Cette note propose de revenir sur différents éléments qui permettent de comprendre les structurants du vote et d'éclairer les principaux enseignements du premier tour des élections municipales de 2014: une abstention record, les scores élevés du Front National, un avantage pour l'UMP et une baisse, par rapport à 2008, du vote en faveur des candidats soutenus par le Parti Socialiste.
Une part non négligeable des électeurs incertains de leur choix à quelques jours du scrutin
Interrogés le jour du vote, près d'un tiers des électeurs déclarent avoir pris leur décision seulement quelques jours avant le 1er tour des élections voire le jour même, un peu plus d'un quart dans les semaines précédentes, tandis que quatre Français sur dix indiquent avoir toujours su pour qui ils allaient voter. Si cette proportion "d'hésitants" apparaît sensiblement équivalente à ce que l'on avait mesuré lors de l'élection présidentielle de 2012 (58%), on remarque toutefois que celle qui identifiée les semaines précédentes tend à diminuer (-5 points par rapport à 2012) au profit d'une incertitude qui perdure jusqu'au jour du scrutin (+6 points par rapport à 2012).
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Un scrutin qui s'appréhende avant tout sous l'angle d'enjeux locaux...
Les enjeux locaux constituent l'élément le plus déterminant du vote : 89% des électeurs s'étant exprimés au premier tour déclarent que cela a joué un rôle important dans leur choix. Cette dimension s'impose ainsi très largement sur la prise en compte d'enjeux nationaux, dont l'influence apparaît relativement réduite (33%).
Si l'on observe peu de différences d'appréciation de ces différents éléments entre les électeurs ayant voté pour la Gauche ou pour la Droite, des variations existent aux extrémités de l'échiquier politique. Les électeurs du Front de Gauche et du FN apparaissent nettement plus attachés à l'étiquette du parti des candidats que les autres, au détriment de leur personnalité ou de leur notoriété.
Enfin, autre nuance, les électeurs du FN sont bien plus enclins que les autres à nationaliser le scrutin: 78% d'entre eux déclarent que les enjeux nationaux ont compté dans leur vote, contre 33% en moyenne.
...mais qui offre aussi l'opportunité d'exprimer un message de mécontentement à l'égard de l'exécutif
Si la prise en compte des enjeux nationaux émerge à un niveau secondaire dans le comportement des électeurs, il n'en demeure pas moins que l'insatisfaction généralisée à l'égard de l'exécutif tend à rejaillir, ne serait-ce que de manière indirecte sur la posture des électeurs et à influencer pour une partie d'entre eux leur vote. 23% des électeurs déclarent ainsi avoir voulu exprimer un message à François Hollande et son gouvernement à travers leur vote, jusqu'à 67% des électeurs frontistes, 27% de ceux de l'UMP et un tiers des électeurs ayant voté blanc ou nul.
Autre révélateur de l'influence du climat actuel et de la défiance des Français à l'égard des responsables politiques, seul un électeur sur deux (55%) qualifie son vote de « vote d'adhésion », soit une proportion stable par rapport à ce qui avait été mesuré à l'occasion de l'élection présidentielle en 2012. 18% des électeurs déclarent avoir voté "par défaut", 14% indiquant avoir effectué un "vote utile" et 8% un "vote de protestation". Le vote utile est plus répandu chez les électeurs du MoDem et du Centre (24% contre 14% en moyenne des inscrits), tandis que le vote de protestation est davantage revendiqué par les électeurs frontistes (29%). Notons que, bien qu'il soit majoritaire, le vote d'adhésion est peu élevé chez les électeurs du PS (61%).
