur irritation devant les "postures" du patron des patrons. Un homme "compliqué et imprévisible", qui "noircit sans cesse le tableau" et "plombe une confiance" que François Hollande a toutes les peines à restaurer. "C’est très énervant. Ça ne va jamais. Quoi qu’on fasse", fustige aux Echos un ministre, rappelant que la politique "pro-business" a été assumée et accélérée. Un autre raille "le côté enfantin du patronat :'s’il n’y a pas ça, on ne vient pas !'" jugeant "étrange qu’il ne puisse pas être dans une attitude de responsabilité". "Pierre Gattaz se moque de nous. C’est vraiment pénible ! Il reproche au gouvernement de faire du stop-and-go. Mais c’est lui qui fait du stop-and-go", s’énerve un haut responsable dans le quotidien.
Tiraillé entre 2 courants opposés au Medef
Ce comportement s'explique en grande partie par le fait que Pierre Gattaz est pris entre deux courants opposés au sein du Medef. D'un côté, il doit tenir compte de la frange du patronat très attachée au dialogue social. Elle est notamment emmenée par la puissante fédération de la métallurgie (UIMM). Et il sait aussi qu'il lui faut négocier avec le gouvernement en place. C’est pour cela que sa menace de boycott n’a jamais été mise à exécution.
Mais il doit donner des gages à sa base, particulièrement hostile au gouvernement. C’est notamment le cas d’une partie des dirigeants de l’organisation, positionnée sur une ligne dure. Dont Geoffroy Roux de Bézieux, le numéro 2 du Medef, très vindicatif sur le compte pénibilité.
Cette schizophrénie est bien signalée sur son billet de blog, "Aller à la Conférence sociale... ou pas?". Le président du Medef liste les arguments en faveur d'une participation de son organisation à la Conférence sociale, avant d'énumérer ceux qui incitent au boycott.
Pierre Gattaz souligne ainsi que le Medef "croit en la vertu du dialogue social", ce qui le pousserait à y participer. Mais de l’autre côté, il estime que les chefs d'entreprise ont "le sentiment de n'être pas écoutés et encore moins entendus" par le gouvernement et les syndicats de salariés. Il s'interroge également sur l'opportunité de "parler 'social' sans parler 'situation économique'". Soit une manière de constamment tirer la couverture à son avantage, en continuant de brouiller les pistes.
Le tout sans contrepartie ni négociation avec les syndicats, à quelques heures d’un rendez-vous censé célébrer le dialogue social à la française. Sans oublier que les prélèvements des entreprises vont baisser de 41 milliards d'euros d'ici 2017 grâce au pacte de responsabilité…
Côté Medef, on juge que "les initiatives récentes du gouvernement sur la pénibilité et le temps partiel étaient de nature à répondre en partie aux inquiétudes des chefs d'entreprise". Mais pour les autres partenaires sociaux, c’est la douche froide. Après avoir parlé de "diktat social", Jean-Claude Mailly (FO) a même menacé de boycotter la conférence (mais il devrait finalement s'y rendre pour "marquer le coup"). "Notre comportement ne peut plus être le même que celui qui était prévu avant la déclaration de Manuel Valls", a-t-il expliqué, "ça n’a plus rien à voir". La CGT et la CFDT sont dans la même logique.
"Il manque à la responsabilité qui devrait être la sienne"
Au gouvernement, malgré la concession de Manuel Valls au Medef, on attend Pierre Gattaz au tournant. Quitte à provoquer le patron des patrons, volontiers accusé de chantage. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll l’a accusé jeudi de ne pas être "au niveau" de sa "responsabilité". "Pierre Gattaz en fait beaucoup trop. Il manque à la responsabilité qui devrait être la sienne. On est dans une situation économique où on demande des efforts à tout le monde, on ne peut pas avoir des patrons qui n’arrêtent pas, comme ça, de faire de la surenchère", a accusé jeudi le ministre de l’Agriculture sur Europe 1.
