Dimanche 23 mars aura vu de très nombreux élu-e-s locaux de gauche, malgré un travail remarquable de terrain, être victimes d'un vote sanction sur les choix politiques du gouvernement de ces deux dernières années. Malgré de nombreux revers dès le premier tour, il aura fallu attendre 48 heures afin que les conseillers politiques de l'Elysée assument du bout des lèvres un vote sanction, quand pour tout le monde l'évidence était là. Pire, la déconnection avec le réel a atteint son paroxysme cette semaine, dans l'interprétation du scrutin. Il faudra "évidemment un remaniement ministériel", et rendre "plus lisible la politique gouvernementale", notamment via le "Pacte de Responsabilité": tels sont les commentaires des uns et des autres sur ce qu'il conviendra de faire après la déroute annoncée du 30 mars. A aucun moment la question d'une réorientation profonde de la politique gouvernementale n'est posée, ni la question de la stratégie de la gauche sur ces prochaines années. Or sans changement de cap et sans une nouvelle structuration de la gauche sur un programme solide, le parti socialiste, les verts comme le front de gauche perdront mécaniquement les futures échéances électorales.
S'agissant du fond d'abord. Si la question des hommes et des femmes se posent évidemment dans le cadre d'un remaniement ministériel, d'abord car le message qu'ils ou elles portent au travers de leur valeur est essentiel, il s'agit avant tout de comprendre que la politique menée n'amènera nullement les effets escomptés. Il serait irresponsable de penser que les réformes engagées porteront "leurs fruits". Il suffit de regarder les politiques identiques menées dans d'autres pays pour constater qu'elles vont mécaniquement engendrer davantage de chômage, de précarité, de baisse de la croissance.
La gauche française doit s'émanciper de ses dogmes passéistes, que ce soit en matière de sécurité publique, en matière budgétaire, comme en matière de politique européenne....Le temps est venu pour celles et ceux qui veulent servir la France et défendre le progrès social de sortir des idées préconçues et des analyses simplistes.
C'est là où la stratégie de reconquête de la gauche est importante. Agiter le chiffon rouge du Front National, sans changer de politique, ne changera pas la donne des futures échéances électorales. C'est ainsi. La nature a horreur du vide. Dès l'instant où le Front National peut se présenter à toutes les élections, cela implique que l'Etat de droit reconnaît le parti de Marine Le Pen comme un parti républicain. S'il ne l'est pas, alors ceux qui en appellent systématiquement au Front Républicain doivent saisir le conseil constitutionnel pour apporter la preuve qu'il ne respecte pas les principes énoncés par la constitution. Il s'agit de cohérence entre les paroles et les actes. La montée du Front national est d'abord la conséquence de l'incapacité de la gauche à engager des réformes dignes de répondre aux défis évoqués plus haut.
Dès lors, les différents scénarios tactiques et politiciens des conseillers de Matignon et de l'Elysée, fondés sur l'idée que l'histoire se répète, n'ont aucune chance d'aboutir. La cynique stratégie que nous sommes un certain nombre à connaître de vouloir provoquer une dissolution de l'Assemblée pour provoquer un duel en 2017 entre François Hollande et Marine Le Pen sur fond d'échec de l'opposition n'a aucune chance de réussir. Le contexte politique n'est plus le même.
Primo le délitement des valeurs républicaines, la dislocation progressive de l'Etat de droit, l'éclatement du pacte Républicain, le repli identitaire qui s'opère aux quatre coins du pays forment des sables mouvants pour celles et ceux qui seraient tentés par une telle idée saugrenue. Secundo, pour la première fois depuis sa création, le parti socialiste vit le Congrès d'Epinay à l'envers. La division à gauche, l'émergence et l'existence ici et là de mouvements alternatifs, se positionnant soit au centre gauche comme la "Nouvelle Donne" soit à "la gauche de la gauche" comme le "Mouvement Unitaire Progressiste", le "Parti Socialiste de Gauche" et le "Front de Gauche" créent un terreau fertile à l'abstention et à une dispersion des voix.
Dans ces conditions, l'issue d'une dissolution de l'assemblée verrait la gauche éliminée du deuxième tour de l'élection présidentielle, propulsant mécaniquement Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour.
