FIN DE VIE - L'aide soignante elle-même n'emploie pas le mot "euthanasie". Pourtant le geste de cette jeune femme de 30 ans qui a empoisonné neuf pensionnaires d'une maison de retraite près de Chambéry, dont six mortellement, relance immanquablement le débat sur la fin de vie.
D'autant que cette question doit connaître tout prochainement de nouveaux développements. C'est lundi que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit en effet rendre les conclusions du débat citoyen qu'il a lancé le mois dernier, conformément aux attentes de François Hollande. Une nouvelle loi devrait suivre dans les prochaines semaines, mais sans doute pas pour légaliser l'euthanasie qui recueille pourtant une large approbation dans l'opinion.
En prévision de cette actualité et aussi parce que le débat vient de rebondir en Belgique avec le vote au Sénat de l'élargissement de l'euthanasie aux mineurs, chaque camp tente de tirer sa propre conclusion de l'affaire savoyarde. De la même manière, chacun avait eu sa lecture de l'affaire Bonnemaison du nom d'un médecin urgentiste de Bayonne. En octobre dernier, il a été renvoyé aux assises pour l'empoisonnement de sept patients en fin de vie, des actes qu'il a assumés, estimant qu'il devait mettre fin à des souffrances extrêmes. Des faits qui remontent à plusieurs années.
Cette fois, l'aide-soignante a dit avoir "voulu soulager les souffrances" de ces personnes qui, selon le procureur "n'étaient pas en fin de vie". Pour la ministre en charge des personnes âgées, Michèle Delaunay, "on doit considérer ces faits comme très graves car des personnes âgées relativement jeunes qui ne demandaient absolument pas à mourir sont aujourd'hui décédées". Mais sur France Bleu Gironde, elle a refusé d'entrer dans le débat plus large, renvoyant surtout "à l'état psychologique" de l'aide-soignante. "Nous savons que c'était une jeune fille fragilisée par le décès de sa mère", a ajouté Michèle Delaunay.
Accoyer accuse les militants pro-euthanasie
Mais pour d'autres, comme le député UMP de Savoie Bernard Accoyer, la fragilité de la jeune femme a été exacerbée par les pro-euthanasie. "Il y a des militants de l'euthanasie qui vont trop loin et qui peuvent déstabiliser des personnalités fragiles", a réagi sur France Bleu Pays de Savoie l'ancien président de l'Assemblée nationale. Pour lui, la seule solution est de donner plus de moyens pour faire appliquer la loi Leonetti de 2005. Celle-ci a réaffirmé l'interdiction de l'euthanasie tout en admettant qu'on puisse soulager avec des anti-douleur un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie".
Un avis partagé par la philosophe Marie de Hennezel qui s'oppose à l'euthanasie. "Ceux qui demandent une lois pour abolire la peine de vie portent une immense responsabilité", estime-t-elle. "Ce n'est pas en légalisant l'euthanasie qu'on rendra les fins de vie plus dignes", ajoute-t-elle. Egalement militant anti-euthanasie, le délégué général de l'Alliance Vita va même plus loin:
C'est au contraire, la position inverse que dénoncent les militants pro-euthanasie. "Cette affaire illustre bien toutes les dérives qui existent aujourd'hui alors même qu'il n'y a aucune législation. Ces euthanasies sauvages existent justement parce qu'il n'y a pas de cadre de loi", dénonce auprès du HuffPost Sylvie Courroy, déléguée du Territoire de Belfort de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). On le voit donc, le débat ne fait que commencer.
Lire aussi:
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D'autant que cette question doit connaître tout prochainement de nouveaux développements. C'est lundi que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit en effet rendre les conclusions du débat citoyen qu'il a lancé le mois dernier, conformément aux attentes de François Hollande. Une nouvelle loi devrait suivre dans les prochaines semaines, mais sans doute pas pour légaliser l'euthanasie qui recueille pourtant une large approbation dans l'opinion.