"Pierre Gattaz manque à la responsabilité qui... par Europe1fr
Au cadeau offert par Matignon, le porte-parole tempère. "Il y a des moments où lorsqu’on gouverne, il faut être capable d’écouter, de dialoguer et d’adapter ce que l’on doit faire", a commenté Stéphane Le Foll.
Le Medef sera-t-il pour autant capable de verser un peu d’eau dans son vin lundi ? Pierre Gattaz n’en a pas l’intention pour l’instant. Dans le communiqué annonçant sa participation à la conférence sociale, il a demandé l’intégration "d’une dimension économique plus poussée" et qu'elle soit "placée dans une dynamique de simplification de la législation sociale et de pragmatisme économique". Des réclamations, encore et encore, alors que le patronat a été particulièrement choyé par le pacte de responsabilité.
Pierre Gattaz est-il allé trop loin? Certains le pensent au gouvernement, et rappellent avec ironie l’épisode du pin’s "un million d’emplois". Portée pendant le temps de l’élaboration du pacte de responsabilité, cette épinglette avait brouillé son discours, puisqu'il l'arborait tout en expliquant qu'il ne fallait pas de contreparties contraignantes en terme d'embauches.
Beaucoup au sommet de l’Etat ne cachent pas leur irritation devant les "postures" du patron des patrons. Un homme "compliqué et imprévisible", qui "noircit sans cesse le tableau" et "plombe une confiance" que François Hollande a toutes les peines à restaurer. "C’est très énervant. Ça ne va jamais. Quoi qu’on fasse", fustige aux Echos un ministre, rappelant que la politique "pro-business" a été assumée et accélérée. Un autre raille "le côté enfantin du patronat :'s’il n’y a pas ça, on ne vient pas !'" jugeant "étrange qu’il ne puisse pas être dans une attitude de responsabilité". "Pierre Gattaz se moque de nous. C’est vraiment pénible ! Il reproche au gouvernement de faire du stop-and-go. Mais c’est lui qui fait du stop-and-go", s’énerve un haut responsable dans le quotidien.
Tiraillé entre 2 courants opposés au Medef
Ce comportement s'explique en grande partie par le fait que Pierre Gattaz est pris entre deux courants opposés au sein du Medef. D'un côté, il doit tenir compte de la frange du patronat très attachée au dialogue social. Elle est notamment emmenée par la puissante fédération de la métallurgie (UIMM). Et il sait aussi qu'il lui faut négocier avec le gouvernement en place. C’est pour cela que sa menace de boycott n’a jamais été mise à exécution.
Mais il doit donner des gages à sa base, particulièrement hostile au gouvernement. C’est notamment le cas d’une partie des dirigeants de l’organisation, positionnée sur une ligne dure. Dont Geoffroy Roux de Bézieux, le numéro 2 du Medef, très vindicatif sur le compte pénibilité.
Conférence sociale : le MEDEF n'ira que si le décret pénibilité est repoussé , @PierreGattaz sur @Europe1 ce matin
— G Roux de Bézieux (@GeoffroyRDB) 30 Juin 2014
Cette schizophrénie est bien signalée sur son billet de blog, "Aller à la Conférence sociale... ou pas?". Le président du Medef liste les arguments en faveur d'une participation de son organisation à la Conférence sociale, avant d'énumérer ceux qui incitent au boycott.
Pierre Gattaz souligne ainsi que le Medef "croit en la vertu du dialogue social", ce qui le pousserait à y participer. Mais de l’autre côté, il estime que les chefs d'entreprise ont "le sentiment de n'être pas écoutés et encore moins entendus" par le gouvernement et les syndicats de salariés. Il s'interroge également sur l'opportunité de "parler 'social' sans parler 'situation économique'". Soit une manière de constamment tirer la couverture à son avantage, en continuant de brouiller les pistes.
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