Citoyenneté et droit de vote ne vont plus de pair aujourd'hui en France. Les deux échéances électorales de l'année 2014, à savoir les élections municipales et européennes, pour lesquelles les étrangers originaires d'un pays de l'Union européenne participent au scrutin, en sont l'illustration. Et pourtant, 1,8 million de résidents, d'acteurs de la vie de la cité, sont encore privés du droit de vote aux élections locales.
La promesse faite par François Hollande d'accorder le droit de vote à ces élections aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans a souvent été agitée comme un épouvantail par la droite et l'extrême droite. Un argument classique de l'UMP et du FN est en effet que l'ouverture du droit de vote aux étrangers non citoyens d'un pays de l'UE favoriserait le communautarisme. Or, le communautarisme, pratique allant à l'encontre de notre pacte républicain, est la séparation organisée des groupes, sociaux, ethniques ou religieux. Il se nourrit principalement des barrières entre ces groupes. C'est pourquoi, en détruisant ces barrières, on affaiblit le risque de repli sur soi communautaire en permettant notamment aux étrangers de se prononcer sur les projets collectifs proposés par les différents partis, à l'occasion des élections locales. En Belgique ou en Suède, le rapport de force politique a été peu modifié par l'octroi du droit de vote aux étrangers non originaires d'un pays de l'UE.
Ainsi, lorsque Français et étrangers s'apercevront qu'ils ont les mêmes préoccupations et déterminants électoraux, les possibles tentations communautaires seront affaiblies. Des voix, à l'instar de celle de Didier Maus, président émérite de l'Association internationale de droit constitutionnel, s'élèvent pour exprimer leur accord avec le droit de vote des étrangers aux élections locales mais sous réserve de réciprocité. Ceux-là doivent comprendre que la république Française n'est pas un marchand de tapis qui troque ses valeurs et les droits qu'elle accorde.
De plus, alors que la classe politique est décrédibilisée et que l'abstention aux dernières municipales a atteint le taux record de 38,5% au second tour, la réalisation d'une promesse de campagne d'un candidat élu, que l'on soit pour ou contre cette promesse, est de nature à renforcer la confiance portée en la parole politique. La faible participation dans les zones urbaines sensibles, qui ont massivement voté pour François Hollande en 2012, doit par exemple interroger le gouvernement sur le sens de son action politique. En effet, à l'instar des mesures relatives à la baisse du coût du travail ou à l'instauration d'une union bancaire européenne, dont on peut par ailleurs discuter du bien-fondé, l'action gouvernementale a du mal à impacter concrètement la vie des Français.
En revanche, l'octroi du droit de vote aux étrangers est une mesure dont la portée est compréhensible par tous et dont l'impact est tangible. Il contribuerait à donner une incarnation progressiste à l'action gouvernementale et donc, in fine, du sens à cette dernière. Certains considèrent qu'après le débat long et houleux sur le mariage pour tous, il est peu opportun d'ouvrir, en temps de crise économique, un nouveau débat sociétal. Or, c'est précisément l'honneur d'une nation de pouvoir faire progresser le droit de ses minorités, y compris en période de crise.
Enfin, si la droite a pu se saisir de la question du vote des étrangers et en faire un argument massue, c'est parce que depuis 2002, et l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, elle mène le débat en matière d'immigration. La gauche, tiraillée entre un nécessaire réalisme et l'affirmation de ses valeurs humanistes, n'a pas su reprendre la main sur cette question dont le point d'orgue a été le piètre débat sur l'identité nationale organisé par la précédente majorité. En octobre 2009, deux ans après son élection, connaissant des difficultés politiques, M. Sarkozy recherchait alors surtout une échappatoire.
La promesse faite par François Hollande d'accorder le droit de vote à ces élections aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans a souvent été agitée comme un épouvantail par la droite et l'extrême droite. Un argument classique de l'UMP et du FN est en effet que l'ouverture du droit de vote aux étrangers non citoyens d'un pays de l'UE favoriserait le communautarisme. Or, le communautarisme, pratique allant à l'encontre de notre pacte républicain, est la séparation organisée des groupes, sociaux, ethniques ou religieux. Il se nourrit principalement des barrières entre ces groupes. C'est pourquoi, en détruisant ces barrières, on affaiblit le risque de repli sur soi communautaire en permettant notamment aux étrangers de se prononcer sur les projets collectifs proposés par les différents partis, à l'occasion des élections locales. En Belgique ou en Suède, le rapport de force politique a été peu modifié par l'octroi du droit de vote aux étrangers non originaires d'un pays de l'UE.
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Ainsi, lorsque Français et étrangers s'apercevront qu'ils ont les mêmes préoccupations et déterminants électoraux, les possibles tentations communautaires seront affaiblies. Des voix, à l'instar de celle de Didier Maus, président émérite de l'Association internationale de droit constitutionnel, s'élèvent pour exprimer leur accord avec le droit de vote des étrangers aux élections locales mais sous réserve de réciprocité. Ceux-là doivent comprendre que la république Française n'est pas un marchand de tapis qui troque ses valeurs et les droits qu'elle accorde.
De plus, alors que la classe politique est décrédibilisée et que l'abstention aux dernières municipales a atteint le taux record de 38,5% au second tour, la réalisation d'une promesse de campagne d'un candidat élu, que l'on soit pour ou contre cette promesse, est de nature à renforcer la confiance portée en la parole politique. La faible participation dans les zones urbaines sensibles, qui ont massivement voté pour François Hollande en 2012, doit par exemple interroger le gouvernement sur le sens de son action politique. En effet, à l'instar des mesures relatives à la baisse du coût du travail ou à l'instauration d'une union bancaire européenne, dont on peut par ailleurs discuter du bien-fondé, l'action gouvernementale a du mal à impacter concrètement la vie des Français.
En revanche, l'octroi du droit de vote aux étrangers est une mesure dont la portée est compréhensible par tous et dont l'impact est tangible. Il contribuerait à donner une incarnation progressiste à l'action gouvernementale et donc, in fine, du sens à cette dernière. Certains considèrent qu'après le débat long et houleux sur le mariage pour tous, il est peu opportun d'ouvrir, en temps de crise économique, un nouveau débat sociétal. Or, c'est précisément l'honneur d'une nation de pouvoir faire progresser le droit de ses minorités, y compris en période de crise.
Enfin, si la droite a pu se saisir de la question du vote des étrangers et en faire un argument massue, c'est parce que depuis 2002, et l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, elle mène le débat en matière d'immigration. La gauche, tiraillée entre un nécessaire réalisme et l'affirmation de ses valeurs humanistes, n'a pas su reprendre la main sur cette question dont le point d'orgue a été le piètre débat sur l'identité nationale organisé par la précédente majorité. En octobre 2009, deux ans après son élection, connaissant des difficultés politiques, M. Sarkozy recherchait alors surtout une échappatoire.
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