INTERNATIONAL - Une "opération antiterroriste a débuté à Slaviansk", ville de l'Est de l'Ukraine où des hommes armés pro-russes ont pris samedi des bâtiments de la police et des services de sécurité, a annoncé dimanche 13 avril le ministre de l'intérieur ukrainien Arsen Avakov.
"Des unités de toutes les structures de force du pays participent. Que Dieu soit avec nous", écrit le ministre sur sa page Facebook. Arsen Avakov n'a donné aucune autre précision dans ce message de deux lignes. Des messages sur différents réseaux sociaux faisaient état dimanche matin de tirs dans la ville, qui compte quelque 100.000 habitants, sans qu'il soit immédiatement possible de confirmer.
Des hélicoptère survolaient la ville à basse altitude, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait mais le photographe n'a entendu ni tirs ni explosions.
La veille, le gouvernement pro-européen de Kiev a dénoncé une "agression" de la Russie après une série d'attaques de groupes armés pro-russes contre des villes de l'est de l'Ukraine, plus que jamais menacée d'éclatement.
Le président par intérim au pouvoir depuis le renversement d'un régime pro-russe fin févier, Olexandre Tourtchinov, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité, tandis que des combats se déroulaient dans plusieurs villes, selon le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov. La réunion s'est achevée sans annonce peu après minuit (21h GMT). "Les participants ont étudié les questions et les mesures en rapport avec la normalisation de la situation dans l'est de l'Ukraine", a simplement indiqué un communiqué.
Des militants nationalistes s'étaient rassemblés à proximité pour exiger une réponse forte des autorités. Dmitro Iaroch, chef du parti nationaliste Pravy Sektor (secteur droit), qualifié de "fasciste" par les pro-russes, a de son côté appelé ses partisans à se "préparer à l'action".
Ce regain de tensions intervient à un moment où des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/Union européenne sont annoncés pour jeudi prochain à Genève et où le président russe Vladimir Poutine a averti que la crise pourrait mettre en danger les approvisionnements en gaz de l'Europe.
Toujours sur le plan diplomatique, la Maison blanche a annoncé samedi que le vice-président américain Joe Biden se rendrait le 22 avril en Ukraine, pour non seulement réitérer le soutien de Washington aux autorités de Kiev, mais aussi pour tenter d'améliorer la sécurité énergétique de ce pays.
"Une agression extérieure de la Fédération de Russie"
De son côté, Arsen Avakov a dénoncé "une agression extérieure de la Fédération de Russie", affirmant que les assaillants avaient "des armes uniquement utilisées dans les forces armées russes". Selon lui, des combats se sont notamment déroulés dans les localités de Kramatorsk et Krasny Liman, dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie. Il n'a pas fait état de morts ou de blessés.
Le ministère de l'Intérieur a de son côté fait état d'une attaque repoussée contre une usine chimique à Donetsk où sont stockés des explosifs. Tôt samedi matin, des hommes armés étaient repassés à l'offensive dans l'Est, prenant quasiment le contrôle de la localité de Slaviansk, à égale distance des trois principales villes de la région, Kharkiv, Donetsk et Lougansk, qui ont toutes connu des mouvements pro-russes.
Ces nouveaux assauts surviennent six jours après une première série d'attaques à l'issue desquelles les séparatistes avaient proclamé une "république souveraine", tout en ne contrôlant que deux bâtiments publics à Donetsk et Lougansk.
40.000 Russes à la frontière
La Russie, qui a mis en garde Kiev contre toute répression sanglante des troubles, qu'Américains et Ukrainiens l'accusent d'ailleurs d'orchestrer, a massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière, selon l'Otan, faisant craindre qu'elle ne saisisse le prétexte de ces événements pour intervenir. D'autant que le président Vladimir Poutine s'est engagé à protéger "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS.
Les assaillants de Slaviansk, en treillis sans insigne, casqués et masqués, ont hissé le drapeau russe. Des centaines de sympathisants se sont rassemblés à proximité, scandant "Russie ! Russie !". Aucune présence policière n'était visible et la maire de la ville, Nelly Chtepa, a soutenu les assaillants, venus selon elle de Donetsk.
Les pro-Russes réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum un référendum sur davantage d'autonomie régionale. "Nous sommes tous d'accord", a dit Nelly Chtepa, interrogée au téléphone par le site internet russe lifenews.ru. "Toute la ville se mobilisera pour défendre les gars qui ont pris le bâtiment". Des hommes armés en uniforme sans insigne tenaient un barrage à l'entrée de la ville, ont raconté des journalistes de l'AFP.
