Les annonces de Manuel Valls n'ont pas fini d'émerveiller les commentateurs officiels. La batterie de coupes budgétaires doit servir à financer le fameux "pacte de responsabilité", création du gouvernement Ayrault et nouveau totem de la pensée économique dominante. Le Monde en est déjà tout émoustillé.
L'objectif de ce "pacte" est connu: améliorer la compétitivité des entreprises françaises, c'est à dire rendre leurs produits plus attractifs sur le marché mondial. Il y a en effet urgence, comme le montre la balance chroniquement déficitaire de nos échanges avec le reste du monde. Mais le pacte va-t-il y remédier ? On peut légitimement en douter.
Un "pacte" aux effets minimes
Tout d'abord, sur les marchés mondiaux le faible gain de compétitivité à en attendre -36 milliards de baisses de charges à comparer aux 1000 milliards de valeur ajoutée de nos entreprises- risque d'être rapidement annulé par la hausse continue de l'euro face au dollar.
Ensuite, il est bien évident que cette course à la compétitivité va obliger nos voisins européens, notamment méditerranéens, à surenchérir pour préserver leur propre dynamisme économique. Certains, en Espagne, en Italie... l'annoncent déjà ouvertement. Nos maigres gains de compétitivité vis-à-vis de la zone euro seront donc bien vite remis en cause par ces contre-mesures.
Ainsi, faute de pouvoir dévaluer à cause de la monnaie unique, nos pays sont condamnés à un dumping social et fiscal permanent, un nivellement effréné par le bas, qui déprime encore davantage la demande en Europe et nourrit une inquiétante guerre économique entre victimes de l'euro.
Des coupes massives et périlleuses
Chacun convient de la nécessité de bien gérer l'argent public, de lutter contre les gaspillages et de rendre soutenable la dette léguée aux générations futures. Mais c'est précisément pourquoi il faut y réfléchir à deux fois avant de tailler à la hache dans la dépense publique: comme l'a montré l'histoire économique du XXe siècle (notamment le triste précédent Laval des années trente), les politiques d'austérité, de "déflation", sont contre-productives. Elles appauvrissent la Nation, tarissent les recettes fiscales et provoquent le déclin de l'appareil productif. Le tout, au prix de souffrances sociales aussi douloureuses qu'inutiles, et de tensions politiques en conséquence.
Pire que tout, cette politique néfaste ne résoudra en rien les maux qui minent notre compétitivité, elle les aggravera au contraire. Avec un euro qui restera trop cher, le détachement des travailleurs en Europe qui créera des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, l'incapacité persistante de l'Union européenne à protéger les peuples de la mondialisation sauvage, il n'y aura aucun résultat sur le front de la croissance et de l'emploi. Tant et si bien qu'un nouveau "pacte" sera rapidement nécessaire, bien que cette fois ce ne seront pas 50 milliards qu'il faudra trouver, mais 75 ou 100!
La sortie de l'euro : véritable planche de salut
Cette impasse annoncée devrait amener les commentateurs autorisés à se pencher sur une hypothèse longtemps décriée, mais que la réalité n'en finit plus de légitimer : une sortie de l'euro ferait immédiatement gagner 20% de compétitivité aux entreprises françaises grâce à la dévaluation du nouveau franc par rapport aux monnaies étrangères. Tout en permettant un allègement du fardeau de la dette, cette dévaluation contribuera à restaurer les marges de manœuvre de l'Etat, qui pourra d'autant mieux accomplir les réformes qui s'imposent: la suppression des conseils régionaux dans leur forme actuelle et de tous les "comités Théodule" qui, depuis trente ans se multiplient pour recaser les "copains", mais aussi la lutte contre la fraude, sociale et fiscale, et l'assistanat, qui coûtent au bas mot 60 à 80 milliards d'euros par an à la collectivité -ainsi que je le dénonce dans mon livre Les Voleurs de la République.
Le sacrifice demandé par François Hollande aux Français à travers le pacte de responsabilité n'est pas dédié au redressement de la France mais au veau d'or qu'est devenu l'euro. Le président de la République décrit comme "injuste" le sort fait aux maires de gauche lors des municipales. Mais, le 25 mai prochain, les Français pourraient trouver profondément "injuste" le curieux ordre des priorités élyséennes.
