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VIDÉO. Remaniement: Montebourg-Valls, de la haine à l'amour

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REMANIEMENT - Si une chose semble bien avancée dans la recomposition du gouvernement qui aura lieu mercredi, c’est la promotion d’Arnaud Montebourg. On murmure que l’actuel ministre du Redressement productif pourrait obtenir la Justice, ou un ministère élargi à Bercy, comprenant l’Industrie, les PME et le Commerce extérieur. Certains vont même jusqu’à en faire un favori pour diriger l’Economie et les Finances... Montebourg chouchou de Valls? Pas vraiment...

L’affaire n’était pas gagnée au départ. Manuel Valls incarne la droite du PS, pour son côté sécuritaire, tandis qu’Arnaud Montebourg est situé à gauche. Lui, l’adepte du capitalisme coopératif et le chantre de la démondialisation. À première vue tout les oppose. Et leur relation n'a pas été un long fleuve tranquille.

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"Oui, j'ai eu des désaccords avec lui", a-t-il concédé au micro de France Inter mardi matin, après la nomination du ministre de l'intérieur au poste de Premier ministre. "Mais nous avons aussi des points communs", a tout de suite tempèré le ministre. Interrogé sur l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, il a répondu qu'il fallait "éviter les procès d'intention". "Ce qui fonde une politique, c'est le mandat du président", a-t-il noté avant d'ajouter: "Je soutiens Manuel Valls". Si ça ne ressemble pas à une déclaration d’amour…


Montebourg : "Je soutiens Manuel Valls" par franceinter



Épisode 1: La primaire PS "Il n’a qu’un pas à faire pour aller à l’UMP" (Montebourg)


Se souviennent-ils encore des noms d'oiseaux échangés lors de la primaire socialiste? Arnaud Montebourg avait affirmé que Valls n'avait qu'un "pas à faire pour aller à l'UMP". Réponse de l'intéressé: "Ce genre de déclarations montre que lui n'a plus qu'un pas à franchir pour rejoindre le camp de la bêtise". Manuel Valls avait aussi jugé que "l'idée de la démondialisation défendue par Arnaud Montebourg n'est pas adaptée, qu'elle est dépassée, et qu'elle est même franchement ringarde". Et dire que ces deux là seront à l’avant-garde de la lutte contre la crise...

Lors du deuxième débat télévisé de la primaire, Arnaud Montebourg avait lancé à propos de la TVA sociale, proposée par Nicolas Sarkozy et soutenue par Manuel Valls: "Je ne voudrais pas laisser dire ici qu'il serait naturel que nous reprenions des solutions que la droite a essayé de faire passer". "Arnaud, pas de coups, parce que personne ici n'a le monopole de la gauche", avait répondu le député-maire de l’Evry. Avant d’ajouter: "C’est trop facile de caricaturer. Ne balaie pas d’un revers de main des idées qui peuvent être de gauche".

L'histoire montrera tout de même que l'ancien ministre de l'Intérieur avait pris le bon wagon, car François Hollande a suivi cette ligne. Et pas celle d’Arnaud Montebourg.


Accrochage Valls Montebourg par jlhuss



Épisode 2: La guerre des ministres. "Je l'aurais viré" (Valls)


Bien avant leur rapprochement, Manuel Valls était volontiers piquant à propos de son collègue alors qu'ils étaient tous deux ministres. Après le fameux "Jean-Marc, tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes", adressé par Arnaud Montebourg à l’ancien chef du gouvernement, l'ex-ministre de l'Intérieur avait été limpide. "Vous l'auriez viré?", lui avait alors demandé Jean-Jacques Bourdin en avril 2013. Manuel Valls avait alors répondu "sans doute".


Valls à la place d'Ayrault, aurait-il viré... par BFMTV



Épisode 3: Composer au moment de recomposer


Derrière les saillies, les deux hommes ont néanmoins rapidement compris qu’ils pouvaient faire des affaires ensemble. Fini les petites phrases, terminées les oppositions idéologiques, les quinquagénaires du gouvernement font désormais front commun. C’est Aquilino Morelle, conseiller de François Hollande à l’Elysée, qui a poussé pour ce rapprochement.

Directeur de campagne d’Arnaud Montebourg pendant la primaire socialiste, il a travaillé à Matignon sous Lionel Jospin, à l’époque où un certain Manuel Valls s’occupait de la communication.

