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Européennes: l'UMP se débat avec ses divergences internes

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EUROPÉENNES - A quarante jours de l'unique tour des élections européennes, l'UMP peine encore à afficher un front commun. Bien que donné en tête dans la plupart des sondages et galvanisé par sa très nette victoire aux élections municipales, le parti de Jean-François Copé est talonné par un Front national plus europhobe que jamais et accumule les divergences internes sur sa ligne politique.

A tel point que le député-maire de Meaux a dû inscrire la question européenne au comité politique de ce mardi 15 avril. Après la désignation (compliquée) de ses principaux candidats mais faute d'avoir bouclé ses listes définitives, le président de l'UMP dévoilera le 24 avril prochain les grandes lignes programmatiques de son parti pour le scrutin européen. Un calendrier censé occulter les profonds désaccords idéologiques et stratégiques qui subsistent à droite.

TRIBUNE - "Aimer l'Europe", par Chantal Jouanno


  • EURORÉALISTE OU EUROSCEPTIQUE?


  • Fini l'apologie d'une Europe bienfaitrice. L'UMP portera une parole critique sur la construction européenne pendant cette campagne tout en prônant une ligne "euroréaliste", selon l'expression de son directeur de campagne, Guillaume Larrivé. Mais certains à droite aimeraient aller plus loin dans la critique de Bruxelles et prônent ouvertement une ligne souverainiste qui n'a rien à envier à Nicolas Dupont-Aignan.

    Le député des Yvelines et eurosceptique notoire, Henri Guaino, a d'ores et déjà mis les pieds dans le plat. Pas question pour lui de voter pour la liste UMP conduite en Ile-de-France par Alain Lamassoure, pro-européen convaincu. "Je ne voterai pas pour l'incarnation d'une ligne qui est à l'opposé de ce que je pense et de ce que je crois être l'intérêt de mon pays", a-t-il tonné.

    "Ayons le courage de le dire, l'UE ne marche plus!", a embrayé l'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Laurent Wauquiez, qui propose de redimensionner la construction européenne à six Etats en excluant le Luxembourg, épinglé comme un "paradis fiscal".

    Une ligne jugée ultra-minoritaire par les europhiles de l'UMP. "Il y aura une ligne très claire qui va regrouper 90 ou 95% des dirigeants et des militants de l'UMP dans les dix jours qui viennent et c'est celle-là qui va prévaloir. Après, que Henri Guaino ait ses convictions personnelles.... Ils sont minoritaires", a assuré ce mardi le député Bernard Accoyer.

  • SCHENGEN OU PAS SCHENGEN?


  • La question de l'immigration, et à travers elle celle des accords de Schengen, cristallise les divisions à droite. "Personne ne peut nier que l'immigration est en train de devenir un problème d'échelle européenne", estime l'eurodéputée sortante Rachida Dati pour qui "Schengen a failli". Comme beaucoup à l'UMP, l'ancienne ministre propose de refuser l'entrée dans l'espace Schengen de la Roumanie et de la Bulgarie et se dit favorable l'idée d'instaurer des quotas nationaux pour limiter l'immigration de travailleurs des pays de l'Est.

    Mais pour Laurent Wauquiez, il faut aller plus loin encore et sortir carrément de l'espace Schengen au motif que la politique de contrôle des frontières est devenue inopérante.

  • FRANCO-ALLEMAND OU FRANCO-BRITANNIQUE?


  • Plus germanophile que jamais, l'UMP de Jean-François Copé entend faire campagne au côté de la CDU pour tenter de conserver le parlement européen à droite. Les deux partis conservateurs soutiennent tous deux la candidature du luxembourgeois Jean-Claude Junker pour la présidence de la Commission en 2014.

    Problème: tout le monde à droite ne plébiscite pas le moteur franco-allemand. "Cela ne doit pas être l'alpha et l'oméga de la vision française", plaide notamment l'ancien ministre Xavier Bertrand. "Comment mettre en place une politique de l'énergie alors que les intérêts de la France et de l'Allemagne sont si divergents ? Sur ce sujet, il vaut mieux travailler avec les Anglais, comme sur l'Europe de la défense. Sur la PAC, certains pays d'Europe de l'Est peuvent être des alliés forts", explique-t-il, refusant "l'alignement sur l'Allemagne" tel qu'il était pratiqué à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

    Une prise de position isolée à droite. "Bien sûr ce couple ne résume pas l'Europe mais c'est toujours une découverte naïve que l'on fait quand on commence à s'intéresser à l'Europe", a ironisé non sans mépris le député UMP Hervé Gaymard.

  • SARKOZY OU PAS SARKOZY?


  • Après sa prise de parole très remarquée avant les élections municipales, Nicolas Sarkozy s'est à nouveau invité dans le jeu politique interne de l'UMP. Et selon François Baroin, l'ancien président de la République devrait à nouveau s'exprimer pour fixer la ligne de l'UMP aux élections européennes.

    "J'aimerais entendre (la) voix (de Nicolas Sarkozy) avant les élections européennes, à la lumière du débat qui est en train de s'installer dans notre famille politique, qui va montrer un arc-en-ciel très large," préconise le député-maire de Troyes. "Si cette confusion [au sein de l'UMP] persiste, oui, je pense que ce sera utile", a renchéri l'ancien président de l'Assemblée, Bernard Accoyer.

    Mais tout le monde ne l'entend pas de cette oreille. "Ça ne me paraît pas une nécessité pour un parti politique", estime de son côté Bruno Le Maire. "La nécessité, c'est que nous disions ce que nous voulons pour l'Europe", pour "renforcer les intérêts français en Europe".

  • RUSSIE OU PAS RUSSIE?


  • Pas de consensus non plus sur la ligne européenne à tenir vis à vis de la Russie de Valdimir Poutine. L'UMP est aujourd'hui fortement divisée entre les partisans d'une ligne intransigeante et ceux favorables à la conciliation diplomatique. "Ça ne sert à rien de montrer les muscles par rapport à la Russie. Ce qui nous manque c'est un dialogue politique. Souvenez-vous de la façon dont avait été réglée la crise en Géorgie avec Nicolas Sarkozy: par un dialogue avec la Russie", plaide notamment Laurent Wauquiez.

    A l'inverse, le député Bruno Le Maire réclame des sanctions maximales à l'égard de Moscou. "Aujourd'hui, c'est la guerre ou c'est la paix à la frontière de l'Union européenne. Il y a urgence à réagir pour empêcher la volonté de Vladimir Poutine de reprendre la main sur l'Ukraine et sur les richesses ukrainiennes", insiste-t-il.


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