L'objectif de ce "pacte" est connu: améliorer la compétitivité des entreprises françaises, c'est à dire rendre leurs produits plus attractifs sur le marché mondial. Il y a en effet urgence, comme le montre la balance chroniquement déficitaire de nos échanges avec le reste du monde. Mais le pacte va-t-il y remédier ? On peut légitimement en douter.
Un "pacte" aux effets minimes
Tout d'abord, sur les marchés mondiaux le faible gain de compétitivité à en attendre -36 milliards de baisses de charges à comparer aux 1000 milliards de valeur ajoutée de nos entreprises- risque d'être rapidement annulé par la hausse continue de l'euro face au dollar.
Ensuite, il est bien évident que cette course à la compétitivité va obliger nos voisins européens, notamment méditerranéens, à surenchérir pour préserver leur propre dynamisme économique. Certains, en Espagne, en Italie... l'annoncent déjà ouvertement. Nos maigres gains de compétitivité vis-à-vis de la zone euro seront donc bien vite remis en cause par ces contre-mesures.
Ainsi, faute de pouvoir dévaluer à cause de la monnaie unique, nos pays sont condamnés à un dumping social et fiscal permanent, un nivellement effréné par le bas, qui déprime encore davantage la demande en Europe et nourrit une inquiétante guerre économique entre victimes de l'euro.
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Des coupes massives et périlleuses
Chacun convient de la nécessité de bien gérer l'argent public, de lutter contre les gaspillages et de rendre soutenable la dette léguée aux générations futures. Mais c'est précisément pourquoi il faut y réfléchir à deux fois avant de tailler à la hache dans la dépense publique: comme l'a montré l'histoire économique du XXe siècle (notamment le triste précédent Laval des années trente), les politiques d'austérité, de "déflation", sont contre-productives. Elles appauvrissent la Nation, tarissent les recettes fiscales et provoquent le déclin de l'appareil productif. Le tout, au prix de souffrances sociales aussi douloureuses qu'inutiles, et de tensions politiques en conséquence.
Pire que tout, cette politique néfaste ne résoudra en rien les maux qui minent notre compétitivité, elle les aggravera au contraire. Avec un euro qui restera trop cher, le détachement des travailleurs en Europe qui créera des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, l'incapacité persistante de l'Union européenne à protéger les peuples de la mondialisation sauvage, il n'y aura aucun résultat sur le front de la croissance et de l'emploi. Tant et si bien qu'un nouveau "pacte" sera rapidement nécessaire, bien que cette fois ce ne seront pas 50 milliards qu'il faudra trouver, mais 75 ou 100!
La sortie de l'euro : véritable planche de salut
Cette impasse annoncée devrait amener les commentateurs autorisés à se pencher sur une hypothèse longtemps décriée, mais que la réalité n'en finit plus de légitimer : une sortie de l'euro ferait immédiatement gagner 20% de compétitivité aux entreprises françaises grâce à la dévaluation du nouveau franc par rapport aux monnaies étrangères. Tout en permettant un allègement du fardeau de la dette, cette dévaluation contribuera à restaurer les marges de manœuvre de l'Etat, qui pourra d'autant mieux accomplir les réformes qui s'imposent: la suppression des conseils régionaux dans leur forme actuelle et de tous les "comités Théodule" qui, depuis trente ans se multiplient pour recaser les "copains", mais aussi la lutte contre la fraude, sociale et fiscale, et l'assistanat, qui coûtent au bas mot 60 à 80 milliards d'euros par an à la collectivité -ainsi que je le dénonce dans mon livre Les Voleurs de la République.
Le sacrifice demandé par François Hollande aux Français à travers le pacte de responsabilité n'est pas dédié au redressement de la France mais au veau d'or qu'est devenu l'euro. Le président de la République décrit comme "injuste" le sort fait aux maires de gauche lors des municipales. Mais, le 25 mai prochain, les Français pourraient trouver profondément "injuste" le curieux ordre des priorités élyséennes.
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