Impôts locaux, cadre de vie, dépenses de la municipalité et sécurité émergent comme les thématiques ayant le plus pesé dans le choix des électeurs
Les attentes et les inquiétudes exprimées par les Français en matière économique s'expriment également au niveau local. Tout en étant majoritairement satisfaits, en moyenne, du travail accompli par leur Maire sortant [2], les électeurs de Droite comme de Gauche déclarent avoir structuré leur vote en fonction d'enjeux financiers: d'une part les impôts locaux (41%) et d'autre part les dépenses de la municipalité (39%). Le cadre de vie apparaît également comme un élément déterminant du vote (40% en moyenne, soit le deuxième élément le plus cité). Enfin, les électeurs se montrent sensibles aux enjeux de sécurité dans leur commune: 33% indiquent que cela a joué un rôle important dans leur choix. La sécurité constitue même la première motivation des électeurs frontistes (80%), tandis que les électeurs du Front de gauche ou du MoDem sont moins positionnés sur cette thématique.
Dans le détail, le rôle joué par l'un ou l'autre de ces sujets varie sensiblement selon les électorats. Ainsi, les électeurs du Parti socialiste et surtout d'EELV accordent davantage d'importance au cadre de vie, quand les électeurs de l'UMP et du Front National se positionnent davantage sur les aspects économiques (gestion des dépenses de la municipalité et impôts locaux).
La gestion des problèmes environnementaux par la commune: un élément qui a compté dans le vote des électeurs
79% des électeurs du 1er tour déclarent que la gestion par leur commune des problèmes environnementaux (inondations, pollution...) a eu une influence sur leur vote. Le positionnement des élus de leur commune à l'égard d'autres enjeux qui ont fait l'actualité il y quelques mois ont également retenu leur attention, mais dans une moindre mesure: c'est le cas des rythmes scolaires (51% en ont tenu compte), de l'accueil des Roms dans leur commune (48%, jusqu'à 77% auprès des électeurs du FN) ou encore de la position des candidats à l'égard du mariage homosexuel (37%, contre-intuitivement plus cité par les sympathisants de Gauche que de Droite).
Au final, mois après mois, seule la thématique des impôts locaux résiste et continue à cristalliser les attentes de l'opinion alors que les autres dossiers sont en reflux par rapport à ce que l'on a pu observer dans une précédente enquête réalisée en octobre (-4 points pour les rythmes scolaires, -13 points pour l'accueil des Roms, - 4 points pour la position à l'égard du mariage homosexuel).
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Une influence relative des "affaires" dans le vote des électeurs, mais qui participe sans doute indéniablement à nourrir la défiance ambiante à l'égard des responsables politiques
L'influence de différents dossiers d'actualité révélés dans les semaines précédant le scrutin, qu'il s'agisse des affaires concernant des responsables de l'UMP, de la gestion par le gouvernement des écoutes de Nicolas Sarkozy ou encore du pic de pollution atmosphérique, s'avère relative. A peine plus d'un un électeur sur dix déclare, concernant les différentes "affaires" testées, qu'elle a eu influence sur son vote.
A l'exception des électeurs frontistes, et des abstentionnistes, nombreux à déclarer que les « affaires » ayant touché récemment des responsables de l'UMP ou la réaction du Gouvernement suite à la révélation des écoutes de Nicolas Sarkozy par la justice ont eu un impact sur leur vote (25% et 23% contre 13% et 11% en moyenne). Si ces éléments contribuent indéniablement à ternir l'image des responsables politiques et à nourrir la déception des électeurs, pris à un à un, ils n'apparaissent toutefois pas comme des structurants majeurs du vote, ou du moins nettement moins influents que les inquiétudes socio-économiques des électeurs et la nécessité perçue d'un changement de politique pour y répondre.
__________________________
[1] Enquête Harris Interactive/M6 réalisée en ligne le dimanche 23 mars 2014, à partir de l'access panel Harris Interactive. Echantillon de personnes inscrites sur les listes électorales des communes d'au moins 1 000 habitants, issu d'un échantillon de 3 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l'interviewé(e) et taille de la commune.