A Donetsk, environ 200 manifestants pro-russes ont envahi le siège de la police dans l'après-midi, avait constaté l'AFP. Ils n'ont rencontré aucune résistance et des membres des forces antiémeute sur place ont apparemment changé de camp, arborant des insignes pro-russes. La plupart des manifestants sont ensuite repartis, une vingtaine seulement restant sur place.
Une promesse de révision constitutionnelle
Ces attaques interviennent au lendemain d'un déplacement à Donetsk du Premier ministre Arseni Iatseniouk, pour tenter de désamorcer la crise qui menace ce pays de 46 millions d'habitants que ses nouveaux dirigeants veulent arrimer à l'Europe.
Il s'était engagé à proposer avant l'élection présidentielle anticipée du 25 mai des révisions constitutionnelles pour "équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions". Il a également promis de ne toucher "sous aucun prétexte" aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien.
Mais les séparatistes, comme la Russie, veulent une "fédéralisation" de la Constitution. Ce que refuse le pouvoir pro-occidental de Kiev - non reconnu par Moscou - qui y voit la porte ouverte à l'éclatement de l'Ukraine et refuse d'aller plus loin qu'une "décentralisation".
La crainte d'un scénario à la Crimée
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Dechtchitsa, s'est entretenu samedi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, lui demandant de faire cesser les "provocations". Sergueï Lavrov a démenti toute responsabilité, jugeant au contraire "inadmissible" que Kiev parle d'utiliser la force. Il a appelé les autorités ukrainiennes à "tenir compte des exigences légitimes" des russophones.
La crainte majeure est la répétition du scénario joué en mars en Crimée. Après des opération similaires menées par des hommes armés non-identifiés, des militaires russes selon tous les observateurs, la péninsule ukrainienne a été rattachée à la Russie à l'issue d'un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux.
Sergueï Lavrov a assuré vendredi que Moscou n'avait aucune prétention sur les régions russophones de l'Est ukrainien, ce qui irait selon lui "à l'encontre des intérêts fondamentaux" russes. Pour l'expert ukrainien Dmitri Timtchouk, ce regain de violences a pour but de "permettre à la Russie de dire (avant les pourparlers) que les autorités ukrainiennes ne contrôlent pas la situation et qu'une partie significative de la population les rejette".
"Des unités de toutes les structures de force du pays participent. Que Dieu soit avec nous", écrit le ministre sur sa page Facebook. Arsen Avakov n'a donné aucune autre précision dans ce message de deux lignes. Des messages sur différents réseaux sociaux faisaient état dimanche matin de tirs dans la ville, qui compte quelque 100.000 habitants, sans qu'il soit immédiatement possible de confirmer.
Des hélicoptère survolaient la ville à basse altitude, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait mais le photographe n'a entendu ni tirs ni explosions.
La veille, le gouvernement pro-européen de Kiev a dénoncé une "agression" de la Russie après une série d'attaques de groupes armés pro-russes contre des villes de l'est de l'Ukraine, plus que jamais menacée d'éclatement.
Le président par intérim au pouvoir depuis le renversement d'un régime pro-russe fin févier, Olexandre Tourtchinov, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité, tandis que des combats se déroulaient dans plusieurs villes, selon le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov. La réunion s'est achevée sans annonce peu après minuit (21h GMT). "Les participants ont étudié les questions et les mesures en rapport avec la normalisation de la situation dans l'est de l'Ukraine", a simplement indiqué un communiqué.
Lire aussi:
» L'est de l'Ukraine sous haute tension
» L'Ukraine craint une nouvelle coupure du gaz par la Russie
» Pour Google Maps, la Crimée est russe... mais seulement en Russie
Des militants nationalistes s'étaient rassemblés à proximité pour exiger une réponse forte des autorités. Dmitro Iaroch, chef du parti nationaliste Pravy Sektor (secteur droit), qualifié de "fasciste" par les pro-russes, a de son côté appelé ses partisans à se "préparer à l'action".
Ce regain de tensions intervient à un moment où des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/Union européenne sont annoncés pour jeudi prochain à Genève et où le président russe Vladimir Poutine a averti que la crise pourrait mettre en danger les approvisionnements en gaz de l'Europe.
Toujours sur le plan diplomatique, la Maison blanche a annoncé samedi que le vice-président américain Joe Biden se rendrait le 22 avril en Ukraine, pour non seulement réitérer le soutien de Washington aux autorités de Kiev, mais aussi pour tenter d'améliorer la sécurité énergétique de ce pays.
