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Quand les médias sacrifient l'Europe à l'audimat

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Quand les médias sacrifient l'Europe à l'audimat, à leurs annonceurs et à seulement trois partis : l'UMP, le PS et le FN!

Nous sommes à trois semaines des élections européennes et le débat n'a pas commencé. Il est plus que probable qu'il ne commencera jamais.

Les faits sont têtus: la publication par le CSA des temps de parole pour la campagne des européennes est accablante. Non seulement l'UMP, le PS et le FN raflent entre 50 et 70 pour cent des temps de parole sur toutes les chaînes, mais en dehors de LCI (3h) et de Itélé (1H), le temps consacré par la radio comme par la télévision aux débats sur les européennes est de l'ordre de quelques minutes...

Pour parvenir à ce résultat remarquable, ont été classées dans la catégorie politique intérieure toutes les interventions relatives aux 50 milliards d'économies permettant ainsi à l'UMP, au PS, à EELV et au FN de multiplier leur temps d'antenne sans aucune conséquence sur la comptabilité de l'équité applicable en période électorale, laquelle est déjà bien éloignée de l'égalité. Mais, cette expression publique a permis aux mêmes de s'exprimer longuement sur la règle européenne des 3 % et les rapports entre la France et l'Europe. Mais, peu importe. Il s'agit de questions bien évidemment intérieures sans aucune conséquence sur le scrutin du 25 mai!

De plus, pour éviter d'appliquer les règles légales de pluralisme et d'équité les chaînes ont décidé de remplacer la présence des candidats par celle de politologues et de journalistes pour parler des européennes. Oubliant que certains d'entre eux soit font des études, soit entretiennent des liens privilégiés avec tel ou tel candidat ou tel ou tel parti, ce qui n'est jamais bien entendu signalé à l'antenne -mais oui, les conflits d'intérêts existent aussi dans cette catégorie de la population- les chaînes se dédouanent ainsi de l'obligation qui leur est faite de parler des échéances électorales en supprimant les candidats, et bien entendu en commençant par ces satanés "candidats de petites listes" qui viennent troubler le ronron des "grands" partis politiques et osent mettre sur la table des débats dont surtout il ne faut pas parler comme par exemple le TTIP dont le mandat est a été voté sans état d'âme par l'UMP, le PS, l'UDI et l'abstention du MoDem.

Alors, une question simple: pourquoi? Parce que les grands partis politiques sont particulièrement mal à l'aise quels qu'ils soient. Et, moins on parle d'Europe, mieux ils se portent. Commençons par l'UMP et le PS, qui ont montré l'un et l'autre le mépris dans lequel ils tenaient le Parlement européen en proposant des candidats qui ont en commun d'illustrer le recyclage du candidats battus et de personnalités dont le seul intérêt est la politique nationale. Dans cette catégorie, Michèle Alliot-Marie occupe une place particulière en présentant sa candidature comme un acte du dévouement au motif qu'elle "perdrait de l'argent" si elle était députée européenne... Mais il n'y a pas que la forme, il y a également le fond. L'absence de doctrine claire au sein de ces grandes structures politiques sur l'avenir de l'Europe rend inaudible leur proposition.

Eurosceptiques et pro-européens s'affrontent au sein de chaque structure et, des Européens convaincus comme Alain Lamassoure en sont réduits à tenir un discours souverainiste! Dès lors, moins on abordera le fonds, mieux on se portera.

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Le Front National fait campagne, une campagne négative "pour empêcher l'Europe de progresser" dit sa présidente. Plus c'est gros, plus ça passe mais encore faut-il essayer d'éviter le débat en privilégiant les monologues construits sur la détresse, le sentiment d'abandon dont souffrent malheureusement, beaucoup de nos concitoyens et en utilisant la bonne technique éculée mais toujours efficace, du bouc émissaire. Votre malheur, c'est la faute de l'Europe! Dans le même temps, la PME Le Pen étend sa toile avec Messieurs Alliot ou M. Philippot dont on peut craindre pour les deux qu'ils n'aient guère plus de présence en tant que député qu'ils n'en avaient eu en tant qu'assistant parlementaire... Mais quel journaliste oserait leur poser une question à ce sujet? Qui tentera de décrypter votes et bilans des 3 députés FN sortants?

Reste l'UDI MODEM, pro-européenne mais alliée aux municipales avec une UMP qui ne l'est pas et dont les prises de position au Parlement européen sont parfois bien éloignées de celles qui sont affirmées dans la campagne européenne comme par exemple sur le traité transatlantique ou sur les OGM.

Conclusion: aucun de ces partis n'a intérêt à un vrai débat et surtout, il faut mépriser ces listes citoyennes qui risqueraient de poser des questions qui fâchent, tant sur le mode de fonctionnement de ces partis politiques en France et en Europe que sur le fonds des sujets.

C'est tellement plus facile de parler de démocratie pour la cantonner au rôle des partis politiques et laisser les citoyens là où ils sont, ne serait-ce que parce qu'ils sont capables d'avoir un avis différent de celui de partis dont le nombre d'adhérents ne représentent aujourd'hui pas même 1 % de la population!

Mais pourquoi la presse entre-t-elle dans ce jeu ? Les règles d'équité, c'est embêtant; cela oblige à inviter des gens qui ne pèsent pas suffisamment dans les sondages. Ce ne sont pas de "bons clients" parce qu'ils n'ont pas une notoriété suffisante ou qu'ils refusent d'entrer dans un manichéisme débile qui fait le "buzz". En plus, l'Europe ça n'intéresse personne. C'est bien connu.

C'est pour cette raison que les médias français sont les moins représentés probablement de tous les médias européens au Parlement et que les excellents journalistes qui y travaillent ont tant de mal à obtenir une place pour le reportage dans les journaux télévisés.

Autrement dit, un système se met en place destiné à éviter au maximum ce qui s'est passé lors des élections municipales, c'est-à-dire une montée en puissance des "petites listes", qui comme à Montpellier, l'ont emporté. Silence radio. Le choix n'existe qu'entre l'UMP, le PS et leurs alliés et le FN.

La voi(e) et (x) de citoyens engagés offrant une vision positive et citoyenne de l'Europe n'existe pas. Et puis, en définitive, peu importe. Passons vite ce mauvais moment à parler de sujets qui ne font pas d'audimat. Envoyons à Bruxelles et à Strasbourg des députés élus, soit pour empêcher l'Europe d'avancer, c'est-à-dire parfaitement inutiles, soit pour assurer des jobs aux responsables, en déshérence, de partis politiques, qui ne représenteront que leurs partis. Continuons à faire en sorte que les députés français, dans leur immense majorité, ne pèsent pas au Parlement européen, que l'intérêt général des citoyens/consommateurs européens soit oublié, que les grands lobbys continuent à faire la loi grâce à des députés européens dont l'oreille est particulièrement attentive.

Et bien entendu, les mêmes fustigeront les mauvais Français qui ne sont pas allés voter le 25 mai, qui critiquent l'Europe et ont voté pour des extrêmes. La faute à qui?

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