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Référendums dans l'est de l'Ukraine: la population vote sur fond de combats

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UKRAINE - Les Ukrainiens de l'Est ont commencé dimanche 11 mai à se rendre aux urnes pour décider du sort de leur région, un vote jugé "illégal" par Kiev et l'Occident mais qui pourrait déboucher de facto sur une sécession historique de cette partie du pays.

Quasi-simultanément, les combats ont repris pendant quelques heures dans la périphérie de Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes encerclé par les forces ukrainiennes qui y ont déclenché début mai une vaste opération militaire, a constaté l'AFP. Les autorités de Kiev dénient toute légitimité au référendum et qualifient les séparatistes pro-russes de "terroristes" appuyés par Moscou.

Plus de sept millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à se prononcer sur l'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, où les insurgés contrôlent les principales villes.

Les autorités de Kiev dénient toute légitimité à ces consultations et qualifient les séparatistes de "terroristes" appuyés par Moscou. Elles se montrent déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé prévu le 25 mai, et accusent la Russie de vouloir le faire dérailler. Les autorités ont ainsi qualifié le vote de "farce criminelle" financée par le Kremlin.

Lire aussi:
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Le référendum a démarré dans le calme dimanche matin à 5h GMT, selon des journalistes de l'AFP sur place. Des centaines de personnes faisaient la queue tôt dimanche matin à l'extérieur d'un bureau de vote en périphérie de Marioupol (sud-est), ville où de violents affrontements entre forces ukrainiennes et insurgés pro-russes se sont produits cette semaine.




Sur les bulletins, imprimés à la hâte par les rebelles pro-russes, figure la question: "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Donetsk ?" ou "Approuvez-vous l'indépendance de la République populaire de Lougansk ?".

"Tout se passe comme nous l'avions prévu, tout était prêt, les bureaux ont ouvert à l'heure, et il y a du monde qui vient voter", s'est pour sa part félicité Nicolas Tsonsev, l'un des responsables de l'organisation du référendum à Donetsk. "Nous venons nous battre pour nos droits et devenir indépendants. Nous sommes heureux que l'on nous donne le droit de nous exprimer. Si nous sommes indépendants ce sera dur au début mais c'est toujours mieux que d'être avec des fascistes", souligne Tatiana, 35 ans, fleuriste.

Si le résultat du scrutin ne semble guère faire de doute, la participation reste incertaine. A Slaviansk, le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev a promis samedi une "participation de 100%". Une foule dense se pressait en tout cas dimanche matin dans deux bureaux de vote du centre. A Donetsk, le chef de la commission électorale de la république de Donetsk Roman Lyaguine, a parlé de "millions" de votants. Quoi qu'il en soit, "aucune participation minimale n'est fixée pour valider le vote", a-t-il souligné.

Les combats ont repris

La reprise dans la nuit des combats près de Slaviansk --où l'on vote aussi pour le référendum -- rappelle que la situation est loin d'être à l'apaisement. De nombreuses et très fortes détonations ont retenti en début de matinée, avant de s'apaiser, a constaté l'AFP. Après des tirs nourris pendant une grande partie de la nuit, les combats ont repris dimanche dans le village d'Andriïvka, sur la "ligne de front", à l'entrée sud de cette cité de 110.000 habitants encerclée par les forces ukrainiennes qui y ont déclenché depuis début mai une vaste opération, a déclaré Stella Khorocheva, porte-parole des insurgés pro-russes de Slaviansk. "Il y a des victimes", a-t-elle ajouté, sans être en mesure d'apporter d'autres précisions.

La crainte de Kiev et des Occidentaux est de voir se reproduire dans l'est de l'Ukraine un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée à la Russie après un référendum du même genre, et s'est traduit par la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide.

Les référendums sont organisés dans ces deux régions composant le bassin minier du Donbass, frontalier de la Russie, sous contrôle des rebelles qui ne reconnaissent pas les autorités pro-européennes provisoires mises en place à Kiev à la suite de la chute du président Viktor Ianoukovitch fin février. Les Etats-Unis ont d'ores et déjà réaffirmé samedi soir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ces référendums, "illégaux en vertu du droit ukrainien et (qui) sont une tentative pour créer des divisions et des troubles".

Des volontaires pour la sécurité

La population du Donbass ne semble pas unanimement enthousiaste à l'idée de se séparer du reste de l'Ukraine: si l'on en croit plusieurs sondages ukrainiens et un autre de l'institut américain Pew Research Centre, 70% de la population dans l'est de l'Ukraine est hostile au séparatisme et favorable à l'unité territoriale de l'Ukraine, contre quelque 18% pour la sécession.

Pour l'organisation, les insurgés affirment que dans la région la plus peuplée, celle de Donetsk, plus de 1200 bureaux de vote seront ouverts entre 8h et 22h. Les premiers résultats pourraient être connus dans la nuit. Dans les zones jugées trop dangereuses, les bureaux de vote "seront déplacés" et dans chaque bureau des volontaires seront en charge "de faire régner l'ordre et empêcher les troubles".

A Donetsk, devant le siège de l'administration régionale occupé par les pro-russes et devenu leur quartier-général, les militants, le visage masqué par des cagoules et armés de battes de baseball, se montraient assez catégoriques: "Il y aura des provocations. Nous les arrêterons, nous les tuerons et nous les pendrons aux lampadaires", a déclaré l'un d'entre eux.

Hollande dénonce de "vraies-fausses" consultations

Le président français François Hollande a dénoncé dimanche 11 mai, à son arrivée à Bakou (Azerbaïdjan) pour une tournée dans le Caucase, de "vraies-fausses" consultations "nulles et non avenues" en Ukraine, à propos du référendum organisé par les séparatistes pro-russes à Donetsk et Lougansk.

Ces "vraies-fausses consultations", ce "faux-semblant", n'a "aucun sens" et est "nul et non avenu", a déclaré le chef de l'État français devant la presse, affirmant que "la seule élection qui vaudra" sera l'élection présidentielle du 25 mai en Ukraine. "Je ne veux pas les appeler référendum", a insisté François Hollande, relevant qu'il n'y avait "pas d'urnes, pas de bureaux de vote (et) de listes électorales" et assurant que "cette consultation n'avait pas d'existence, de légitimité, de légalité". "A partir de là il y a aucune leçon à (en) tirer", a-t-il souligné.

"Ce qui va compter à mes yeux, la seule élection qui vaudra, c'est celle du 25 mai, l'élection qui va permettre de désigner le président de toute l'Ukraine" qui "sera la seule autorité légitime", a ajouté le chef de l'État français. "C'est avec ce président là, le seul légitime, qu'il sera possible d'avoir une consultation, ensuite, avec l'ensemble des parties prenantes, pour permettre éventuellement une révision de la Constitution en Ukraine, le traitement des minorités, la décentralisation", a-t-il fait valoir.

François Hollande a ajouté que "les uns et les autres et notamment les Russes pourront discuter"avec le prochain président ukrainien. Selon lui, "si l'élection du 25 mai ne pouvait pas se tenir" en raison de "provocations", d'"empêchements" ou d'"intrusions", il "sera nécessaire de passer à un autre niveau de sanctions". "Mais aujourd'hui, je fais le pari que cette élection du 25 mai se tiendra", a-t-il cependant conclu.

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