Selon le conseiller, cité par Mediapart (lien payant), "ils partagent un même républicanisme intransigeant, un même volontarisme économique et un même réalisme du point de vue de la construction européenne".

Manuel Valls a voté "non" au référendum constitutionnel de 2005, tout comme Arnaud Montebourg. Mais aucun n’est monté à la tribune pour défendre le "non socialiste" de Laurent Fabius ou Henri Emmanuelli. Pas plus qu’ils ont rejoint le "non de gauche" porté par Jean-Luc Mélenchon. Comme Benoît Hamon (qui a aussi noué des relations privilégiées avec le duo), ils ont choisi de rentrer dans le rang pour ne pas faire d’ombre au PS.

Entre Valls et Montebourg, il y a aussi une histoire de génération, celle des ex-quadras qui n’ont jamais eu leur chance quand les Hollande, DSK, Aubry, Fabius et Royal régnaient sur le parti.


Épisode 4: Les meilleurs amis depuis septembre 2013


Si l’on veut dater le rapprochement des deux ministres, il faut remonter au mois de septembre 2013. En pleine polémique sur la gestion des Roms, Manuel Valls avait reçu le soutien ferme d’Arnaud Montebourg. "Manuel Valls n'a pas la tâche facile”, disait-il avant d’ajouter "il faut rendre hommage au ministre de l'Intérieur".

La déclaration était d’autant plus surprenante à cette époque que c’est lui qui avait qualifié d'"excessifs" les propos de son collègue trois jours auparavant. "On peut soutenir une action et condamner un propos", s'était-il justifié, ambigu. Et de répéter à plusieurs reprises: "Je le soutiens!"


Arnaud Montebourg: "On peut soutenir une action... par rtl-fr


Et dans un pacte, il y aussi le retour d'ascenseur. Sur le plateau de France 2, début février (ci-dessous), l'ancien ministre de l'Intérieur a tressé les louanges de son nouvel allié: "Je pense que nous avons besoin d’un protectionnisme. Je donnerais un autre mot: un patriotisme. Un patriotisme économique, industriel, national. Le made in France défendu par mon collègue Arnaud Montebourg est un élément très important, au cœur du pacte de responsabilité. Si l’Europe veut redonner confiance, elle doit être capable dans les grandes négociations commerciales de se protéger davantage du dumping social. Nous avons besoin de protection. Il faut se protéger". Voilà pour les petites phrases, mais les phrase rapportées ont aussi leur importance.




Ensemble le 17 janvier dans le Vaucluse, les deux partenaires ont réaffirmé leur aversion au FN. Ils ont aussi beaucoup ri dans le TGV du retour, comme le relate Libération, n'oubliant pas de faire partager leurs meilleures blagues avec les journalistes présents. Le 14 février, jour de la Saint-Valentin, faut-il le rappeler, ils étaient ensemble sur les terres ouvrières du Pas-de-Calais. "C'est encore mieux quand nous combattons ensemble, sur le terrain", avait ostensiblement déclaré Arnaud Montebourg.


Épisode 5: La trêve, oui, mais jusqu'à quand


Aucun des deux n’a jamais caché son rêve d’atteindre un jour la présidence de la République. "Après le ministère, j'arrête la politique, en tout cas comme carrière", avait soufflé Arnaud Montebourg au Monde l'été dernier. "La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour". Manuel Valls n’a jamais caché non plus ses ambitions élyséennes. Une alliance avant de passer à l'action aiderait donc chacun à neutraliser l'autre. Mais l'hypothèse est encore lointaine.

Pour François Hollande, les deux hommes sont un moyen de rééquilibrer le rapport de force de l'exécutif. Si le trio Hollande-Ayrault-Moscovici incarnait à merveille la ligne sociale-démocrate du président, l'attelage Valls-Montebourg a l'avantage de ranimer la flamme du gouvernement. Le premier dispose d'un image autoritaire et républicaine, le second est un volontariste à tendance colbertiste. A la manière de hussards, leur audace et leur sens du spectacle pourraient aider à faire passer la pilule des 50 milliards d'euros d'économies.

Doté du verbe haut et d'un sens du coup médiatique, leur style rappelle forcément un certain Nicolas Sarkozy. Il faudra donc pour les nouveaux alliés obtiennnent des résultats rapidement. Car si les deux ministres sont encore les rares à bénéficier d'une image correcte dans l'opinion, les échecs pourraient faire monter la défiance. Et ça ni François Hollande, ni les deux ministres ambitieux n'en ont besoin.



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