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Prises en photo dans le métro à leur insu, les Londoniennes sont en colère, mais que peut-on faire dans ce cas?

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FACEBOOK - Une page Facebook diffusant des photos peu flatteuses de femmes en train de manger dans le métro londonien a créé l'émoi en Grande-Bretagne, certains criant au sexisme ou invitant les victimes à porter plainte.

Le groupe Facebook nommé "Women Who Eat On Tubes" (WWEOT - Les femmes qui mangent dans le métro) propose de photographier, à leur insu, des passagères en train de se sustenter, puis de publier leurs portraits en indiquant ce qu'elles absorbaient, à quelle heure et sur quelle ligne.

photo metro



Des centaines de photos d'usagers croquant à pleine dents dans leur casse-croûte, dévorant des chips ou encore des sucreries ont été publiées sur la page suivie par plus de 16.000 personnes.

La colère des victimes

"Nous célébrons et encourageons les femmes qui mangent dans le métro. Nous ne les marginalisons pas. WWEOT est un groupe d'observation, qui ne porte pas de jugement. Il n'a pas vocation à intimider ou à persécuter", est-il précisé sur la page du groupe.

Malgré ces quelques lignes d'explications sur le groupe Facebook, ces portraits suscitent la colère chez les victimes, rarement mises en valeur par les clichés. L'une d'entre elles, Sophie Wilkinson, a expliqué au magazine en ligne "The Debrief" qu'elle s'était "sentie humiliée" et "désemparée devant l'impossibilité d'obtenir le retrait" de sa photo.

"Prendre des photos dans le métro n'est pas illégal", a souligné à l'AFP, Steve Burton, directeur de la sécurité chez TFL, organisme chargé du métro londonien. Afin de respecter l'intimité des usagers, "nous demandons à ceux qui photographient de faire preuve de bon sens et de respecter les autres passagers", a-t-il ajouté.


TFL a appelé lundi "les femmes se sentant en danger" à contacter les agents du métro ou la police des transports. Mais le mieux que puissent faire ces femmes, c'est d'arrêter de grignoter dans les transports.

Et en France?

Ça n'est pas la première fois que des photos de femmes prises à leur insu et publiées sur Internet font scandale, loin de là. On imagine donc que le jeu du métro londonien pourrait arriver jusqu'aux rames des métros français.

Que les sujets soient des hommes ou des femmes, les photos prises à la sauvette entre deux arrêts existent déjà. Des blogs entiers y sont dédiés comme "Metro, boulot, photo" qui s'amusent des looks et des bizarreries des franciliens, photos à l'appui.

Alors si vous vous retrouvez sur une page Facebook ou un blog de ce type, avez-vous la possibilité de faire retirer ces images ou êtes vous sans recours, comme les Anglaises de WWEOT?

"En Angleterre, la liberté dans ce domaine est quasi totale, mais en France c'est très différent, rassure l'avocate Joëlle Verbrugge, auteure de "Droit à l'image".

Une autorisation est nécessaire

Que ce soit dans le métro de Paris, Toulouse, Rennes, Lyon ou celui de Lille: "Il faut une autorisation préalable de l'exploitant pour toute prise de vue", rappelle l'avocate. Ainsi l'auteur du Tumblr "Metro, boulot, photo" aurait du obtenir une autorisation de la RATP pour son projet.

Les sociétés de transports se tiennent à cette règle pour les professionnels mais elles sont beaucoup plus tolérantes pour les amateurs. "En ce qui concerne les photos prises par des touristes, il y a une tolérance de la part de RATP", a d'ailleurs précisé la régie au HuffPost.

Dans la grande majorité des cas, si un agent surprend un voyageur en train de prendre une photo, sans autorisation, ce dernier se verra rappeler la règle et devra obtenir la fameuse autorisation. "Chacun est propriétaire de son droit à l'image, rappelle par ailleurs la RATP. Un voyageur du métro peut tout à fait s'opposer à ce qu'il soit pris en photo par un autre voyageur."

Vie privée VS. liberté d'expression

Autorisation ou pas, que faire si l'on est pris en photo à son insu dans le métro et qu'on le découvre plus tard? Le premier réflexe est simplement de demander le retrait de votre photo. Côté justice, "pour une utilisation commerciale, il faut une autorisation", assure Joëlle Verbrugge. Si l'usager entame une procédure, on lui donnera donc facilement raison. Mais pour une utilisation plus "artistique", c'est à la personne photographiée d'apporter plusieurs preuves.

"La personne doit d'abord prouver à la justice que c'est bien elle sur la photo puis démontrer la gravité des conséquences de la diffusion de cette photo", explique l'avocate.


Car la justice doit trancher entre les notions de respect de la vie privée et de liberté d'expression.

"Le droit à l'image doit céder devant la liberté d'expression chaque fois que l'exercice du premier aurait pour effet de faire arbitrairement obstacle à la liberté de recevoir ou de communiquer des idées qui s'expriment spécialement dans le travail d'un artiste, sauf dans le cas d'une publication contraire à la dignité de la personne ou revêtant pour elle des conséquences d'une particulière gravité." Voici la conclusion de la Cour d'Appel de Paris en 2008 quand il a fallu décidé si, oui ou non, une photo de François-Marie Banier portait préjudice à une femme, photographiée sans son accord. Au final, la plaignante a été déboutée, alors mieux vaut avoir des preuves solides des dommages causées par une photo.

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