"Une agression extérieure de la Fédération de Russie"
De son côté, Arsen Avakov a dénoncé "une agression extérieure de la Fédération de Russie", affirmant que les assaillants avaient "des armes uniquement utilisées dans les forces armées russes". Selon lui, des combats se sont notamment déroulés dans les localités de Kramatorsk et Krasny Liman, dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie. Il n'a pas fait état de morts ou de blessés.
Le ministère de l'Intérieur a de son côté fait état d'une attaque repoussée contre une usine chimique à Donetsk où sont stockés des explosifs. Tôt samedi matin, des hommes armés étaient repassés à l'offensive dans l'Est, prenant quasiment le contrôle de la localité de Slaviansk, à égale distance des trois principales villes de la région, Kharkiv, Donetsk et Lougansk, qui ont toutes connu des mouvements pro-russes.
Ces nouveaux assauts surviennent six jours après une première série d'attaques à l'issue desquelles les séparatistes avaient proclamé une "république souveraine", tout en ne contrôlant que deux bâtiments publics à Donetsk et Lougansk.
40.000 Russes à la frontière
La Russie, qui a mis en garde Kiev contre toute répression sanglante des troubles, qu'Américains et Ukrainiens l'accusent d'ailleurs d'orchestrer, a massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière, selon l'Otan, faisant craindre qu'elle ne saisisse le prétexte de ces événements pour intervenir. D'autant que le président Vladimir Poutine s'est engagé à protéger "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS.
Les assaillants de Slaviansk, en treillis sans insigne, casqués et masqués, ont hissé le drapeau russe. Des centaines de sympathisants se sont rassemblés à proximité, scandant "Russie ! Russie !". Aucune présence policière n'était visible et la maire de la ville, Nelly Chtepa, a soutenu les assaillants, venus selon elle de Donetsk.
Les pro-Russes réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum un référendum sur davantage d'autonomie régionale. "Nous sommes tous d'accord", a dit Nelly Chtepa, interrogée au téléphone par le site internet russe lifenews.ru. "Toute la ville se mobilisera pour défendre les gars qui ont pris le bâtiment". Des hommes armés en uniforme sans insigne tenaient un barrage à l'entrée de la ville, ont raconté des journalistes de l'AFP.
A Donetsk, environ 200 manifestants pro-russes ont envahi le siège de la police dans l'après-midi, avait constaté l'AFP. Ils n'ont rencontré aucune résistance et des membres des forces antiémeute sur place ont apparemment changé de camp, arborant des insignes pro-russes. La plupart des manifestants sont ensuite repartis, une vingtaine seulement restant sur place.
Une promesse de révision constitutionnelle
Ces attaques interviennent au lendemain d'un déplacement à Donetsk du Premier ministre Arseni Iatseniouk, pour tenter de désamorcer la crise qui menace ce pays de 46 millions d'habitants que ses nouveaux dirigeants veulent arrimer à l'Europe.
Il s'était engagé à proposer avant l'élection présidentielle anticipée du 25 mai des révisions constitutionnelles pour "équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions". Il a également promis de ne toucher "sous aucun prétexte" aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien.
Mais les séparatistes, comme la Russie, veulent une "fédéralisation" de la Constitution. Ce que refuse le pouvoir pro-occidental de Kiev - non reconnu par Moscou - qui y voit la porte ouverte à l'éclatement de l'Ukraine et refuse d'aller plus loin qu'une "décentralisation".
La crainte d'un scénario à la Crimée
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Dechtchitsa, s'est entretenu samedi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, lui demandant de faire cesser les "provocations". Sergueï Lavrov a démenti toute responsabilité, jugeant au contraire "inadmissible" que Kiev parle d'utiliser la force. Il a appelé les autorités ukrainiennes à "tenir compte des exigences légitimes" des russophones.
La crainte majeure est la répétition du scénario joué en mars en Crimée. Après des opération similaires menées par des hommes armés non-identifiés, des militaires russes selon tous les observateurs, la péninsule ukrainienne a été rattachée à la Russie à l'issue d'un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux.
Sergueï Lavrov a assuré vendredi que Moscou n'avait aucune prétention sur les régions russophones de l'Est ukrainien, ce qui irait selon lui "à l'encontre des intérêts fondamentaux" russes. Pour l'expert ukrainien Dmitri Timtchouk, ce regain de violences a pour but de "permettre à la Russie de dire (avant les pourparlers) que les autorités ukrainiennes ne contrôlent pas la situation et qu'une partie significative de la population les rejette".
Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Pour suivre les dernières actualités en direct, cliquez ici.