[2] En octobre 2013, 60% des personnes vivant dans des communes d'au moins 1000 habitants se déclaraient satisfaits de l'action du maire et de l'équipe municipale dans leur commune. Enquête Harris Interactive réalisée en ligne du 09 au 22 octobre 2013. Echantillon de 1706 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus et vivant dans des communes de 1000 habitants et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).
Une part non négligeable des électeurs incertains de leur choix à quelques jours du scrutin
Interrogés le jour du vote, près d'un tiers des électeurs déclarent avoir pris leur décision seulement quelques jours avant le 1er tour des élections voire le jour même, un peu plus d'un quart dans les semaines précédentes, tandis que quatre Français sur dix indiquent avoir toujours su pour qui ils allaient voter. Si cette proportion "d'hésitants" apparaît sensiblement équivalente à ce que l'on avait mesuré lors de l'élection présidentielle de 2012 (58%), on remarque toutefois que celle qui identifiée les semaines précédentes tend à diminuer (-5 points par rapport à 2012) au profit d'une incertitude qui perdure jusqu'au jour du scrutin (+6 points par rapport à 2012).
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Un scrutin qui s'appréhende avant tout sous l'angle d'enjeux locaux...
Les enjeux locaux constituent l'élément le plus déterminant du vote : 89% des électeurs s'étant exprimés au premier tour déclarent que cela a joué un rôle important dans leur choix. Cette dimension s'impose ainsi très largement sur la prise en compte d'enjeux nationaux, dont l'influence apparaît relativement réduite (33%).
Si l'on observe peu de différences d'appréciation de ces différents éléments entre les électeurs ayant voté pour la Gauche ou pour la Droite, des variations existent aux extrémités de l'échiquier politique. Les électeurs du Front de Gauche et du FN apparaissent nettement plus attachés à l'étiquette du parti des candidats que les autres, au détriment de leur personnalité ou de leur notoriété.
Enfin, autre nuance, les électeurs du FN sont bien plus enclins que les autres à nationaliser le scrutin: 78% d'entre eux déclarent que les enjeux nationaux ont compté dans leur vote, contre 33% en moyenne.
...mais qui offre aussi l'opportunité d'exprimer un message de mécontentement à l'égard de l'exécutif
Si la prise en compte des enjeux nationaux émerge à un niveau secondaire dans le comportement des électeurs, il n'en demeure pas moins que l'insatisfaction généralisée à l'égard de l'exécutif tend à rejaillir, ne serait-ce que de manière indirecte sur la posture des électeurs et à influencer pour une partie d'entre eux leur vote. 23% des électeurs déclarent ainsi avoir voulu exprimer un message à François Hollande et son gouvernement à travers leur vote, jusqu'à 67% des électeurs frontistes, 27% de ceux de l'UMP et un tiers des électeurs ayant voté blanc ou nul.
Autre révélateur de l'influence du climat actuel et de la défiance des Français à l'égard des responsables politiques, seul un électeur sur deux (55%) qualifie son vote de « vote d'adhésion », soit une proportion stable par rapport à ce qui avait été mesuré à l'occasion de l'élection présidentielle en 2012. 18% des électeurs déclarent avoir voté "par défaut", 14% indiquant avoir effectué un "vote utile" et 8% un "vote de protestation". Le vote utile est plus répandu chez les électeurs du MoDem et du Centre (24% contre 14% en moyenne des inscrits), tandis que le vote de protestation est davantage revendiqué par les électeurs frontistes (29%). Notons que, bien qu'il soit majoritaire, le vote d'adhésion est peu élevé chez les électeurs du PS (61%).
Impôts locaux, cadre de vie, dépenses de la municipalité et sécurité émergent comme les thématiques ayant le plus pesé dans le choix des électeurs
Les attentes et les inquiétudes exprimées par les Français en matière économique s'expriment également au niveau local. Tout en étant majoritairement satisfaits, en moyenne, du travail accompli par leur Maire sortant [2], les électeurs de Droite comme de Gauche déclarent avoir structuré leur vote en fonction d'enjeux financiers: d'une part les impôts locaux (41%) et d'autre part les dépenses de la municipalité (39%). Le cadre de vie apparaît également comme un élément déterminant du vote (40% en moyenne, soit le deuxième élément le plus cité). Enfin, les électeurs se montrent sensibles aux enjeux de sécurité dans leur commune: 33% indiquent que cela a joué un rôle important dans leur choix. La sécurité constitue même la première motivation des électeurs frontistes (80%), tandis que les électeurs du Front de gauche ou du MoDem sont moins positionnés sur cette thématique.
