J'ai pris la route le 10 avril dernier depuis l'Assemblée nationale pour aller à votre rencontre,
à l'écoute de celles et ceux qui le souhaiteraient. De villes en villages, de routes en chemins, du Nord
au Sud et de l'Est à l'Ouest, j'ai vu défiler chaque parcelle de ce si beau pays. Je vous ai rencontrés,
sur le bord de la route, sur le pas de vos portes, à l'entrée des bistrots, sur le chemin de l'école ou au au
retour du travail.
Vous m'avez vivement interpelé sur l'effondrement de notre industrie - plus de 500 000 emplois au
cours de ces dix dernières années -, vous avez été des milliers à me demander comment nous avions
pu abandonner notre agriculture, pourtant si riche et si diverse. Vous m'avez surpris en me parlant
quasi-systématiquement de la dette qui conditionne aujourd'hui toutes nos décisions publiques,
vous interrogeant à haute voix sur la façon dont nous pourrions espérer la rembourser autrement
que par des taxes et des impôts. Vous m'avez fait part de votre conviction qu'il fallait reconstruire un
Etat adapté, capable de redonner un sens à notre République.
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Vous m'avez dit et répété avec vos mots l'urgence qu'il y avait à bâtir un grand projet d'instruction
publique qui ré-apprenne à nos enfants à lire, à écrire et à compter. Vous avez partagé avec moi
votre inquiétude de voir notre jeunesse s'exiler à l'étranger faute de pouvoir trouver un avenir ici.
Vous m'avez exprimé votre colère à l'égard du projet de paix d'une Europe qui aurait pu être celle
des peuples et à laquelle nous n'avons pas su donner visage humain.Tous m'avez livré le constat
d'une France à terre, incapable d'avancer, en proie à la peur et à la résignation, une France sans
"Comment un pays peut-il continuer sans ouvriers, sans artisans, sans médecins, sans infirmières,
sans gendarmes et bientôt sans maires? Pourquoi avez-vous laissé s'évanouir le rêve d'un espace
d'un espace de liberté, d'égalité, de fraternité pour lequel nos pères se sont tant battus ? Pourquoi
en avez-vous fait cette jungle à l'intérieur de laquelle tous les coups sont permis ? Et pourquoi avez-
vous délibérément laissés la finance prendre le dessus et venir nous financiariser jusque dans nos
coeurs? " Ce sont vos mots, vos questions, et elles sont irrémédiablement gravées en moi.
A travers nos innombrables échanges, dans vos cahiers de l'espoir, dans vos lettres et dans vos
messages sous toutes formes, vous m'avez demandé de donner une suite à cette marche. Réunis à
Paris les 14 et 15 décembre, nous avons convenu ensemble que je remettrai un rapport à Monsieur
le Président de la République à la fin du mois de février, qui rendra fidèlement compte de vos
réflexions et de vos propositions.
Au delà, vous m'avez témoigné votre volonté inébranlable de vous associer à la reconstruction
de notre pays. J'ai lu dans vos yeux briller une petite lueur d'espoir à l'idée que nous pourrions
changer de paradigme, réapprendre à nous connaître et à nous parler. Et qu'au lieu de la catastrophe
annoncée, nous pourrions alors réfléchir ensemble à redonner un élan à notre si beau pays, en
faisant appel à nos chercheurs, à nos ingénieurs, à nos entrepreneurs, à nos artistes pour faire
de cette période un nouveau siècle des Lumières! Au terme de huit mois d'échanges intenses, je
suis plus que jamais convaincu que de nouvelles pratiques d'écoute et de relation humaine sont à
inventer pour permettre au peuple souverain de renouer des liens, de retrouver la confiance et de
travailler ensemble à un nouveau destin partagé.
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