LIRE AUSSI: La mort de deux couples d'octogénaires pose question
En prévision de cette actualité et aussi parce que le débat vient de rebondir en Belgique avec le vote au Sénat de l'élargissement de l'euthanasie aux mineurs, chaque camp tente de tirer sa propre conclusion de l'affaire savoyarde. De la même manière, chacun avait eu sa lecture de l'affaire Bonnemaison du nom d'un médecin urgentiste de Bayonne. En octobre dernier, il a été renvoyé aux assises pour l'empoisonnement de sept patients en fin de vie, des actes qu'il a assumés, estimant qu'il devait mettre fin à des souffrances extrêmes. Des faits qui remontent à plusieurs années.
Cette fois, l'aide-soignante a dit avoir "voulu soulager les souffrances" de ces personnes qui, selon le procureur "n'étaient pas en fin de vie". Pour la ministre en charge des personnes âgées, Michèle Delaunay, "on doit considérer ces faits comme très graves car des personnes âgées relativement jeunes qui ne demandaient absolument pas à mourir sont aujourd'hui décédées". Mais sur France Bleu Gironde, elle a refusé d'entrer dans le débat plus large, renvoyant surtout "à l'état psychologique" de l'aide-soignante. "Nous savons que c'était une jeune fille fragilisée par le décès de sa mère", a ajouté Michèle Delaunay.
Accoyer accuse les militants pro-euthanasie
Mais pour d'autres, comme le député UMP de Savoie Bernard Accoyer, la fragilité de la jeune femme a été exacerbée par les pro-euthanasie. "Il y a des militants de l'euthanasie qui vont trop loin et qui peuvent déstabiliser des personnalités fragiles", a réagi sur France Bleu Pays de Savoie l'ancien président de l'Assemblée nationale. Pour lui, la seule solution est de donner plus de moyens pour faire appliquer la loi Leonetti de 2005. Celle-ci a réaffirmé l'interdiction de l'euthanasie tout en admettant qu'on puisse soulager avec des anti-douleur un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie".
Un avis partagé par la philosophe Marie de Hennezel qui s'oppose à l'euthanasie. "Ceux qui demandent une lois pour abolire la peine de vie portent une immense responsabilité", estime-t-elle. "Ce n'est pas en légalisant l'euthanasie qu'on rendra les fins de vie plus dignes", ajoute-t-elle. Egalement militant anti-euthanasie, le délégué général de l'Alliance Vita va même plus loin:
Qu'une soignante déboussolée ait pu mettre fin aux jours de personnes âgées fragiles laisse imaginer ce qu'une loi d'#euthanasie générerait.
— Tugdual Derville (@TDerville) 12 Décembre 2013
C'est au contraire, la position inverse que dénoncent les militants pro-euthanasie. "Cette affaire illustre bien toutes les dérives qui existent aujourd'hui alors même qu'il n'y a aucune législation. Ces euthanasies sauvages existent justement parce qu'il n'y a pas de cadre de loi", dénonce auprès du HuffPost Sylvie Courroy, déléguée du Territoire de Belfort de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). On le voit donc, le débat ne fait que commencer.
Suicide assisté, euthanasie active, euthanasie passive, quelles définitions ?
Suicide assisté : le suicide assisté est le geste accompli par un médecin qui accélère la survenue de la mort, à la demande du patient en lui fournissant une substance létale, mais dont le geste est accompli par la personne malade elle-même.
Suicide assisté ne veut donc pas dire euthanasie active, geste accompli par un tiers qui administre une substance létale à un malade dans le but de provoquer la mort rapidement.
Enfin, l'euthanasie passive instaure le droit à renoncer aux traitements, à interrompre son alimentation et son hydratation pour "laisser mourir" le malade. Aujourd'hui, la loi du 22 avril 2005 dite loi Leonetti reconnait au malade le droit de refuser un traitement qu'il estime "déraisonnable" au vu des bénéfices à en attendre. Conséquemment, elle autorise le médecin à suspendre ou à ne pas entreprendre des "traitements inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre objet que le maintien artificiel de la vie."
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