Conclusions?
L'urgence est à une réorientation profonde de la politique gouvernementale et à la convocation d'Etats généraux de la gauche. Je prendrai trois exemples :
Notre pays souffre de 10 millions d'actes de violences par an et de 20 ans de retard dans les politiques de prévention de la délinquance juvénile et dans l'aide aux victimes. Conséquences? Alors que les budgets cumulés des Ministères de l'Intérieur et de la Justice représentent 30 milliards d'euros par an, le coût de la délinquance, en plus de son coût humain, est de ...115 milliards d'euros annuel. Renforcer les moyens en prévention, les moyens alloués aux forces de l'ordre et à la police judiciaire, c'est lutter contre la financiarisation de la délinquance, honorer le courant humaniste...et réduire les déficits publics.
En matière de politique internationale, la France doit sortir de l'angélisme. Si la France n'est rien sans l'Europe (60% de nos importations et exportations se font au sein de la zone euro), l'Europe n'est également rien sans la France. Sortir du dogmatisme de Bruxelles est urgent. Comme protéger nos emplois, nos industries, notre savoir-faire face à des grandes puissances qui ne respectent ni les droits fondamentaux de la personne humaine, ni l'environnement, ni un minimum de règles sociales protégeant la santé et l'avenir des salariés. Mettre en place une taxe carbone aux frontières contre certains produits importés de chine ou encore d'Amérique ne respectant pas des critères fondamentaux comme ceux évoqués plus haut, ce n'est pas du protectionnisme déguisé. C'est assumer un choix de développement économique et industriel qui replace au centre de l'action publique le progrès humain. Qui aujourd'hui peut sérieusement croire que ces choix, qui étaient autant d'engagements électoraux, nous vaudraient des représailles sur le plan économique? La France reste un des plus grands pays importateurs du monde!
Enfin, sur la fiscalité, il est inconcevable que les Françaises et les Français continuent de payer une "facture énergétique" grandissante quand la France dispose de tous les atouts sur son territoire pour engager une révolution industrielle autour des énergies renouvelables. Il est également irresponsable d'augmenter les impôts et d'allonger les durées de cotisations sur les retraites quand la fraude fiscale en France atteint sur une année près de 80 milliards d'euros, soit l'équivalent du financement des retraites jusqu'à 2050.
A la lumière de ces faits, le gouvernement doit revenir aux engagements de la campagne présidentielle. La social-démocratie partout en échec doit pousser les forces progressistes à engager le combat qu'elles ont toujours refusé: celui contre la finance internationale spéculative. Entre le stalinisme, la social-démocratie et un pseudo libéralisme, oui une quatrième voie est possible!
Je suis disposé à la porter haut et fort!
S'agissant du fond d'abord. Si la question des hommes et des femmes se posent évidemment dans le cadre d'un remaniement ministériel, d'abord car le message qu'ils ou elles portent au travers de leur valeur est essentiel, il s'agit avant tout de comprendre que la politique menée n'amènera nullement les effets escomptés. Il serait irresponsable de penser que les réformes engagées porteront "leurs fruits". Il suffit de regarder les politiques identiques menées dans d'autres pays pour constater qu'elles vont mécaniquement engendrer davantage de chômage, de précarité, de baisse de la croissance.
La gauche française doit s'émanciper de ses dogmes passéistes, que ce soit en matière de sécurité publique, en matière budgétaire, comme en matière de politique européenne....Le temps est venu pour celles et ceux qui veulent servir la France et défendre le progrès social de sortir des idées préconçues et des analyses simplistes.
C'est là où la stratégie de reconquête de la gauche est importante. Agiter le chiffon rouge du Front National, sans changer de politique, ne changera pas la donne des futures échéances électorales. C'est ainsi. La nature a horreur du vide. Dès l'instant où le Front National peut se présenter à toutes les élections, cela implique que l'Etat de droit reconnaît le parti de Marine Le Pen comme un parti républicain. S'il ne l'est pas, alors ceux qui en appellent systématiquement au Front Républicain doivent saisir le conseil constitutionnel pour apporter la preuve qu'il ne respecte pas les principes énoncés par la constitution. Il s'agit de cohérence entre les paroles et les actes. La montée du Front national est d'abord la conséquence de l'incapacité de la gauche à engager des réformes dignes de répondre aux défis évoqués plus haut.
