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Jeunesse oubliée: le président entend, mais n'écoute pas

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Le président François Hollande entend mais n'écoute pas. Il est ainsi notre bon président, il n'en fait qu'à sa tête, tous ses amis ou collaborateurs vous le diront. Il n'écoute pas quand, après la débâcle des municipales, pour des raisons tacticiennes, il nomme Premier ministre le meilleur représentant de la droite (de la gauche), j'ai nommé Manuel Valls. Il n'écoute pas quand, formant son nouveau gouvernement avec le susnommé, il invente ce ministère hétéroclite des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports dont l'incohérence est affligeante.

Pauvre jeunesse qui, depuis un demi-siècle, est mise à toutes les sauces ministérielles: jeunesse et sports, la formule la plus usitée, éducation et jeunesse (ou vice versa), quelquefois; mais ne nous plaignions pas: en 1947, la jeunesse n'était-elle pas associée aux Belles lettres -ce qui après tout vaut largement "jeunesse et sports", non?

Pourquoi donc le Président Hollande s'entête-t-il à ne pas placer correctement, c'est-à-dire dignement, la jeunesse dans l'organigramme gouvernemental? Je lui ai souvent dit, par écrit, que la jeunesse avait autant besoin d'une vraie reconnaissance publique et citoyenne que d'emplois durables. Le social fonctionne aussi avec le symbolique. Dans son discours du Bourget, alors qu'il n'était que candidat, n'avait-il pas promis l'instauration d'un grand ministère, et même un ministère d'Etat, de la jeunesse? Que ne l'a-t-il fait devenu président, tandis qu'il le pouvait sans opposition? Patience, penserez-vous, le temps de ce grand ministère viendra, qui regroupera toutes les thématiques étrangement éparpillées dans la structure gouvernementale actuelle, à savoir l'emploi et la formation, le logement et la santé, les droits spécifiques à promouvoir, etc. peut-être.

Mais j'en arrive à ce que j'avais nommé, il y a plus de quinze ans, une "catastrophe sociale majeure": le chômage de masse de la jeunesse. Inexorablement, et la dernière enquête du Cereq le confirme, la situation pour elle ne s'améliore pas. Les différentes catégories de jeunes tombent, les unes après les autres, plus ou moins lourdement ou brutalement, dans le camp des non-inclus. A cet égard, et malgré les efforts constants et méritants du président Hollande depuis son élection, à coups d'emplois d'avenir et de contrats de génération, rien ne change vraiment et l'on s'achemine progressivement vers un nouvel échec présidentiel. La politique de l'emploi des jeunes est déjà un quasi-échec.

Comment donc retourner une situation qui voit aujourd'hui 22% des jeunes Français sans emploi? En rappelant d'abord que ce n'est pas une fatalité du mondialisme, quand on sait par exemple que moins de 6% des jeunes Allemands connaissent cette situation. En imaginant que, dans le futur Pacte de responsabilité, l'une des clauses de la contrepartie demandée aux entreprises pourrait être de réserver un certain nombre d'emplois pour les jeunes et pour les seniors, guère mieux lotis en ce domaine.

Un mot encore pour conclure sur les jeunes diplômés. Il y a quinze ans, personne ne parlait de chômage pour eux; le diplôme restait un parapluie très protecteur. N'en déplaise aux commentateurs rapides, journalistes ou chercheurs, il n'en est plus ainsi aujourd'hui. Les diplômes insèrent moins bien et moins vite. En clair, il est plus difficile pour un jeune diplômé de trouver un emploi et de le trouver rapidement.

Considérons l'évolution entre 2000 et 2004 (chiffres Cereq). Tandis qu'entre ces deux dates la progression du chômage a été de 50% chez les non-diplômés, il a été du même ordre chez les titulaires d'une licence professionnelle et de 75% chez les titulaires d'une licence générale et autres bacs +3. Quant aux diplômés du supérieur long, si le nombre des chômeurs y reste modeste (entre 4 et 32%, pour 48% chez les non-diplômés), la progression a tout de même été la même que chez les "sans aucun parchemin": +50%, et, précisons-le, avec des chiffres même supérieurs dans deux catégories : les diplômés d'une école de commerce: +80% et les titulaires d'un Master 2 et autres bacs +5 : +100%.

Il est donc temps pour le nouveau ministre de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, comme nous l'avons fait, à notre niveau, dans Le Bac inutile (L'œuvre, 2012), de se pencher sur ce mal français qu'est la "diplômite aigüe", d'imaginer d'autres procédures d'évaluation que le diplôme dont la dévaluation est croissante. A quoi bon ces millions de diplômés-chômeurs de par le monde!

Jeunesse mal représentée, jeunesse mal (non) employée: il faut agir, monsieur le Président. Et vite à présent.

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