Dans le détail, le rôle joué par l'un ou l'autre de ces sujets varie sensiblement selon les électorats. Ainsi, les électeurs du Parti socialiste et surtout d'EELV accordent davantage d'importance au cadre de vie, quand les électeurs de l'UMP et du Front National se positionnent davantage sur les aspects économiques (gestion des dépenses de la municipalité et impôts locaux).
La gestion des problèmes environnementaux par la commune: un élément qui a compté dans le vote des électeurs
79% des électeurs du 1er tour déclarent que la gestion par leur commune des problèmes environnementaux (inondations, pollution...) a eu une influence sur leur vote. Le positionnement des élus de leur commune à l'égard d'autres enjeux qui ont fait l'actualité il y quelques mois ont également retenu leur attention, mais dans une moindre mesure: c'est le cas des rythmes scolaires (51% en ont tenu compte), de l'accueil des Roms dans leur commune (48%, jusqu'à 77% auprès des électeurs du FN) ou encore de la position des candidats à l'égard du mariage homosexuel (37%, contre-intuitivement plus cité par les sympathisants de Gauche que de Droite).
Au final, mois après mois, seule la thématique des impôts locaux résiste et continue à cristalliser les attentes de l'opinion alors que les autres dossiers sont en reflux par rapport à ce que l'on a pu observer dans une précédente enquête réalisée en octobre (-4 points pour les rythmes scolaires, -13 points pour l'accueil des Roms, - 4 points pour la position à l'égard du mariage homosexuel).
Une influence relative des "affaires" dans le vote des électeurs, mais qui participe sans doute indéniablement à nourrir la défiance ambiante à l'égard des responsables politiques
L'influence de différents dossiers d'actualité révélés dans les semaines précédant le scrutin, qu'il s'agisse des affaires concernant des responsables de l'UMP, de la gestion par le gouvernement des écoutes de Nicolas Sarkozy ou encore du pic de pollution atmosphérique, s'avère relative. A peine plus d'un un électeur sur dix déclare, concernant les différentes "affaires" testées, qu'elle a eu influence sur son vote.
A l'exception des électeurs frontistes, et des abstentionnistes, nombreux à déclarer que les « affaires » ayant touché récemment des responsables de l'UMP ou la réaction du Gouvernement suite à la révélation des écoutes de Nicolas Sarkozy par la justice ont eu un impact sur leur vote (25% et 23% contre 13% et 11% en moyenne). Si ces éléments contribuent indéniablement à ternir l'image des responsables politiques et à nourrir la déception des électeurs, pris à un à un, ils n'apparaissent toutefois pas comme des structurants majeurs du vote, ou du moins nettement moins influents que les inquiétudes socio-économiques des électeurs et la nécessité perçue d'un changement de politique pour y répondre.
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[1] Enquête Harris Interactive/M6 réalisée en ligne le dimanche 23 mars 2014, à partir de l'access panel Harris Interactive. Echantillon de personnes inscrites sur les listes électorales des communes d'au moins 1 000 habitants, issu d'un échantillon de 3 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l'interviewé(e) et taille de la commune.
[2] En octobre 2013, 60% des personnes vivant dans des communes d'au moins 1000 habitants se déclaraient satisfaits de l'action du maire et de l'équipe municipale dans leur commune. Enquête Harris Interactive réalisée en ligne du 09 au 22 octobre 2013. Echantillon de 1706 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus et vivant dans des communes de 1000 habitants et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).
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