Dès lors, les différents scénarios tactiques et politiciens des conseillers de Matignon et de l'Elysée, fondés sur l'idée que l'histoire se répète, n'ont aucune chance d'aboutir. La cynique stratégie que nous sommes un certain nombre à connaître de vouloir provoquer une dissolution de l'Assemblée pour provoquer un duel en 2017 entre François Hollande et Marine Le Pen sur fond d'échec de l'opposition n'a aucune chance de réussir. Le contexte politique n'est plus le même.
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Primo le délitement des valeurs républicaines, la dislocation progressive de l'Etat de droit, l'éclatement du pacte Républicain, le repli identitaire qui s'opère aux quatre coins du pays forment des sables mouvants pour celles et ceux qui seraient tentés par une telle idée saugrenue. Secundo, pour la première fois depuis sa création, le parti socialiste vit le Congrès d'Epinay à l'envers. La division à gauche, l'émergence et l'existence ici et là de mouvements alternatifs, se positionnant soit au centre gauche comme la "Nouvelle Donne" soit à "la gauche de la gauche" comme le "Mouvement Unitaire Progressiste", le "Parti Socialiste de Gauche" et le "Front de Gauche" créent un terreau fertile à l'abstention et à une dispersion des voix.
Dans ces conditions, l'issue d'une dissolution de l'assemblée verrait la gauche éliminée du deuxième tour de l'élection présidentielle, propulsant mécaniquement Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour.
Conclusions?
L'urgence est à une réorientation profonde de la politique gouvernementale et à la convocation d'Etats généraux de la gauche. Je prendrai trois exemples :
Notre pays souffre de 10 millions d'actes de violences par an et de 20 ans de retard dans les politiques de prévention de la délinquance juvénile et dans l'aide aux victimes. Conséquences? Alors que les budgets cumulés des Ministères de l'Intérieur et de la Justice représentent 30 milliards d'euros par an, le coût de la délinquance, en plus de son coût humain, est de ...115 milliards d'euros annuel. Renforcer les moyens en prévention, les moyens alloués aux forces de l'ordre et à la police judiciaire, c'est lutter contre la financiarisation de la délinquance, honorer le courant humaniste...et réduire les déficits publics.
En matière de politique internationale, la France doit sortir de l'angélisme. Si la France n'est rien sans l'Europe (60% de nos importations et exportations se font au sein de la zone euro), l'Europe n'est également rien sans la France. Sortir du dogmatisme de Bruxelles est urgent. Comme protéger nos emplois, nos industries, notre savoir-faire face à des grandes puissances qui ne respectent ni les droits fondamentaux de la personne humaine, ni l'environnement, ni un minimum de règles sociales protégeant la santé et l'avenir des salariés. Mettre en place une taxe carbone aux frontières contre certains produits importés de chine ou encore d'Amérique ne respectant pas des critères fondamentaux comme ceux évoqués plus haut, ce n'est pas du protectionnisme déguisé. C'est assumer un choix de développement économique et industriel qui replace au centre de l'action publique le progrès humain. Qui aujourd'hui peut sérieusement croire que ces choix, qui étaient autant d'engagements électoraux, nous vaudraient des représailles sur le plan économique? La France reste un des plus grands pays importateurs du monde!
Enfin, sur la fiscalité, il est inconcevable que les Françaises et les Français continuent de payer une "facture énergétique" grandissante quand la France dispose de tous les atouts sur son territoire pour engager une révolution industrielle autour des énergies renouvelables. Il est également irresponsable d'augmenter les impôts et d'allonger les durées de cotisations sur les retraites quand la fraude fiscale en France atteint sur une année près de 80 milliards d'euros, soit l'équivalent du financement des retraites jusqu'à 2050.
A la lumière de ces faits, le gouvernement doit revenir aux engagements de la campagne présidentielle. La social-démocratie partout en échec doit pousser les forces progressistes à engager le combat qu'elles ont toujours refusé: celui contre la finance internationale spéculative. Entre le stalinisme, la social-démocratie et un pseudo libéralisme, oui une quatrième voie est possible!
Je suis disposé à la porter haut et fort!
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