Quantcast
Channel: Le Huffington Post
Viewing all articles
Browse latest Browse all 121847

Climat : l'Europe en pleine crise de confiance

$
0
0
Les conclusions du cinquième rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) font frémir : d'ici la fin du siècle, la montée des eaux causée par la hausse des températures obligera des centaines de millions de personnes à se déplacer pour fuir les inondations en zones côtières ou la perte de leur terre. L'insécurité alimentaire s'accentuera à cause d'une baisse des récoltes de 2% par décennie jusqu'à la fin du siècle, quand nos besoins alimentaires vont augmenter de 14% tous les dix ans jusqu'en 2050. Les scientifiques du GIEC nous alertent aussi sur la probabilité d'augmentation en intensité des événements météorologiques extrêmes tels que les canicules, les inondations, les sécheresses, ainsi que sur les impacts sur la santé liés à l'alimentation et à la qualité de l'eau. Ils soulignent la menace pour la sécurité que font peser les changements climatiques, en exacerbant la pauvreté, la vulnérabilité et les chocs économiques, sources de conflits et de guerres civiles.

Pour clore le tableau, au-delà d'un coût humain d'ores et déjà inacceptable, le dérèglement du climat est chiffré à 1200 milliards de dollars par an, une somme astronomique.

Et pourtant, le GIEC conclue aussi qu'il n'est pas trop tard pour s'attaquer au problème à la source et faire en sorte de limiter le réchauffement de la planète en-deçà de 2°C d'ici la fin du siècle, en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

L'autre bonne nouvelle, c'est que l'ensemble des organismes internationaux s'accordent pour dire que c'est maintenant qu'il faut agir. Les solutions existent et sont source de bénéfices, au-delà même de la lutte contre les changements climatiques, sur l'emploi, la santé ou encore la réduction des factures énergétiques. Nos dirigeants ont donc toutes les raisons d'agir sans attendre. En particulier en Europe.

Auparavant moteur dans les négociations internationales, l'Europe est maintenant en retrait

Paris qui accueillera la grande conférence de l'ONU fin 2015, dont l'objectif sera la conclusion d'un nouvel accord mondial sur le climat. Le gouvernement français et ses partenaires européens ont tout intérêt à être prêts à faire des annonces ambitieuses d'ici-là, notamment en septembre, à l'occasion de la réunion des chefs d'Etat organisée à l'initiative du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.

Mais, l'Europe traine des pieds. Les chefs d'Etat européens ont perdu cette semaine l'occasion de préserver le rôle de leader de l'Europe dans la négociation internationale sur le climat. Lors de leur rencontre des 20 et 21 mars à Bruxelles, ils ont tout simplement repoussé l'adoption de leur nouvelle offre climat-énergie pour 2030, pourtant déjà loin d'être satisfaisante, à l'automne 2014.

Minimiser le rôle de l'Europe dans la négociation serait une erreur
Par le passé, l'Europe a joué un rôle crucial dans la négociation internationale. L'un de ses faits d'armes majeurs est l'adoption du Protocole de Kyoto dans les années 1990, qui demeure à ce jour l'unique traité international sur le climat. La non-participation des Etats-Unis au Protocole ne l'a pas arrêtée ; et c'est grâce à son leadership que les accords de Marrakech (2001) et la ratification du Protocole par la Russie ont été possibles, permettant l'entrée en vigueur du traité. C'est sous la présidence française de l'Union européenne, en 2008, que les chefs d'Etat ont établi un plan d'attaque en Europe pour l'horizon 2020, basé sur la réduction d'émissions de gaz à effet de serre, l'augmentation des énergies renouvelables et les économies d'énergie.

Les Européens voulaient être à la pointe, et ont été suivis (et même parfois rattrapés) par de nombreux pays. La Chine est devenue le premier fournisseur mondial de panneaux photovoltaïques. Plus de 66 pays dans le monde ont mis en place un système de "tarif d'achat" garanti des énergies renouvelables pour en favoriser le développement. Et dans les pays émergents, les investissements industriels portent actuellement sur des équipements plus économes en énergie.

Les retombées positives de l'ambition européenne sur le climat ont donc dépassé largement ses propres réductions de gaz à effet de serre. En réalité l'Europe, si elle se montre ambitieuse, peut servir de laboratoire d'idées, de modèle et de moteur de la négociation climatique au niveau mondial.

Un nouveau sommet européen est prévu en juin, juste après les élections européennes. Parce qu'il précède le grand rendez-vous de New York de septembre 2014. C'est lors de ce sommet que les Etats européens devront parvenir à un accord ambitieux sur le climat, avec notamment de nouveaux objectifs contraignants à l'horizon 2030. L'Europe doit se faire confiance et arrêter de minimiser son rôle dans la négociation climat. Cette dernière ne s'apparente pas à une mise aux enchères où chacun commencerait petit pour aller vers plus gros : c'est en se montrant ambitieux dès le départ, qu'on peut espérer entraîner les autres.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 121847